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Par Pernille Weiss, Députée européenne (PPE – Danemark), Membre de la commission ENVI
« Il est temps de créer un écosystème d’innovation consacré à l’eau en Europe »
Introduction
L’eau est une ressource essentielle pour la vie, pour nos écosystèmes, les activités économiques et la société dans son ensemble. Toutefois, avec la consommation grandissante et le changement climatique, les défis liés à l’eau, tels que le stress hydrique et la pollution, ne cessent de croître. En raison de l’interconnexion de l’eau, les problèmes rencontrés sont également de plus en plus complexes et interdépendants.
Bien que la situation exige une action coordonnée de l’ensemble des acteurs, la réalité est toute autre : notre cadre politique n’est pas à la hauteur des enjeux et il existe une fragmentation évidente des efforts à tous les niveaux.
Cela est particulièrement vrai dans le domaine de l’innovation. Une collaboration solide entre les universités, la recherche et les activités commerciales s’avère cruciale pour créer un environnement qui exploite et commercialise pleinement les connaissances créées. Cependant, il existe actuellement une déconnexion dans le « triangle de la connaissance » qui nous empêche effectivement d’amener les découvertes des innovateurs jusqu’à l’utilisateur final.
L’une des solutions à ce problème serait de créer un écosystème européen d’innovation efficace autour de la question de l’eau. Cette approche fait écho aux actions de l’Institut européen d’innovation et de technologie (EIT), qui a pour mission de renforcer notre capacité à innover en Europe. À cette fin, cet institut crée et gère plusieurs écosystèmes d’innovation, communément appelés Communautés de la connaissance et de l’innovation (« CCI »).
Le présent article sera consacré aux mesures concrètes que j’ai prises, en ma qualité de Présidente du MEP Water Group au sein du Parlement européen, avec mes collègues Maria da Graça Carvalho (PPE, Portugal) et Christian Ehler (PPE, Allemagne), pour inciter à la mise en place d’une telle initiative sur l’eau. En outre, le présent article vous donnera un aperçu de la situation actuelle et de ce à quoi nous pouvons nous attendre à l’avenir.
L’importance d’un écosystème d’innovation
Avant toute chose, il convient de donner une définition claire de l’« écosystème d’innovation ». Ce concept désigne un réseau d’entités qui collaborent les unes avec les autres afin de créer, de développer et de commercialiser des solutions innovantes (ex. : de nouveaux produits et services). Ces entités réunissent un large éventail d’acteurs : des grandes et petites entreprises, des universités et instituts de recherche, ainsi que des organismes de formation professionnelle, des investisseurs et des ONG, entre autres exemples.
Dans le cas de la CCI, deux autres dimensions entrent en jeu : les parties prenantes viennent de régions géographiques différentes (les 27 États membres peuvent participer, de même que les partenaires de l’AELE tels que la Norvège ou la Suisse) et représentent des secteurs divers (elles peuvent, par exemple, être impliquées dans les activités d’« eau douce » ou d’« eau de mer »).
Ces écosystèmes sont particulièrement efficaces, car ils tirent parti de l’expertise complémentaire des parties prenantes pour aider à jeter un pont entre les idées et faciliter leur mise en oeuvre sur le marché.
Cela s’avère nécessaire, car nul ne peut résoudre seul les problèmes complexes de la vie réelle, tels que la crise de l’eau. Il faut, pour cela, un réseau d’entités possédant de solides connaissances et disposées à collaborer qui, en créant des synergies, peuvent abattre les barrières entre les secteurs et les pays.
Dans le cas du secteur de l’eau, les solutions innovantes pourraient, par exemple, accroître la résilience de nos écosystèmes, améliorer la qualité de l’eau, réduire les déchets et atténuer les effets du changement climatique.
