« L’union des droites » au Parlement européen : coagulations décisionnelles ou convergence politique ?

Par Yves Bertoncini,
Consultant en affaires européennes, conférencier et enseignant

English version bellow

Le verdict des élections européennes de juin 2024 traduit une relative continuité politique puisqu’il a à la fois confirmé la domination de la droite conservatrice du Parti populaire européen (PPE), qui détient désormais 26% des sièges à Strasbourg, et la bonne résistance du groupe Socialistes & Démocrates (S&D), qui régresse très légèrement à 18,9% des sièges. Sur cette base, nombre des premiers votes de la législature portant sur la répartition des postes au Parlement européen, l’élection des membres de la Commission et quelques initiatives de début de mandat ont donné lieu à un assez large accord entre ces deux groupes politiques, appuyés par les libéraux de « Renew » (10,7% des sièges, contre 14% en 2019) et les Verts (7,4% contre 10,2%).

Dans un contexte institutionnel également marqué par un net renforcement du nombre de sièges détenus par des partis de la droite nationaliste et de l’extrême droite au Parlement européen, quelques votes, d’abord consultatifs, puis législatifs, ont cependant aussi été remportés grâce à une conjonction des voix du PPE et des « Conservateurs et réformistes européens » (ECR), où siègent les eurodéputés de Fratelli d’Italia et du Pis polonais, mais aussi celles des « Patriotes pour l’Europe » (groupe créé sous l’impulsion de Viktor Orban et du Rassemblement National) et du groupe de « L’Europe des nations souveraines » (ESN), créé autour d’élus de l’AfD allemande. Il en va ainsi d’une résolution sur la situation politique au Venezuela, d’une autre sur la possibilité que le budget de l’UE finance la construction de murs à ses frontières, puis de votes décidant du report de l’interdiction de la déforestation importée.

Cette « coagulation décisionnelle » des conservateurs et de l’extrême droite traduit-elle un rapprochement institutionnel, idéologique et philosophique susceptible de se reproduire dans la durée ou est-elle plutôt le reflet de considérations de nature ponctuelle, voire tactique ? Il importe de bien saisir la portée de cette « union des droites » dès lors qu’elle pourra contribuer à façonner les orientations du Parlement européen et de l’UE à court et moyen termes, dans un environnement civique et international particulièrement adverse et stimulant.

Graphique 1 : Répartition des députés européens par groupes politiques (2024-…)
(Source : Parlement européen, Juillet 2024)

1. Les droites dans le triangle institutionnel : un poids renforcé, mais pas décisif

L’hypothèse d’une « union des droites » au niveau communautaire prend d’abord corps au sein du Parlement européen : l’une des conséquences historiques du verdict électoral de juin 2024 est de déboucher sur la possibilité numérique de former des majorités parlementaires sans le centre et la gauche, c’est-à-dire des majorités à droite du PPE (voir Graphique 1). Cette réalité numérique s’appuie sur la progression du groupe ECR, qui détient désormais 10,3% des sièges (contre 9,3% avant), mais aussi du groupe PFE, devenu le 3ème groupe politique, avec 11,6% des sièges, contre 8,8% à son prédécesseur « Identité & Démocratie » : elle est de nature à conforter le rôle central du groupe des conservateurs, qui pourra même se transformer en groupe pivot chaque fois qu’il envisagera et entreprendra de former des majorités sur sa droite.

La répartition des postes de responsabilité au sein du nouveau Parlement a certes d’abord conduit le PPE à privilégier un format de type « grande coalition », y compris en maintenant un cordon sanitaire empêchant les eurodéputés du groupe PFE d’en obtenir. C’est par exemple la raison pour laquelle 7 des présidences des commissions parlementaires ont été attribuées au PPE, 5 au S&D, 2 à Renew – mais aussi 3 à ECR. La récente désignation de Sarah Knafo, élue Reconquête et ESN, comme Rapporteure d’un texte sur la souveraineté numérique européenne, n’a cependant pu être possible que grâce à l’appui majoritaire des parlementaires européens de toute la droite, alors que la répartition proportionnelle des postes de rapporteurs n’inclut pas d’ordinaire des groupes aussi périphériques.

