Auteur : Edouard Simon
Directeur du Bureau de Bruxelles
Dimanche 1er décembre, la Commission von der Leyen, dont l’une des priorités politiques est la décarbonation de l’Europe, entrait enfin en fonction. Le lendemain s’ouvrait à Madrid la COP 25, la Conférence des Nations Unies sur le climat. Faut-il y voir un symbole ? Éléments de décryptage.
On pourrait, en effet, voir dans cette coïncidence calendaire un symbole de l’importance que devrait avoir la question climatique durant la nouvelle mandature. Au-delà de cette coïncidence, il faut reconnaitre que le climat occupe une place prédominante dans le paysage politique européen actuel. Le Parlement européen a ainsi adopté une motion (non-contraignante) déclarant l’état d’urgence climatique et environnemental en Europe la semaine dernière. Et, le Conseil européen pourrait fixer, dès la semaine prochaine, 2050 comme date cible pour atteindre la neutralité carbone au niveau de l’UE.
Face à ce contexte politique, mais également bien sûr à la nécessité de répondre au défi climatique, la nouvelle Présidente de la Commission européenne a annoncé, en juin dernier, sa volonté de voir adopter lors des 100 premiers jours de son mandat un véritable pacte vert pour l’Europe (un ‘Green deal’ européen). Ce sera d’ailleurs un des premiers tests politiques majeurs pour la nouvelle Commission.
Si leurs ambitions sont grandes, les Européens ne respectent déjà pas vraiment leurs engagements issus de l’accord de Paris. Alors, quand passe-t-on aux actes ?
C’est tout l’enjeu du Pacte vert que porte le néerlandais Frans Timmermans, Vice-Président Exécutif de la Commission : d’une part, rehausser les objectifs des États européens, qui ensemble sont les troisièmes émetteurs de gaz à effet de serre, afin de tenter de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Et, d’autre part, se donner les moyens de tenir ces objectifs. Ces moyens devraient être de plusieurs ordres : instauration d’une fiscalité sur le carbone (y compris une taxe aux frontières), définition d’une stratégie industrielle européenne, accompagnement des régions les plus en retard avec la mise en place d’un Fonds pour une transition juste, transformation de la Banque européenne d’investissement en Banque du Climat sont quelques-unes des mesures fortes qui devraient être prises pour respecter nos objectifs.
En France, le mouvement des gilets jaunes est né à la suite de la hausse de la fiscalité écologique sur le carburant. N’y-a-t-il pas un problème sur l’acceptabilité des efforts nécessaires et sur leur juste répartition ?
La transformation écologique de nos économies impose de prendre en compte dès le départ ses conséquences sociales. Certaines régions (la Silésie polonaise par exemple) sont ainsi encore très dépendantes de l’extraction et de l’exploitation du charbon. Leur transition sera longue, importante et coûteuse, en termes d’investissements bien sûr, mais également en termes d’emplois et donc de conséquences sociales. Il est donc impératif de faire jouer une forme de solidarité européenne. Il y aura donc le Fonds pour une transition juste mais encore faut-il qu’il soit suffisamment doté. Par ailleurs, la question de la soutenabilité de nos modèles de développement basés sur une croissance économique n’est jamais posée. Pourtant notre monde est fini et il faudra bien que nous en tirions les conséquences.
➡ Pour aller plus loin, retrouvez la note de synthèse réalisée par Gabrielle Heyvaert, chargée de mission Énergie : A European Green Deal_fiche de synthèse