VU D’AILLEURS – Pour une relation transatlantique plus forte

Par Philippe Etienne

Ambassadeur de France aux Etats-Unis

À tous mes interlocuteurs aricains, je répète le même message : une vraie souveraineté de lUnion euroenne ne peut que renforcer la relation transatlantique, elles sont les deux faces d’une même monnaie. »

Côté pile, la souveraineté européenne : dans un monde de plus en plus complexe marqué par des défis globaux et la résurgence de logiques de puissance, l’Union doit être en capacité de se penser comme une entité cohérente, capable de défendre son modèle, ses valeurs et de protéger ses citoyens, qu’il s’agisse de sécurité, d’économie, de santé ou de régulation technologique. Côté face, la relation transatlantique : Européens et Américains, nous partageons les mêmes valeurs. La démocratie, l’état de droit et le respect des droits fondamentaux constituent le fondement de nos sociétés et du lien qui nous unit. Le renforcement du piler européen de la relation transatlantique ne peut que renforcer l’ensemble de l’alliance, au bénéfice des États-Unis comme de l’Europe.

Aliorer et renforcer

Longtemps, on a eu tendance de ce côté-ci de l’Atlantique à réduire la relation transatlantique à l’OTAN. Aujourd’hui, nous devons à la fois améliorer le fonctionnement politique de l’OTAN pour mieux assurer son avenir, comme cela a été décidé au sommet de Londres, et renforcer l’Union. La situation en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient ou en Afrique nous concernera toujours plus directement que Washington parce qu’il s’agit de notre voisinage direct. Il nous faut donc collectivement être en capacité d’assumer plus de responsabilités à nos frontières, en étroite complémentarité avec l’OTAN et en étroite coordination avec les États-Unis. Il est dans l’intérêt des États-Unis de pouvoir compter sur un allié fiable et capable d’assurer sa part du fardeau dans la sécurité commune.

Des engagements concrets de l’Union européenne

C’est bien le sens des initiatives prises par la France depuis le discours du Président de la République à la Sorbonne en septembre 2017 : travailler entre Européens sur des projets communs, développer les nouvelles technologies et des équipements communs, investir ensemble dans des programmes de recherche ou créer une culture stratégique commune avec l’initiative d’intervention européenne. La force Takuba au Sahel, nous sommes engagés entre Européens pour combattre le terrorisme, et l’opération militaire EMASoH(1), qui veille sur la liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz, offrent deux exemples d’engagement concret de l’Union européenne.

Vers un meilleur partage des charges

Il faut donc dépasser les querelles sémantiques. Quand nous parlons d’autonomie stratégique comme moyen de parvenir à cette souveraineté, nous présentons un projet qui constitue une excellente nouvelle pour les États-Unis. Ceux-ci ont en effet toujours souhaité un meilleur partage des charges entre alliés de l’OTAN. C’est encore plus vrai aujourd’hui alors que nos alliés américains considèrent que leur priorité stratégique est désormais en Indopacifique : tout ce qui concourt à renforcer l’Union européenne et à stabiliser l’Europe et son voisinage servira leurs propres intérêts. Les États-Unis ne s’y tromperont pas parce qu’ils savent que les liens que nous avons forgés avec leur pays sont indéfectibles, irremplaçables, et ceci encore davantage aujourd’hui avec une nouvelle administration soulignant sa volonté de travailler avec ses alliés au sein du système international et multilatéral.

 

(1) European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz.

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