L’année 2022 fut une année chargée pour l’Union européenne, ses valeurs et sa doctrine. Presque soixante-seize ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le populisme accède de plus en plus aux gouvernements européens. En France, l’extrême droite est arrivée pour la seconde fois successive au second tour des présidentielles et elle occupe 87 sièges à l’Assemblée nationale. En Italie, Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia gouverne depuis quelques mois. Les frontières européennes se matérialisent face aux flux croissants de migrants, et des financements de ces dernières sont demandés à l’ensemble de ses États membres, fragilisant ainsi les idéaux européens.
Enfin, les pays européens se réarment, et la question de l’interdépendance militaire et énergétique se pose suite à l’invasion d’un État souverain (l’Ukraine) par un autre (la Russie).
Ce dernier élément fragilisant, nous rappelle combien il est important, en plus des autres événements susmentionnés, de préserver et de développer des espaces, ou plateformes d’échanges et de confrontations, tels que notre think tank. La période que nous vivons, en France comme en Europe, souligne l’importance fondamentale d’une manière générale des corps intermédiaires, des associations, des syndicats, des collectivités locales et des think tanks comme lieux de fertilisation de la pensée et de délibération citoyenne. Puissions-nous, en 2023, faire reconnaître à leur juste valeur leurs contributions.
C’est par le débat, la confrontation d’idées et surtout par le dialogue maintenu que nous pouvons avancer tous ensemble, et adopter des conditions pour le bien commun aussi bien à l’échelle européenne que mondiale. Car c’est par le renfermement et l’entre-soi sans regard extérieur que naît l’absurde.
L’absurde, c’est cette peur de l’autre, de la différence et de la pensée contradictoire. C’est une peur viscérale aujourd’hui, avec les réseaux sociaux qui nous renvoient une unique image conforme à notre système de pensée, qui nous pousse à la crainte de l’indifférence des autres. Et comme disait Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe : « L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». Ne soyons pas déraisonnable et débattons !
C’est ainsi que Confrontations Europe a pu jouer son rôle d’acteur engagé de la réflexion européenne, à la fois en jouant son rôle de « pont » entre les citoyens, les savoirs et les pouvoirs, mais aussi en mettant en avant ses propositions et recommandations politiques. Lors de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, nous avons voulu et nous avons accompagné ce temps politique majeur au cœur de notre écosystème à Paris et à Bruxelles. Cet accompagnement s’est fait autour de la publication de nos revues de référence, réunissant les contributions des meilleurs penseurs et acteurs de la construction européenne, par-delà les clivages partisans. Mais aussi à travers des policy papers, des rencontres pour les acteurs de la construction européenne en organisant des conférences, des colloques et des tables rondes à Paris et à Bruxelles.
Dans ce souci d’être un espace d’échanges, nous avons approfondi nos relations avec nos partenaires (Maison de l’Europe de Paris, IRIS, Le Grand Continent, Synopia, Friedrich-Ebert Stiftung…), une dynamique que nous entendons poursuivre plus que jamais ces prochains mois.
Grâce au soutien de nos adhérents et donateurs, Confrontations Europe s’engage dans l’année 2023 avec la force et l’expérience de ses 30 ans d’histoire, dont nous avons célébré l’anniversaire en juin dernier à Paris. Face au retour de la guerre sur notre continent et à ses conséquences tragiques, nous sommes plus que jamais convaincus de l’importance de notre rôle de « passeur », que nous continuerons à mener dans les mois et dans les années à venir.
Gardons le cap pour construire notre horizon européen commun !
Michel Derdevet, Président de Confrontations Europe