Le Grand Temoin – Stella Kyriakides Commissaire Européenne à la santé

Par Stella Kyriakides, Commissaire européenne à la Santé

Construire une Union européenne de la santé pour servir et protéger les Européens

Deux années ont passé depuis qu’un nouveau coronavirus a commencé à se propager à travers le monde. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, nos systèmes  de santé subissent une pression extrême, nos économies et nos sociétés sont à la dérive et de trop nombreuses vies ont été perdues.

Face à ces dures réalités, nous avons également vu une Europe qui fonctionne bien. Nos professionnels de santé héroïques en première ligne continuent à se mettre en danger au quotidien pour sauver des vies et protéger chacun de nous. On a demandé aux citoyens de faire des sacrifices personnels pour se protéger et protéger les autres. Avec nos États membres, nous nous sommes unis pour résoudre les problèmes les plus urgents, comme de veiller à ce que nos hôpitaux disposent des fournitures d’équipements et de médicaments  essentiels et s’efforcent de garantir l’accès à des diagnostics, des traitements et des vaccins sûrs et efficaces pour les Européens et les pays à travers le monde.

Les résultats sont évidents : nos efforts collectifs ont produit une stratégie de vaccination de l’UE novatrice, qui est emblématique du changement de paradigme dans la  politique européenne en matière de santé que nous portons. Cela nous a permis de  constituer un portefeuille de 4,2 milliards de doses de vaccin sûr et efficace, ce qui en fait le portefeuille le plus vaste et le plus diversifié au monde, en tout cas suffisamment large pour vacciner tous les Européens et leur administrer une dose de rappel.

En parallèle avec l’accélération de la campagne de vaccination et de rappel, des traitements efficaces et sûrs seront essentiels pour soigner les patients et sauver des vies. Ce qui a contribué à la réussite de notre stratégie de vaccination garantit également désormais que notre  stratégie  thérapeutique  fonctionne, d’après les négociations communes et les achats communs avec et au nom des États membres. L’objectif est de développer et d’avoir accès aussi vite que possible aux traitements les plus prometteurs, à la fois pour les hôpitaux et les patients dans l’UE. Grâce au travail de l’Agence européenne des médicaments (EMA), nous disposons désormais de cinq traitements pro-metteurs dont l’utilisation est approuvée dans l’UE, dans le cadre de sa stratégie thérapeutique. D’autres arriveront dans les mois à venir.

Bien que plus d’1 milliard de vaccins ait été distribué dans nos États membres, l’UE ne s’est jamais dérobée à ses responsabilités en matière de distribution de doses aux régions partenaires qui en ont le plus besoin. C’est pourquoi depuis décembre 2020, plus d’1,4 milliard de doses ont été exportées dans plus de 150 pays. Cela re-présente plus de la moitié des vaccins produits dans l’UE. En tant que Team Europe, les États membres ont partagé plus de 380 millions de doses via COVAX, dont 255 millions ont été distribuées. Cela va au-delà de notre engage-ment pour 2021 visant à distribuer 250 millions de doses d’ici la fin de l’année.

Le rôle de l’UE dans la réponse globale à la pandémie de Covid-19 s’étend au-delà des livraisons de vaccins. Aux côtés de l’Organisation mondiale de la santé et de nos partenaires internationaux, l’Union a joué un rôle déterminant dans la mise en place des  initiatives de l’Accélérateur ACT et de COVAX, qui visent le développement et la distribution équitable de vaccins, de tests et de traitements contre la Covid-19 à travers le monde.

Depuis le début de la crise, l’UE a également soutenu sans réserve les efforts de l’OMS visant à coordonner une réponse mondiale à la pandémie de Covid-19. Nous avons été en première ligne du maintien et du renforcement de l’architecture mondiale de la  sécurité sanitaire, en dirigeant les efforts visant à mettre en place un  instrument  international permettant de renforcer la prévention, la préparation et l’intervention en cas de pandémie. L’esprit de l’action collective est la seule façon de combattre la crise actuelle et les futures pandémies.

C’est en ces temps difficiles que nos valeurs européennes ont été particulièrement évidentes, à savoir notre sens commun de la résilience, de l’unité et surtout, de la solidarité. La crise a montré à de nombreuses reprises que la fragmentation nous rend plus vulnérables. C’est pourquoi nous travaillons avec les États membres pour construire une Union européenne de la santé, dans laquelle tous les pays de l’UE se préparent et interviennent ensemble en cas de crises sanitaires et où des médicaments innovants, des traitements et des fournitures médicales sont disponibles et abordables.

Dans l’immédiat, la priorité de l’Union européenne de la santé est la préparation et l’intervention en cas de crise. Ce travail est en bonne voie. En conséquence, nous disposerons d’un Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) plus fort et mieux équipé pour assurer une veille épidémiologique à travers l’Europe, en évaluant les capacités de préparation de l’UE et en soutenant les  États membres. Nous disposerons également d’une EMA plus forte qui soit habilitée à atténuer les pénuries de médicaments potentielles dans l’Union et à fournir plus  rapidement des avis scientifiques sur les traitements prometteurs en cas de future crise. Le règlement concernant les menaces transfrontières graves pour la santé nous permettra d’avoir de meilleurs mécanismes de préparation dans l’Union afin que nous puissions agir de manière décisive et ensemble à l’avenir.

En outre, en octobre dernier, un an après son annonce, la nouvelle Autorité européenne de préparation et d’intervention en cas d’urgence sanitaire (HERA) est née.