Les « CCI » : Communautés de la connaissance et de l’innovation
S’inspirant du Massachusetts Institute of Technology qui encourage les partenariats entre l’université et l’industrie, l’un des principaux aspects du travail de l’EIT consiste à gérer des CCI. Depuis 2010, il a été créé neuf CCI, chacune s’attelant à un défi sociétal spécifique : l’alimentation, la santé, le numérique, la culture, les matières premières, etc.
Mais comment crée-t-on une CCI pour commencer ? Et comment fonctionnent-elles ? Dans la pratique, la Commission européenne lance d’abord un appel à candidatures ouvert à toutes les parties prenantes compétentes. À partir de là, les parties intéressées se constituent en groupes (généralement, deux ou trois groupes composés chacun de 30 à 50 parties prenantes) qui s’affrontent pour devenir la « CCI gagnante ». Cependant, ce processus a tendance à prendre beaucoup de temps en plus d’être ardu. Les participants doivent non seulement présenter leurs contributions et attentes potentielles, mais aussi connaître précisément les atouts respectifs des autres participants afin de se coordonner et de former des alliances stratégiques qui assureront leur réussite.
Une fois l’équipe gagnante annoncée, la structure de la CCI est répartie entre un siège, qui gère les travaux, et cinq à six « centres de co-implantation » régionaux, qui fonctionnent comme des unités opérationnelles dédiées à des objectifs spécifiques.
Sur le plan financier, la CCI reçoit un financement européen pendant une période de sept ans, lequel financement peut être renouvelé une fois pour une durée égale. Ainsi, après une période maximum de quatorze ans sous perfusion européenne, le but de la CCI est de devenir viable financièrement grâce aux produits et services qu’elle aura créés, développés et vendus.
La CCI Eau
Où se situe la CCI Eau dans tout cela ? Cette dernière devrait devenir la 10e édition de la série. La Commission a annoncé qu’un appel à candidatures serait lancé l’an prochain en 2025 en vue de mettre en place la CCI Eau l’année suivante, en 2026. Cette décision a été saluée par des parties prenantes en Europe, qui sont particulièrement motivées par la valeur et l’impact potentiels de cette initiative. Néanmoins, cela signifie également qu’elles doivent dès maintenant se préparer au processus de candidature ardu.
C’est dans ce contexte que j’ai décidé, avec mes collègues Mme Carvalho et M. Ehler, de soutenir concrètement ces participants en entreprenant deux actions : d’une part, en lançant le processus de coordination entre les parties prenantes et, d’autre part, en commandant une étude sur mesure qui permettrait de produire des recommandations concrètes à l’avenir.
Favoriser la coopération entre les parties prenantes
Afin d’activer le processus de coordination, nous avons organisé un atelier interactif unique d’une journée au Parlement européen à Bruxelles, en janvier. Plus de 90 parties prenantes de 18 pays, dont le Danemark, Chypre, l’Irlande et la Slovaquie, étaient présentes. Nous avons également eu l’honneur et le plaisir d’accueillir deux intervenants prestigieux, à savoir Iliana Ivanova, Commissaire à l’innovation, et Adam Rottenbacher, Directeur des opérations de l’EIT, qui ont tous deux souligné la valeur de la future CCI sur l’eau.
L’objectif était de favoriser l’interaction, la collaboration, la création de réseaux et la réflexion collectives et en personne, afin d’aider les participants à mieux identifier et comprendre leurs outils et besoins respectifs pour créer une CCI performante.
Avec cet objectif en tête, nous avons divisé les participants en petits groupes et leur avons soumis une douzaine de questions spécifiques et pertinentes (ex. : Selon vous, quels domaines prioritaires ont le plus de chance de créer de la valeur ? » ou « Quels impacts souhaitons-nous avoir avec cette CCI ? Dressez une liste et expliquez »). Après de multiples échanges et débats, les participants ont fini par présenter leurs conclusions à leur auditoire. À la fin, mon équipe et moi-même avons recueilli toutes les productions écrites et avons analysé et comparé ces données de sorte à rédiger un bref rapport.
