Les conséquences du Brexit sur le secteur énergétique [Euradio]

Auteur : Gabrielle Heyvaert

Chargée de mission Energie & Numérique

Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe

Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.

Euradio : Demain, à 23 heures à Londres – il sera minuit à Bruxelles – le Royaume-Uni ne sera plus membre de l’Union européenne. Depuis le jour fatidique du 24 juin 2016 et la victoire surprise du « Leave », le Brexit a fait l’objet d’un grand nombre d’articles, qui portent notamment sur les conséquences à venir pour l’économie britannique, et ce dans différents secteurs. Le secteur énergétique ne fait pas exception à la règle : pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Effectivement, le Brexit aura des conséquences sur le secteur énergétique britannique. Avant de les évoquer avec vous, j’aimerais rapidement rappeler ce qu’est l’Union de l’Energie.

L’Union de l’Energie a été instaurée par la Commission Juncker en 2015, pour réformer et réorganiser la politique énergétique européenne. Elle a cinq objectifs : garantir le bon fonctionnement du marché intérieur de l’énergie et l’interconnexion des réseaux ; assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique ; promouvoir l’efficacité et les économies d’énergie ; respecter les engagements pris lors de l’Accord de Paris ; soutenir le développement des énergies renouvelables, et enfin, promouvoir la recherche, l’innovation et la compétitivité. En conséquence de quoi, tous les Etats membres sont devenus de plus en plus interdépendants énergétiquement parlant. La question est donc : que se passe-t-i quand un Etat décide de sortir de l’Union européenne, et sort donc de l’Union de l’énergie ?

Ce qu’on peut reconnaître au Royaume-Uni, c’est qu’il fait figure de bon élève en matière de transition énergétique, car il a entrepris la décarbonation de son parc de production électrique depuis plusieurs années. En effet, le charbon représente aujourd’hui moins de 4% de son mix électrique, contre 36% en 2013. La production d’électricité britannique issue d’énergies renouvelables a quant à elle dépassé celle générée par les hydrocarbures en 2019. Néanmoins, la fermeture de centrales à charbon a augmenté la dépendance britannique aux importations énergétiques : les importations d’électricité et de gaz depuis la France, l’Irlande et les Pays-Bas ont augmenté et représentent actuellement près de 40% de la consommation énergétique britannique.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union de l’énergie n’est donc pas une bonne nouvelle pour les consommateurs britanniques, qui pourraient voir leurs factures d’électricité et de gaz augmenter, s’il n’y a pas d’accords commerciaux UE-Royaume-Uni en la matière. En outre, le Royaume-Uni applique une taxe carbone sur les prix de l’électricité pour financer sa transition énergétique. Si les factures deviennent trop importantes pour les consommateurs, il serait possible qu’elle soit supprimée en compensation.

Euradio : Quelle stratégie le Royaume-Uni peut-il mettre en place pour gagner en indépendance énergétique ?

Le développement de l’éolien offshore pourrait permettre au Royaume-Uni de gagner en indépendance énergétique. C’est d’ailleurs un leader mondial dans les énergies marines renouvelables. En effet, dès 2008, le Climate Change Act a engagé le Royaume-Uni à réduire 80% de ses émissions de CO2 d’ici à 2050 par rapport au niveau de 1990. Afin d’augmenter la part des énergies renouvelables de 15% dans la consommation totale du pays à l’horizon 2020, un plan de plus de 126 milliards de livres a été mis en place, ce qui a conduit à l’installation de 7.000 nouvelles éoliennes, dont 3.000 éoliennes offshore. Dans la continuité de ce développement, la ministre britannique de l’Énergie de l’époque, Claire Perry, a présenté en mars 2019 le contrat de filière pour l’éolien en mer, qui promeut une stratégie industrielle pour ce secteur. Le Royaume-Uni souhaite désormais atteindre 30% de son mix électrique en 2030, produit par l’éolien offshore. La question est de savoir si cela sera suffisant pour s’assurer une indépendance énergétique vis-à-vis de l’Union européenne.

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