Khalil ROUHANA
Directeur de l’unité « Composants et Systèmes, DG Connect, Commission Européenne
Html code here! Replace this with any non empty text and that's it.
L’industrie est l’un des piliers de l’économie européenne – le secteur manufacturier dans l’Union européenne représente 2 millions d’entreprises et 33 millions d’emplois. Selon certaines études récentes, le passage au numérique des produits et des services permettra d’augmenter les revenus de l’industrie de plus de 110 milliards d’euros par an en Europe sur les cinq prochaines années.
Le paquet « numérisation de l’industrie »
La Commission européenne a lancé le 19 avril 2016 sa première série d’initiatives relatives au secteur industriel dans le cadre de la stratégie pour un marché unique numérique. Le but est de mobiliser autour de 50 milliards d’euros d’investissements publics et privés d’ici 2021 pour aider les industriels à regagner du terrain dans la course à la quatrième révolution industrielle.
Le paquet « DigitiseEU » est composé de 4 communications détaillant les mesures. L’initiative pour numériser l’industrie européenne est l’initiative chapeau proposant des actions concrètes au niveau européen pour encourager la numérisation de l’industrie européenne. D’autres initiatives forment le paquet, à savoir : l’initiative européenne sur l’informatique en nuage qui vise à créer un nuage européen ouvert au service de la science et une infrastructure européenne des données ; des mesures concrètes pour accélérer l’élaboration des normes et un plan d’action pour l’administration en ligne 2016-2020 afin de moderniser les services publics numériques et de renforcer le rôle du secteur public dans la stimulation de la demande pour les solutions numériques.
Qu’est ce qui est en jeu avec l’innovation numérique ?
Les chaînes de valeur numériques sont cruciales à la compétitivité de tous les secteurs. Trois dimensions de la création de valeur par la numérisation peuvent être soulignées : il y a des innovations dans des produits de tous types (nouveaux produits ou produits plus efficients) ; dans la transformation des procédés et processus de fabrication et il y a des changements radicaux/disruptifs dans les modèles économiques, brouillant ainsi les frontières entre produits et services. Tous ces effets refondent profondément les chaînes de valeur dans le monde entier. C’est pourquoi il est crucial de penser digital lorsque sont conçus de nouveaux produits, de nouveaux procédés ou de nouveaux business plans.
Les technologies conduisent le changement : l’Internet des objets, (les logiciels embarqués, capteurs, connectivité), le Big Data (analytique, conservation des données, nuage) et l’intelligence artificielle (robotique, automatisation, apprentissage de la machine, la conduite autonome etc.) sont au centre de cette révolution.
Où se situe l’Europe ?
L’Europe a des atouts numériques et notamment des marchés verticaux dans l’automobile, l’industrie, la médecine, l’aéronautique, la défense etc. ainsi que des sociétés leaders dans ces domaines. Tous les secteurs ne sont cependant pas concernés.
L’Europe fait aussi face à de nombreux défis. Malgré une forte numérisation de l’industrie high-tech dans certains Etats-membres, force est de constater que la tendance est lente et disparate dans l’adoption des solutions digitales dans les PME et les entreprises autres que high-tech. Moins de 2% des PME utilisent des technologies digitales avancées. De plus, elles n’utilisent pas encore le digital pour innover dans leurs propres produits. Il y a donc un fossé entre les entreprises high-tech allant de l’avant et les autres – restant à la traîne. Nous avons besoin que l’économie toute entière aille de l’avant. L’Europe fait également face à une concurrence en provenance d’entreprises non-européennes du web – un point faible de l’Europe. Un manque d’harmonisation au niveau des standards et un manque d’interopérabilité (Il y a 30 initiatives nationales sur le thème de « Industrie 4.0 »), la nécessite d’une masse salariale compétente et formée et les problématiques législatives et réglementaires constituent aussi des défis à relever pour l’Europe. L’Europe rencontre encore de fortes disparités en termes de disposition vis-à-vis du numérique. Alors que l’Allemagne et l’Irlande sont en pointe, l’Espagne et le Portugal sont hésitants.
Quelles sont les solutions ?
Il y a trois prérequis fondamentaux à mettre en avant : un marché unique du numérique – à ce sujet, la Commission a lancé sa stratégie en mai 2015, qui traite des plateformes, du droit d’auteur, du commerce électronique – des infrastructures digitales de niveau mondial (pas seulement celles des télécoms, mais aussi du cloud et des données) et un accès facilité au financement.
Nous devons intensifier notre capacité à innover. L’objectif principal devrait être de garantir à toutes les entreprises en Europe, grandes ou petites, de bénéficier complètement des innovations digitales afin de moderniser les produits, d’améliorer les procédés et d’adapter les modèles économiques au numérique. Les Etats-Membres sont actifs dans « Industry 4.0 », mais nous avons besoin d’un cadre global qui puisse contribuer à la coordination des initiatives nationales, éviter la fragmentation et permettre ainsi d’amplifier ces initiatives.
Une initiative politique globale encouragerait la combinaison de plusieurs instruments (financier, législatif, coordination), l’émergence de solutions innovantes venant des acteurs et le soutien à des actions ciblées.
Traiter l’ensemble de la chaine de valeur dans toute l’Europe et ouvrir de nouvelles opportunités aux start-ups et PMEs dans un véritable marché unique du numérique est clé. A cet égard, promouvoir les partenariats publics-privés pour un leadership dans les chaines de valeur digitales est un outil important. De plus, le point central d’une telle stratégie globale consiste à donner la priorité et à accélérer la standardisation conduite par l’industrie. La législation doit quelques fois s’adapter à l’environnement numérique : nous devrions en effet examiner avec attention ce qui devrait être fait en termes de propriété des données, de sécurité et de responsabilité. Les Européens ne sont pas encore prêts à l’ère du numérique. Pour les préparer au mieux, l’éducation, la formation et la mise à jour des compétences sont d’une importance fondamentale (Avril 2016).
Html code here! Replace this with any non empty text and that's it.