Il est par ailleurs notable que les votes sur la déforestation importée ont procédé d’une négociation entre le PPE et l’ECR, qui n’ont pas associé les représentants des groupes PFE et ESN, réduits à un rôle de supplétifs, en l’espèce décisifs (voir Graphique 2). C’est l’avènement de discussions régulières et structurées entre ces 4 groupes qui serait de nature à forger une véritable union des droites. A ce stade, il semble que le président du groupe PPE Manfred Weber ait surtout voulu rendre moins théorique sa possibilité de se soustraire à ses négociations traditionnelles avec S&D et Renew, via des coups de semonce essentiellement tactiques visant à renforcer son influence vis-à-vis de ses partenaires classiques davantage qu’à amorcer une stratégie politique alternative.

Graphique 2 : Vote sur un amendement relatif à la directive sur la déforestation importée
(Source : Parlement européen, Novembre 2024)

L’hypothèse d’une union des droites au niveau communautaire se heurterait par ailleurs rapidement aux rapports de force en vigueur au sein des deux autres pôles du triangle institutionnel de l’UE – qui s’apparenterait à une forme de « triangle des Bermudes » pour elles.

La Commission comprend certes désormais près d’une moitié de membres issus du PPE, ainsi que deux membres respectivement désignés par Georgia Meloni et Victor Orban : si le Collège bruxellois peut théoriquement formaliser ses décisions par des votes à la majorité simple, il recherche le plus souvent un assez large consensus associant l’ensemble des membres et sensibilités représentés. Surtout, ses décisions procèdent souvent beaucoup plus de l’origine nationale des Commissaires et de considérations diplomatiques qu’à des déterminants partisans ou idéologiques.

Il en va naturellement de même au Conseil européen et au Conseil des ministres de l’UE, qui fonctionnent sur la base de compromis principalement basés sur des enjeux étatiques et nationaux. Si ces deux institutions se sont largement droitisées au cours des dernières années (1), elles n’accueillent qu’un nombre assez limité de représentants ECR (surtout italiens) et PFE (notamment hongrois), dont le nationalisme ne les incite pas forcément à coopérer avec leurs homologues présumés alliés. Il est symptomatique que Georgia Meloni et Victor Orban se soient tous deux opposés à la reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission, sans d’ailleurs parvenir à l’empêcher dès lors qu’elle ne requérait pas une décision unanime des 27. De même, une très théorique union des droites au Conseil peinerait à l’emporter en cas de votes à la majorité qualifiée, aussi longtemps que des forces politiques de la gauche ou du centre gouvernent dans suffisamment d’Etats-membre, y compris très peuplés comme l’Espagne et la France – puisqu’ils pourraient former des minorités de blocage si les confrontations devenaient partisanes. C’est davantage la perspective de blocages nationaux ou nationalistes au Conseil qui est à redouter, dès lors que plus d’un tiers de ses décisions demeurent soumises à la règle de l’unanimité (2), dans des domaines souvent sensibles : un seul Etat récalcitrant détient donc un tel pouvoir de blocage, sans qu’il lui soit nécessaire de s’unir avec d’autres à cette fin.

2. Une « union des droites » davantage idéologique que partisane ?

La concurrence électorale entre les partis de droite et d’extrême droite est un autre élément susceptible d’entraver leur union, même si elle peut aussi avoir pour effet de favoriser leur convergence idéologique.

Du strict point de vue électoral, la Plateforme civique conduite par Donald Tusk est ainsi en opposition frontale avec le PIS plutôt que dans une logique de rassemblement avec lui ; il en va de même de la CDU-CSU et de l’AFD en Allemagne, de LR et du RN en France, du Parti populaire et de Vox en Espagne, etc. L’union des droites est certes à la base de l’actuel gouvernement italien, elle est aussi à l’œuvre en Croatie, en Finlande et aux Pays-Bas et pourrait bientôt l’être en Autriche ou en Tchéquie ; ces quelques exemples ne semblent pas avoir une capacité d’entrainement suffisante pour inspirer l’ensemble de l’UE et ils demeurent caractérisés par une forme d’émulation et de concurrence entre les partis concernés.

Cette concurrence partisane peut cependant produire une forme de convergence idéologique, en incitant des partis traditionnels, comme ceux composant le PPE, à reprendre à leur compte des orientations et positions formulées par des partis plus extrêmes dont ils cherchent à endiguer la progression. La politique européenne étant elle aussi une affaire de dynamique, il n’est dès lors plus nécessaire pour les partis d’extrême droite de remporter des victoires électorales – qui demeurent de fait assez rares – afin d’exercer une forte influence politique sur leurs rivaux plus installés, et qui va bien au-delà de leur strict poids institutionnel. Sur ce registre, il est certain que le verdict des élections législatives allemandes du 23 février 2025 constitue une échéance clé, à Berlin comme au niveau européen : d’une part parce qu’il réduira l’intensité de la concurrence électorale en cours entre la CDU-CSU et l’AFD ; d’autre part parce qu’une confirmation de la victoire annoncée des Conservateurs et la possible formation d’une coalition avec le SPD, voire les Verts, devrait les inciter à composer à nouveau avec leur gauche, ce qui ne manquera pas d’avoir des incidences à Bruxelles et à Strasbourg.