Les conclusions
Les résultats sont assez saisissants. Des synergies ont été créées : la majorité des sujets identifiés comme ayant le plus de chances de créer de la valeur étaient également perçus comme étant les meilleurs pour une innovation durable et pour améliorer la qualité de vie des citoyens européens.
Dans ce contexte, quatre priorités majeures ont émergé : le recours à la numérisation des données (pour mieux mesurer et gérer les ressources hydriques) ; l’amélioration de la qualité de l’eau potable (dont la pollution ne cesse d’augmenter) ; l’amélioration des infrastructures de l’eau (qui sont vieillissantes et défaillantes) ; et enfin l’importance de la circularité (en particulier, pour la gestion de l’agriculture et le traitement des eaux usées).
En termes de défis, les participants ont révélé qu’ils devront trouver le juste milieu entre les intérêts des secteurs d’eau douce, marin et maritime, et agir d’une même voix.
Étude STOA sur l’eau
Parallèlement à cet atelier, notre seconde initiative a été de commander une étude au Comité de l’avenir de la science et de la technologie (STOA) du Parlement européen afin de produire des recommandations concrètes pour la mise en place d’une CCI. Une équipe d’experts paneuropéenne travaille actuellement sur le projet, qui devrait être publié en mai.
Plus particulièrement, l’étude conseillera les participants sur la manière de hiérarchiser, de concevoir et d’organiser leur travail futur. Par exemple, elle devrait identifier les thèmes à fort potentiel, dresser un panorama des technologies actuelles et émergentes, et souligner la nécessité de développer la recherche et de refondre les réglementations si nécessaire.
Conclusion
En résumé, l’eau est une ressource essentielle, mais menacée qui mérite notre attention de toute urgence. À l’heure où les défis liés à l’eau deviennent de plus en plus complexes et interdépendants, une solution apparait comme étant particulièrement appropriée : la création d’un écosystème européen d’innovation efficace consacré à l’eau. En réunissant un large éventail de parties prenantes, issues de secteurs et de pays différents, nous pouvons renforcer notre capacité à innover et mettre en oeuvre des solutions concrètes. Cette approche est conforme à la mission de l’EIT, qui devrait lancer une CCI sur l’eau en 2026.
Cependant, le processus de lancement d’une coordination entre l’ensemble des parties prenantes est généralement ardu et demande beaucoup de temps. C’est pourquoi, avec deux collègues au Parlement européen, j’ai entrepris des actions concrètes pour leur apporter mon soutien. Tout d’abord, en organisant un atelier interactif en présentiel à Bruxelles pour encourager les participants à échanger leurs idées et les aider à mieux se comprendre mutuellement. Puis, en demandant au Comité STOA au sein du Parlement européen de préparer une étude qui permettrait de conseiller et de guider les parties prenantes dans leurs actions futures.
J’ai donc hâte de voir comment la future CCI Eau se matérialisera et, d’une manière générale, comment la Commission européenne relèvera les défis liés à l’eau dans le cadre de son prochain mandat (2024-2029). Je suis convaincue qu’une approche holistique, dans laquelle l’eau ne serait pas qu’un élément de politique environnementale, mais un point à l’ordre de toutes les politiques de l’UE, est la seule voie à suivre. C’est également pourquoi j’ai, à de nombreuses reprises, avec le Comité économique et social européen, exprimé mon soutien en faveur de l’adoption d’un plus que nécessaire « Pacte bleu », qui devrait être une priorité stratégique à part entière pour l’Union européenne.
Canva-Pernille-Weiss-IV_-aTime is ripe for building an innovation water ecosystem in Europe
By Pernille Weiss, Danish MEP for the EPP Group, Member of the Committee on the Environment, Public Health and Food Safety
« As water challenges are becoming more complex and intertwined, one solution appears as particularly suitable: building a strong European innovation ecosystem on water. »
Introduction
Water is a fundamental resource for life, for our ecosystems, economic activities and society as a whole. However, in the face of growing consumption and climate change, the magnitude of water challenges, notably water stress and pollution, is exacerbated. Due to the interconnectedness of water, issues are also becoming increasingly complex and intertwined.
