LE POINT SUR – Trois questions à Jean-Luc Alexandre, Président-directeur général de NAAREA

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Jean-Luc Alexandre, PDG de Naarea

Quelle est l’origine du projet Naarea et sa philosophie ?

Le  projet  Naarea  est    d’un  constat.  En  2050,  les  prévisions  de  consommation  électrique,  sur  le  plan  mondial, devraient être à minima multi-pliées par 4, atteignant ainsi plus de 100   000 TWh contre 29 000 TWh aujourd’hui,  alors  que  les  économies  en  voie de développement vont augmenter leur  consommation  énergétique  de  façon exponentielle. 

Pourtant, même en tenant compte du développement soutenu et volontariste des énergies renouvelables (solaire et éolien) et de la réduction des énergies carbonées, le déficit énergétique d’ici 30 ans s’évalue autour de 68 000 TWh, soit plus du double de la consommation actuelle.

En France, ce déficit énergétique devrait  être  selon  les  experts  de  5  à  25 gigawatts sur la période 2022-2035. Et  le  nucléaire  doit  impérativement  contribuer à le combler, pour continuer à afficher un bilan carbone national exemplaire.

Mais,  à  l’image  de  ce  que  les  grandes  économies  dans  le  monde  engagent,  notre  sentiment,  c’est  qu’il  faut désormais combiner nucléaire, in-novation  et  approche  décentralisée.  NAAREA s’inscrit pleinement dans cette ambition, et dans le plan d’investissement de France 2030, ce qui a convaincu les investissements privés nécessaires à son déploiement.

Quelle est la particularité des XSMR au sein de la filière générale des SMR ?

NAAREA met en place une approche  inédite  de  la  production  énergétique : le déploiement d’une électricité décarbonée, décentralisée, non intermittente  qui  repose  sur  le  recyclage  de  matières radioactives usagées existants.  NAAREA  est  une  innovation  de  l’Advanced nuclear.

Cette solution énergétique inédite agrège trois caractéristiques disruptives pour un nouveau modèle de consommation énergétique durable : l’utilisation  de  matières radioactives usagées comme combustible, un réacteur  modulaire  de  très  petite  taille  (quelques dizaines de MW), et la technologie de fission dans des sels fondus. Ainsi combinées, ces trois technologies permettent  la  création  de  «  XSMR  »,  source d’une énergie à bas coût, accessible pour tous et offrant une sûreté et une efficience inédites.

La  sûreté  de  la  solution  repose  sur l’usage de sels fondus qui permet à la réaction de s’autoréguler intrinsèquement, sur l’absence de toute pression, sur l’absence totale d’eau dans le réacteur grâce à la convection naturelle pour  évacuer  la  puissance  résiduelle,  ce qui écarte tout risque d’explosion. En  outre,  plusieurs  sarcophages  de  protection  successifs  autour  du  réacteur  assurent  la  protection  radiologique et biologique requise. Enfin, un contrôle à distance permanent permet de surveiller, d’intervenir et de neutraliser à distance automatiquement à la moindre alerte, menace, ou en cas de problème détecté (malveillance, perte de fil rouge, catastrophes naturelles, etc.).

NAAREA se place au plus près des besoins : moins de perte d’électricité du fait  de  son  transport,  moins  de  risque  de  rupture  d’alimentation  du  fait  des  impacts  des  aléas  climatiques  sur  les  lignes à haute tension.

Complémentaire  de  toutes  les  sources d’énergie décarbonées existantes, NAAREA se situe dans les interstices que ne peuvent atteindre les grands énergéticiens, là où le marché du groupe électrogène  demeure  aussi  dynamique  que polluant, sans qu’aucune alternative propre ne soit proposée à ce jour.

D’une autonomie de plusieurs an-nées, et sans besoin de raccordement au réseau,  NAAREA  apporte  une  solution  durable pour toutes les zones isolées, pour les industriels électro-intensifs et pour le secteur du transport en donnant des possibilités de recharges ultra-rapides pour les véhicules électriques, en participant à la décarbonation du fret maritime, et en apportant aux « smart buidings » une autonomie  énergétique  sécurisée,  propre  et durable. 

Quelles perspectives de coopération internationale, et notamment européenne, le projet NAAREA peut-il  générer ?

NAAREA est un projet français qui contribuera à l’évidence au Green Deal, et au paquet « Fit for 55 ». Si le marché de  NAAREA  est  mondial,  il  n’est  pas  moins  vital  aujourd’hui  pour  l’Europe  d’avoir la maîtrise de sa production électrique afin de consolider et garantir son  indépendance  énergétique  et  de  sortir rapidement de toutes les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), en intégrant les technologies de demain.

En effet, la Chine, les États-Unis et le Canada sont très avancés en matière de nucléaire  de  quatrième  génération.  La  Chine  mettra  en  service  sa  première  centrale à sels fondus au thorium en 2024, les  États-Unis  et  le  Canada  investissent  massivement  dans  cette  technologie  grâce  à  sept  entreprises  privées,  et  avancent  vite.  Pour  conserver  sa  souveraineté et son indépendance politico-stratégique,  l’Europe  ne  peut  plus  se  permettre  d’être  dépendante  des  ressources  énergétiques  ou  des  technologies d’autres grandes puissances. Notre ambition est donc de conjuguer les meilleurs talents et compétences, en France et en Europe, pour parvenir à accélérer à court terme un véritable programme de R&D industriel européen.

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