Les enjeux de la COP25 [Euradio]

Auteur : Gabrielle Heyvaert

Chargée de Mission Energie et Numérique

Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe

Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.

Euradio : La COP 25 a commencé en début de semaine à Madrid, sous présidence chilienne. Le début de la COP coïncide avec l’entrée en fonction de la Commission Von der Leyen, qui a notamment pour objectif de rendre l’Union européenne neutre en carbone d’ici à 2050. Pouvez-vous nous présenter les principaux enjeux de la COP25 et la stratégie climatique européenne en conséquence, pour l’année à venir ?

La première chose que l’on peut observer pour cette 25ème édition, c’est qu’elle a lieu dans un contexte géopolitique défavorable pour le climat. La lutte contre le réchauffement planétaire est en effet mise à mal par les Etats-Unis, qui se sont officiellement désengagés de l’Accord de Paris. On peut aussi évoquer l’arrivée au pouvoir d’un président climato-sceptique au Brésil, qui a refusé d’accueillir la COP25, l’Australie qui a boycotté le Sommet spécial de l’ONU sur le climat en septembre dernier, ou encore la Chine, qui construit actuellement de nouvelles centrales à charbon. La situation climatique actuelle n’est pas plus reluisante que le climat des relations internationales quand il s’agit de protéger la planète : 2019 devrait compter parmi les trois années les plus chaudes enregistrées depuis 1850. Les rapports scientifiques les plus récents soulignent l’écart très préoccupant entre la hausse des émissions de gaz à effet de serre et des objectifs fixés lors de la COP21 en 2015.

L’urgence, car il s’agit bien d’une urgence, est alors désormais de « relever l’ambition » des 196 Parties Signataires de l’Accord de Paris, c’est-à-dire accroître les engagements des Etats de façon significative, avant la tenue de la COP 26 prévue en novembre 2020. C’est tout là l’enjeu de la COP de 2019.

L’autre objectif est de finaliser certaines règles d’application de l’Accord de Paris, dont l’article 6. Cet article porte sur la définition de nouvelles règles pour les marchés carbone, c’est-à-dire les échanges d’émissions de CO2 qui permettent aux pays les moins pollueurs de revendre des quotas aux pays qui émettent le plus, en évitant le double comptage, ce qui fausserait les calculs.

Pour respecter les engagements pris lors de l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an dès l’an prochain, et ce jusqu’en 2030, selon l’ONU. Il est donc temps d’agir.

Euradio : Le Parlement européen lui-même a voté une résolution sur l’urgence climatique et environnementale le 28 novembre dernier pour interpeller la Commission et les Etats Membres ; est-ce qu’on pourrait envisager que l’Union européenne devienne le leader mondial en matière de lutte contre le réchauffement planétaire ?

Effectivement : l’Union européenne, troisième pollueur mondial après la Chine et les Etats-Unis, laisse à penser que tout n’est pas encore perdu : D’ici à octobre 2020, la Commission devrait présenter un plan global pour que l’UE se fixe des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030, de moins 50 % et tendant vers 55 % . Cet objectif devrait être explicitement mentionné dans le Green Deal européen qui sera dévoilé le 11 décembre prochain.

Il est attendu du prochain Conseil européen, qui aura lieu les 12 et 13 décembre prochains, qu’il valide l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne d’ici à 2050. La neutralité carbone est l’objectif à long-terme phare de la nouvelle Commission. Les négociations ne s’annoncent toutefois pas faciles : la Pologne, la République Tchèque et la Hongrie s’opposent toujours à cet engagement. S’engager à atteindre une baisse de 55% des émissions de CO2 d’ici à 2030 avant la COP26 va s’avérer également difficile, puisque pour le moment, seuls neuf Etats membres, dont la France, y sont favorables.

Or, ce n’est qu’à la condition d’une avancée de l’Europe que la Chine pourrait décider de faire un pas dans la bonne direction. Un sommet UE-Chine est prévu en septembre 2020 en Allemagne, au cours duquel la Commission Von Der Leyen espère pouvoir négocier un accord avec la Chine pour l’inciter à relever, elle aussi, ses ambitions.

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