While the situation requires coordinated action between all players, the reality tells a different story: our policy framework does not adequately address the problems at stake and there is a clear fragmentation of efforts across the board.
This is particularly true in the field of innovation.Strong collaboration between the academia, research and business activities is crucial to create an environment that fully exploits and commercialises the knowledge being created. However, there is a current disconnect between the so-called “knowledge triangle” which prevent us from effectively bringing the findings of innovators towards end-users.
One of the solution to address this problem is to build a strong European innovation ecosystem on water. This approach echoes the actions taken by the European Institute of Technology (EIT), whose mission is to strengthen our ability to innovate in the EU. It does so by creating and running several innovation ecosystems, the so-called Knowledge and Innovation Communities (“KICs”).
This article will elaborate on the concrete steps I have taken, as Chair of the MEP Water Group in the European Parliament, together with my colleagues Maria da Graça Carvalho (EPP, Portugal) and Christian Ehler (EPP, Germany) to push for the establishment of such an initiative on water. Additionally, this paper will give you an overview on the current state of play and what we can expect going forward.
The importance of an innovation ecosystem
To begin with, let’s clearly define what we mean by an “innovation ecosystem”. This concept refers to a network of entities that collaborate with one another to create, develop and commercialise innovative solutions (e.g. new products and services). These entities include a wide range of actors: from large and small companies, universities and research institutes to vocational training providers, investors, and NGOs, among others.
In the case of the KIC, two additional dimensions come into play: stakeholders are geographically diverse (27 Member States can participate, as well as EFTA partners such as Norway or Switzerland) and they represent various sectors (for instance, they can be involved in ‘freshwater’ or ‘saltwater’ related activities).
Such ecosystems are particularly effective because they capitalise on stakeholders’ complementary expertise to help bridge the gap between ideas and their implementation on the market.
This is necessary because tackling complex real-life challenges, such as the water crisis, cannot be solved alone. Instead, it requires a network of knowledgeable and collaborative entities which, by creating synergies, can break down barriers across sectors and borders.
In the case of the water sector, innovative solutions could for instance improve the resilience of our ecosystems, strengthen water quality, reduce waste, as well as mitigate the impacts of climate change.
The “KICs”: Knowledge and Innovation Communities
Inspired by the Massachusetts Institute of Technology which fosters university-industry partnerships, a main aspect of EIT’s work is to run KICs. Since 2010, nine of them have been established, each tackling a specific societal challenge: food, health, digital, culture, raw materials, etc.
But how do you create a KIC in the first place? And how do they work? In practice, the European Commission first launches an open call for application to all relevant stakeholders. From then on, interested parties form themselves into groups (usually two or three groups with each 30-50 stakeholders) that compete against each other to become the “winning KIC”. However, this process tends to be highly time-consuming and arduous. Participants not only need to express their potential contributions and expectations, but also to accurately understand others’ respective strengths in order to coordinate and strategically form alliances to succeed.
Once the winning team is announced, the structure of the KIC is organised between a headquarter, which leads the work, and five to six regional “co-location centres”, which acts as operational units dedicated to specific objectives.
Financially speaking, the KIC receives European funding for a period of seven years, with a possibility to renew it once for the same length of time. Therefore, after a maximum of fourteen years on EU lifeline, the goal is to become financially sustainable via the products and services it has created, developed, and sold.
Water KIC
Where is the Water KIC in all of this? The latter is expected to become the 10th and latest edition of the series. The Commission announced that a call for application should be launched next year in 2025 in view of establishing the Water KIC a year later, in 2026. This decision was received with great enthusiasm by stakeholders across Europe, which are highly motivated by the potential impact and value from such initiative. Yet, it also means that they need to start working now on the strenuous application process.