La mission essentielle de l’HERA est de prévoir les menaces par un tour d’horizon prospectif et de promouvoir le développement, la fabrication, l’approvisionnement et la distribution de contre-mesures médicales cruciales visant à garantir que nous pouvons  intervenir rapidement au niveau de l’UE, au besoin. Avec l’HERA, nous renforçons de manière décisive le cadre de l’UE en matière de sécurité sanitaire. Cela signifie que lorsqu’une crise survient, des contre-mesures médicales essentielles, telles que des vaccins et des traitements, seront développées bien plus rapidement qu’avant et que des plans clairement définis seront en place pour leur production et leur déploiement.

Une mission aussi ambitieuse nécessitera le soutien financier du budget européen actuel – s’élevant à 6 Mds€ – et notre engagement politique commun.

Au-delà de la préparation en cas de crise sanitaire, une Union européenne de la  santé plus forte ne sera possible que si nous travaillons en vue de construire les systèmes  de santé durables de demain, axés sur la prévention des maladies, la préparation en cas de crise et enfin l’obtention d’avantages pour nos citoyens.

La pandémie de Covid-19 a mis en avant des difficultés de longue date dans le secteur pharmaceutique, notamment les pénuries de médicaments, les vulnérabilités dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et la nécessité d’accélérer le processus  d’homologation des médicaments tout en garantissant la sécurité des Européens.

La stratégie pharmaceutique pour l’Europe, dévoilée en novembre 2020, stimulera l’innovation pour combler les besoins médicaux non satisfaits et permettra  un accès sûr à des médicaments sûrs, abordables et de qualité pour tous les patients de l’UE. Elle augmentera également la résilience de l’UE en assurant la promotion de chaînes d’approvisionnement mondiales plus diverses et soutiendra l’industrie pharmaceutique européenne afin qu’elle de-vienne un acteur innovant et un leader mondial.

Nous  vivons  de  plus  en  plus  dans  une  ère  numérique ; nous devons libérer le potentiel de transformation  des  solutions  de  santé  numériques pour nos citoyens.

Notre  prochaine  proposition  relative  à  un  espace européen des données de santé aura de nombreux avantages pour les patients – notre objectif est de permettre à chaque individu d’avoir  un  accès  numérique  à  ses  données  de  santé personnelles afin de les contrôler et de garantir sa libre circulation en veillant à ce que ses  données  de  santé  le  suivent  à  travers  les  frontières. Il permettra également la réutilisation des données de santé à des fins de recherche, d’innovation, d’élaboration des politiques et réglementaires,  qui  protège  complètement  la  confidentialité des données. Ce faisant, les chercheurs  et  les  professionnels  de  santé  pourront  créer des stratégies préventives basées sur des preuves et des solutions de traitement novatrices au profit des patients à travers l’UE.

L’accent  mis  sur  les  patients  a  guidé  un  autre objectif clé de notre Union de la santé : la lutte contre le cancer. Comme pour de nombreuses autres maladies, la pandémie a eu une incidence sur tous les aspects de la prévention et  du  traitement  du  cancer  dans  chaque  État  membre. Près d’un million de cas de cancers pourraient  ne  pas  avoir  été  diagnostiqués  en  Europe en raison de la Covid-19. À moins que nous ne prenions rapidement des mesures décisives, les cas de cancer devraient augmenter de plus de 20 % d’ici 2035, ce qui en ferait la principale cause de décès dans l’UE. Avec le plan européen de  lutte  contre  le  cancer,  nous  chercherons  à  renverser cette tendance en améliorant la prévention, le traitement et les soins et en atténuant l’impact de la Covid-19 sur les patients européens souffrant d’un cancer. Nous voulons soutenir et donner de l’espoir aux patients et à leur famille à chaque étape de leur périple.

Des mesures décisives ont déjà été prises. Un solide mécanisme de gouvernance permet à l’UE de travailler en étroite collaboration avec les  ministères  nationaux  de  la  Santé  et  de  la  Recherche,  les  services  de  la  Commission  et  tous  les  partenaires  de  la  communauté  des  parties prenantes au sens large.

Le travail avance rapidement dans de nombreux domaines clés, tels que la révision des recommandations  du  Conseil  relatives  au  dé-pistage du cancer, le Registre des inégalités face au cancer et la mise à jour du Code européen contre le cancer.

Nous disposons désormais d’une feuille de route  pour  la  mise  en  œuvre  du  Plan  de  lutte  contre le cancer qui établit les différentes étapes et un calendrier ambitieux. Notre engagement à changer la réalité du cancer pour les patients à travers l’UE s’appuie également sur un financement européen de 4 Mds€.

Ce n’est là qu’une partie du programme de financement européen le plus ambitieux pour les investissements présentés dans le domaine de la santé, « EU4Health » (l’UE pour la santé). Nous avons mis à disposition 5,1 Mds€ pour aider à construire les systèmes de santé de demain et être prêts aux futures menaces pour la santé.

Les premières pierres de notre Union européenne de la santé ont été posées. Son succès nécessitera une solide coopération et une forte volonté de tous les acteurs impliqués.

Si les deux dernières années nous ont appris une  chose,  c’est  qu’une  fois  confronté  à  une  difficulté apparemment insurmontable, il y a très peu de choses qui ne peuvent être accomplies en travaillant ensemble. Après tout, il n’y a  pas  de  plus  grand  investissement  que  celui  de la santé.

Pendant la durée de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, j’ai hâte que nous poursuivions nos efforts pour une Europe mieux préparée, plus résiliente et équitable pour le bien de tous.

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