Auteur : Lorène Weber
Chargée de mission Finance et Jeunes à Confrontations Europe
Du 18 au 20 septembre 2019, Confrontations Europe organisait à Budapest la troisième étape du Solidarity Tour, réunissant des jeunes Belges, Français, Grecs, Hongrois, Polonais, Tchèques, et Serbes. Reçus à l’Institut Français de Budapest, la thématique de l’insertion des jeunes sur le marché du travail était en débats. Si les participants ne manquaient pas d’idées, plusieurs d’entre eux ont cependant exprimé un certain désenchantement quant à l’action politique sur ces questions.
Lorsqu’il s’agit d’intégration sur le marché du travail, les jeunes ont souvent énuméré les difficultés auxquelles ils sont confrontés. À commencer par passer le cap du premier emploi après les études (qu’elles soient professionnelles ou générales). Bien souvent, ont-ils regretté, ils doivent se contenter de stages, à courte durée et faiblement rémunérés. Le problème de la langue se pose aussi : si on ne parle pas anglais, on n’est « même pas considérés », soulignent quelques jeunes. Certains regrettent également le manque de conseillers d’orientation et de formations en milieu scolaire pour préparer au mieux leur intégration professionnelle et la transition entre les études et le monde du travail.
Concernant la mobilité, une fois n’est pas coutume, plusieurs participants n’ont pas tenu de discours encensant l’opportunité de travailler à l’étranger. Pour certains, « aller dans un autre pays pour travailler n’est pas une volonté, mais une nécessité ». S’ils souhaiteraient effectivement vivre dans un autre pays pendant quelques années pour « découvrir une autre culture » ou « acquérir de l’expérience », des participants grecs, polonais et serbes ont cependant souligné que, selon eux, la majorité préférerait, sur le long terme, habiter et travailler dans leur pays d’origine. Mais le chômage et les différences de salaire entre les pays poussent les travailleurs, et en particulier les jeunes, à partir. Quant au retour, si certains participants considèrent qu’une expérience à l’étranger leur donnera plus de chances de trouver un bon poste en revenant dans leur pays, le vécu d’une participante serbe est différent : son expérience à l’étranger la rend « trop qualifiée » et ses prétentions salariales « trop élevées » dans son pays, ce pourquoi elle est restée en Hongrie, malgré les lourdeurs administratives du renouvellement de visa et la difficulté de l’apprentissage du hongrois. On est loin du discours doré de la « génération Erasmus », qui se limite encore beaucoup aux milieux universitaires selon plusieurs participants.
Une question émerge : pourquoi l’Union européenne n’élabore-t-elle pas une législation pour harmoniser les conditions de travail en Europe ? Des participants grecs soulèvent ainsi la question du SMIC européen et d’une retraite harmonisée, une participante hongroise celle de calculer le salaire minimum en adéquation avec la hausse du coût de la vie dans les différents pays… Si ces solutions dépassent les compétences de l’UE, il existe chez les citoyens une demande d’action au niveau européen(1). Cela se retrouve également dans la critique que font plusieurs jeunes des délocalisations d’entreprises dans des pays où la main-d’œuvre est moins onéreuse.
Malgré ces constats et propositions, plusieurs jeunes participants ont exprimé une réelle lassitude vis-à-vis des élus. « Ces problèmes sont connus, mais cela n’intéresse pas les élus de les résoudre » ont ainsi soulevé deux participants grecs, qui ont également exprimé un certain découragement face au « pouvoir des multinationales ».
Pour conclure leur journée de travail, les participants ont eu l’opportunité de présenter leur analyse et leurs propositions à un panel composé de représentants de la Commission européenne, du Parlement européen et de l’agence Erasmus+ à Budapest.
1) Les témoignages des participants s’inscrivent ainsi dans les résultats d’un Eurobaromètre réalisé en 2017, où 67 % des répondants grecs souhaitent que la lutte contre le chômage des jeunes soit une priorité absolue pour le Parlement européen.
❱ Février : Varsovie, avec Solidarnosc.
❱ Avril : Prague, avec l’Institut Europeum.
❱ Septembre : Budapest, avec l’Institut français de Budapest.
❱ Octobre : Athènes, avec l’association ARSIS.
❱ Novembre : Belgrade, avec l’école secondaire navale de Belgrade.
❱ 18 décembre : Paris, Conférence finale à la Maison du Portugal de la Cité Internationale Universitaire.
Solidarity est soutenu par le programme « Europe pour les Citoyens » de la Commission européenne, par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et par la Fondation Hippocrène.