Carole ULMER
Directrice des études, Confrontations Europe
Le groupe Crise de Confrontations Europe s’est réuni en juin pour faire le point sur les outils utilisés par la politique monétaire. La hausse des prix a encore ralenti, cette situation conduit encore à repousser les investissements. Le professeur Michel Aglietta du CEPII analyse les tenants et aboutissants du désendettement actuel et Philippine Cour de la BCE présente le cadre général des outils de politique monétaire durant la crise.
Changement de cap à la BCE ces derniers mois
Pour faire face aux risques d’une période trop prolongée de faible inflation, la BCE a pris des mesures décisives les 5 juin et 4 septembre derniers.
Premièrement, la BCE a réduit ses principaux taux directeurs. Le taux d’intérêt de ses opérations principales de refinancement a été abaissé à 0,05% et le taux d’intérêt de la facilité de dépôt est passé sous la barre du zéro, à -0,2%. La BCE a aussi réaffirmé sa « forward guidance ». « Les taux d’intérêts resteront bas longtemps » a indiqué M. Draghi.
La BCE a également décidé d’autres mesures concernant l’injection de liquidité. En particulier, en soutien au crédit aux ménages et aux entreprises non financières, la BCE entend mener des injections ciblées d’une maturité inédite de 4 ans. Deux opérations seront ainsi menées en septembre et en décembre 2014 : les banques pourront emprunter à la BCE, à hauteur de 7% de l’ensemble des prêts aux entreprises non financières, hors prêts hypothécaires. D’autres opérations auront lieu en 2015 et 2016. La capacité totale de l’opération s’élève à 400 milliards d’euros.
Enfin, le 4 septembre, la BCE a annoncé un programme d’achat de titres adossés à des actifs (asset-backed securities – ABS), ces actifs étant des créances vis-à-vis du secteur privé non financier de la zone euro, ainsi qu’un nouveau programme d’achat d’obligations sécurisées. Les interventions au titre de ces programmes débuteront cet octobre.
« En avons-nous fini ? Non », a clairement confirmé le Président Draghi, précisant qu’au besoin, dans le cadre de son mandat, l’institution était prête à utiliser des instruments non conventionnels supplémentaires pour atteindre son objectif de stabilité des prix. Les programmes d’achat entendent soutenir l’offre de crédit à l’économie. Il s’agit plutôt de ‘credit easing’, mais le ‘quantitative easing’ par lequel la banque centrale utilise une expansion de son bilan pour soutenir l’activité et les prix ne serait pas loin ?