In this context, I have together with my colleague Ms Carvalho and Mr Ehler decided to concretely support these participants by setting in motion two actions: on the one hand, kick-starting the coordination process between stakeholders, and on the other hand, requesting a tailored-made study that would provide actionable recommendations going forward.
Fostering cooperation among stakeholders
To activate the coordination process, we have organised a unique one-day interactive workshop in the EU Parliament in Brussels in January. Over 90 stakeholders from 18 countries participated, ranging from Denmark and Cyprus to Ireland and Slovakia. We also had the honour and pleasure of welcoming two high-level speakers, Commissioner for Innovation Iliana Ivanova and EIT Head of Operations Adam Rottenbacher, who both highlighted the value in establishing an upcoming KIC on water.
The objective was to foster collective and in-person interaction, collaboration, networking, and brainstorming, so that participants could better identify and understand their respective tools and needs for working towards a successful KIC.
To achieve that, we have divided all participants into small groups and gave them a dozen of specific and relevant questions to reflect upon and answer (e.g. ‘which focus areas do you see as having to the highest potential for value creation?’ or ‘list, prioritise and explain what impact(s) do we want to achieve in this KIC?’). After multiple rounds of exchanges and debates, participants eventually presented their findings to the audience. At the end, my team and I collected all written inputs, and analysed and compared this data to draft a concise report.
The findings
The results were quite striking. Synergies were created: a majority of the topics identified as having the most potential for value creation were also seen as having the most potential for sustainable innovation and for improving the quality of life of European citizens.
In this context, four key priorities emerged: the use of data digitalisation (to better measure and manage water resources); the improvement of drinking water quality (which is increasingly polluted); the betterment of water infrastructures (which are ageing and leaking); and finally the emphasis on circularity (especially for agriculture management and wastewater treatment).
In terms of challenges, participants revealed that they will have to strike a balance between the interests of the freshwater, marine, and maritime sectors, as well as to act with a unified voice.
STOA study on water
In parallel to this workshop, our second initiative was to request a study to the European Parliament’s Science and Technology Options Assessment (STOA) Panel to provide actionable recommendations for the establishment of a KIC. A pan-European team of experts is currently working on the project, which is expected to be published in May.
In particular, the study will advise participants on how to prioritise, design, and organise their work in the future. For instance, it should identify the thematic areas with the highest potential, draw the landscape of current and emerging technologies, and point to the need for more research and possible re-design of regulations when necessary.
Conclusion
To summarise, water is an essential yet threatened resource that needs our most urgent attention. As water challenges are becoming more complex and intertwined, one solution appears as particularly suitable: building a strong European innovation ecosystem on water. By bringing together a wide range of stakeholders, across sectors and countries, we are able to strengthen our ability to break down barriers to innovation and implement concrete solutions. This approach is in line with the EIT’s mission, which is expected to launch a KIC on water in 2026.
However, the process to kick-start coordination between all players is typically arduous and time-consuming. This is why, together with two colleagues in the European Parliament, I have taken concrete steps to support them. Firstly, by organising an in-person interactive workshop in Brussels to foster exchanges of ideas and mutual understanding among participants. Secondly, by requesting the STOA Panel in the European Parliament to prepare a study that would advise and guide them in their immediate next steps.
I thus look forward to see how the expected Water KIC will materialise and, more generally, how the European Commission will address water challenges in its upcoming mandate (2024-2029). I am convinced that a holistic approach, where water goes beyond environmental policy to be instead mainstreamed in all EU policies, is the only way forward. This is also why I have repetitively voiced my support – along with the European Economic and Social Committee – for the adoption of a much-needed “Blue Deal”, which should be adopted as a standalone strategic priority for the European Union.
Calling-for-a-european-Blue-Deal-Pernille-Weiss-ENG