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Tandis que les échéances européennes se rapprochent à grands pas et que les décideurs réfléchissent à l’avenir du Pacte Vert pour l’Europe, la question du rôle de la ressource dans notre transition écologique se fait aujourd’hui de plus en plus prégnante.

Ainsi, au début du mois de mars 2024, la Commission européenne soulignait dans une communication le risque majeur que pose la raréfaction de la ressource en eau sur l’ensemble des activités humaines et les différents aspects de notre vie, alors que les projections actuelles prédisent une augmentation de 35% du stress hydrique dans les cinquante prochaines années. Ce faisant, elle mettait en exergue l’impossibilité d’une gestion de l’eau purement national ou régional, et ne prenant pas en compte, de manière holistique, les défis usages de l’eau.

Face à ces enjeux, le Comité économique et social européen, lançait en octobre dernier son Appel pour Blue Deal européen, soutenu par un ensemble de députés européens et d’acteurs de la société civile, favorables à une plus grande inclusion de la ressource hydrique dans la réflexion entourant le futur du Green Deal européen. Cette initiative, saluée par nombre d’acteurs de terrain, a ainsi pour objet d’évaluer de manière globale l’impact de la raréfaction de l’eau sur l’ensemble des activités économiques et de permettre l’émergence d’une nouvelle gouvernance de l’eau en Europe.

 Parallèlement à ces initiatives, nombreux sont les secteurs qui affrontent dès à présent la réalité du changement climatique et ses conséquences sur nos approvisionnements en eau. En premier lieu, l’agriculture européenne, à l’origine de près de 40% de notre consommation d’eau chaque année, est déjà confrontée à de nombreux conflits d’usages, en France, ou plus récemment encore, en Catalogne et en Aragon. Des mesures nationales ambitieuses, à l’image du Plan Eau en France ou du Blue Deal en Flandre ont été mises en place, mais peinent à trouver un écho équivalent dans tous les Etats membres, et en particulier parmi les plus touchés par les sécheresses, dans le sud du continent.

Le domaine de la production d’énergie d’origine hydroélectrique se prépare lui aussi à affronter des tensions plus importante sur son appareil de production, du fait de périodes de sécheresse plus régulières. Au niveau mondial, c’est ainsi près de 61% de l’ensemble des barrages hydroélectriques qui devraient se retrouver dans des bassins sujets à un fort stress hydrique. En Europe, cette perspective est également très préoccupante alors que la production d’électricité représente 28% des usages de l’eau. Ici aussi, et alors que nombre des principaux bassins européens couvrent des régions transfrontalières, une coordination et une gestion européanisé seront les clefs d’une gestion durable de l’eau dans le domaine énergétique.

En outre, la question de l’investissement dans la transition vers une gestion plus durable de la ressource en eau se pose dès à présent et devra faire l’objet d’un financement idoine, via la création d’un fond de transition bleu. Des investissements devront être simultanément réalisés afin de former et de préparer les travailleuses et travailleurs, demain responsables de la mise en œuvre des transformations à accomplir dans le cadre d’un futur Pacte Bleu pour l’Europe.

À l’aune de ces éléments, le besoin d’un cadre européen de gouvernance n’apparaît alors que plus évident pour assurer la résilience de nos sociétés et mettre en œuvre un nouveau paradigme de la gestion de l’eau. Les enjeux d’une telle transformation sont majeurs, mais devraient aussi se traduire par l’ouverture de nouvelles opportunités, tant en termes d’emploi, de recherche ou de modernisation de nos infrastructures actuelles.

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As the European deadlines approach and decision-makers consider the future of the European Green Deal, the question of the resource’s role in our ecological transition is becoming ever more urgent. 

At the beginning of March 2024, for example, the European Commission issued a communication highlighting the major risk posed by the growing scarcity of water resources to all human activities and the various aspects of our lives, while current projections predict a 35% increase in water stress over the next fifty years. In so doing, it highlighted the impossibility of purely national or regional water management, which does not take into account the challenges of water use in a holistic manner. 

Faced with these challenges, last October, the European Economic and Social Committee launched its Call for an EU Blue Deal, supported by a number of MEPs and civil society players, in favor of greater inclusion of water resources in the discussions surrounding the future of the European Green Deal. 

The aim of this initiative, which has been hailed by a number of players in the field, is to assess the impact of water scarcity on all economic activities, and to enable the emergence of a new form of water governance in Europe. 

In parallel with these initiatives, many sectors are already facing up to the reality of climate change and its consequences for our water supplies. 

First and foremost, European agriculture, which accounts for almost 40% of our annual water consumption, is already facing numerous conflicts of use, in France and more recently in Catalonia and Aragon. Ambitious national measures, such as France’s Water Plan or Flanders’ Blue Deal, have been put in place, but are struggling to find an equivalent echo in all Member States, and particularly among those most affected by drought in the south of the continent. 

The hydroelectric power generation sector is also gearing up to face greater pressure on its production capacity, due to more regular periods of drought. Worldwide, nearly 61% of all hydroelectric dams are expected to be located in basins subject to severe water stress. In Europe, this prospect is also very alarming, given that electricity production accounts for 28% of water use. Here too, with many of Europe’s main water basins covering cross-border regions, European coordination and management will be the key to sustainable water management in the energy sector. 

Furthermore, the question of investment in the transition to a more sustainable management of water resources arises immediately, and will need to be adequately financed through the creation of a Blue Transition Fund. At the same time, we need to invest in the training and preparation of workers, who will be responsible for implementing the transformations required under a future Blue Deal for Europe. 

In the light of these factors, the need for a European governance framework is all the more obvious to ensure the resilience of our societies and implement a new water management paradigm. The stakes of such a transformation are high, but they should also open up new opportunities in terms of employment, research and the modernization of our current infrastructures. ◼︎

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