Auteur : Lorène Weber
Chargée de mission Jeunesse, Confrontations Europe
En avril 2019, Confrontations Europe, l’Institut Europeum et Codemos ont réuni à Prague, dans le cadre du projet Solidarity, une cinquantaine de jeunes Belges, Français, Grecs, Hongrois, Polonais, Serbes, Slovaques et Tchèques aux profils variés, à l’occasion d’ateliers participatifs et interculturels.
Ces jeunes originaires de huit pays différents, qui sont lycéens, apprentis dans différents secteurs ou étudiants dans divers cursus, peuvent être considérés comme les « oubliés d’Erasmus ». À travers le projet Solidarity, ils se sont retrouvés pour échanger sur de nombreuses thématiques européennes : l’enjeu de démocratie, les valeurs européennes communes, le futur de l’Union européenne, l’élargissement, l’immigration ou encore, plus concrètement, les opportunités offertes aux jeunes en Europe. Ensemble, ils ont aussi été amenés à découvrir le patrimoine culturel et historique de plusieurs capitales européennes et ont noué ainsi des liens forts, d’amitié – des Belges ont même été invités chez des Tchèques après le séminaire de Prague, ayant déjà sympathisé lors des ateliers de Varsovie deux mois plus tôt.
Le constat est sans appel : la majorité d’entre eux considèrent que l’Union européenne est une entité un peu floue, qu’ils regrettent de ne pas connaître davantage, déplorant l’absence d’éducation civique européenne dans leurs parcours scolaires respectifs. Erasmus ? Ils n’ont pas eu l’occasion de partir ailleurs en Europe au cours d’un cursus Erasmus, ou regrettent que le programme soit limité aux étudiants à l’université. Certains de ces jeunes n’avaient jamais quitté leur pays, voire leur région, avant de faire partie du « Solidarity tour ».
Une participante serbe et une Grecque se sont félicitées de l’opportunité que représente pour elles le projet Solidarity, occasion unique de découvrir d’autres pays européens, de rencontrer d’autres jeunes, d’échanger sur des thèmes et d’apprendre de nouvelles choses. L’une d’entre elles a même exprimé l’envie de devenir une ambassadrice de ce genre d’initiatives dans son pays, pour sensibiliser davantage de jeunes.
Des propositions concrètes pour l’Europe
Ces jeunes ont également émis des recommandations, très concrètes et pertinentes. Pour eux, l’une des premières nécessités serait d’avoir accès à des cours d’éducation à l’Europe. Ces jeunes avouent vouloir mieux connaître l’histoire commune et partagée des pays européens, apprendre des langues, et bénéficier d’une éducation au fonctionnement de l’Union européenne.
En termes de mobilité, ils demandent que le programme Erasmus s’ouvre davantage aux apprentis. Et ils estiment les zones rurales désavantagées par rapport aux zones urbaines en termes d’information sur les opportunités de mobilité. Certains d’entre eux étant originaires de milieux ruraux ou périurbains, ils ont demandé que les infrastructures scolaires, les transports publics ou encore la couverture réseau soient plus développés. Ils souhaitent avoir accès à davantage d’information sur les opportunités de mobilité, de formation, d’apprentissage ou de stage, qu’ils trouvent trop limitées aux zones urbaines.
Sur l’immigration, les participants ont également émis plusieurs recommandations dirigées à l’attention des instances de décision à Bruxelles : ils aimeraient voir émerger une politique migratoire commune et appellent de leurs voeux une répartition équitable des migrants entre les pays de l’UE. Ils recommandent aussi l’intégration des migrants dans les écoles publiques, le développement de centres de formation pour les adultes nouveaux arrivants, ou encore la création de centres culturels permettant aux migrants et aux locaux d’échanger et d’apprendre à se connaître.
Le projet Solidarity se poursuivra en septembre à Budapest, en octobre à Athènes et en novembre à Belgrade. La conférence finale aura lieu le 18 décembre prochain à Paris, et réunira 200 jeunes, des décideurs locaux, nationaux et européens, des représentants d’organisations de jeunesse et des partenaires médias.
Solidarity est soutenu par le programme « Europe pour les Citoyens » de la Commission européenne, par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et par la Fondation Hippocrène.