Si la convergence programmatique parfois constatée entre forces de droite et d’extrême droite peut procéder d’une forme de tactique électorale, elle ne peut par ailleurs gommer la persistance de clivages idéologiques essentiels. Ainsi de leurs visions du monde, de la Russie, des USA et de l’OTAN ou de la Chine ; de leur degré de soutien à l’appartenance à l’UE, à la zone euro et à l’espace européen de libre circulation ; de leur respect de la démocratie et de l’Etat de droit, des droits de l’homme et des femmes, de la protection des minorités ; ou encore de leur adhésion au principe de solidarité européenne, qu’elle soit financière, migratoire ou énergétique… Non seulement la droite conservatrice et l’extrême droite différent souvent sur nombre de ces registres, comme l’ont par exemple rappelé les affrontements entre Ursula von der Leyen et Victor Orban. Mais il en va de même des membres des groupes ECR, PFE et ESN, dont les élus sont d’ailleurs dispersés en trois groupes à Strasbourg, notamment parce que les élus de l’AFD ont été jugés infréquentables par ceux du RN. Cette dispersion relativise aussi la cohésion et l’impact européen d’une introuvable « internationale des nationalistes », alors qu’une « convergence des conservateurs » entre PPE et ECR semble beaucoup plus tangible.

3. La défense du « mode de vie » européen : un socle philosophique commun aux droites ?

En annonçant au Parlement européen en juillet 2019 qu’elle voulait faire de la « protection du mode de vie européen » l’une des 6 priorités de son 1er mandat et en y rattachant l’immigration, Ursula von der Leyen a peut-être préfiguré une forme de convergence philosophique commune à l’ensemble des droites : un tel signal politique lui avait de fait permis de sécuriser sa 1ère élection à 9 neuf voix près, grâce au soutien déclaré des élus du PIS polonais. Si elle a rapidement dû privilégier la « promotion » du mode de vie européen pour conserver le soutien de Renew et de S&D, son intuition initiale n’est-elle pas susceptible d’être réaffirmée pour donner lieu à des convergences ciblées entre les droites, que laissent présager les premiers votes conjoints du début de la législature ?

La défense du mode de vie européen a d’abord été invoquée sur le registre identitaire et face à l’immigration, qui nourrit l’expression d’un racisme de plus en plus affirmé, mais aussi une forme d’anxiété culturelle à laquelle l’ensemble des partis de droites apparaissent sensibles. Il en va de même de l’islamisme politique, qui suscite des réactions et crispations identitaires à droite, et même des angoisses sécuritaires au fil des attentats terroristes successifs. Ces réactions ayant pour toile de fond le déclin démographique et la déchristianisation de l’Europe, elles vont de pair avec des aspirations « nativistes » nourrissant pêle-mêle la critique du droit à l’avortement et de la PMA, la dénonciation des droits des homosexuels (notamment au mariage et à la parentalité), mais aussi la réprobation des mouvements LGBT et de l’idéologie dite « woke ». D’abord incarnée par Victor Orban, une telle croisade philosophique est longtemps restée l’apanage de l’extrême droite – quoiqu’avec des nuances selon les partis – avant de trouver en Georgia Meloni une cheffe de file au visage plus humain, et dont la tirade « Sono Giorgia… » (3) semble avoir fait des émules sur tout le continent, y compris dans les rangs du PPE.

Les récentes critiques émises contre le Pacte vert européen indiquent que la protection du mode de vie européen cible désormais aussi la transition écologique et ses promoteurs, sur la base d’une convergence philosophique entre nombre de partis de droite. Se chauffer au fioul ou au bois, utiliser des véhicules à moteur thermique, recourir sans modération aux pesticides ou au plastique… peuvent ainsi devenir autant d’usages présumés constitutifs d’un mode de vie traditionnel qu’il s’agirait de préserver contre les oukases de technocrates présentés comme déconnectés des réalités sociales, sinon environnementales. Le recul européen récent sur l’interdiction de la déforestation importée fait directement écho à ces réactions.

La conservation du mode de vie européen peut en effet et enfin s’enrichir d’un troisième volet plus économique, incluant une critique acerbe des institutions « kafkaïennes », des normes publiques et des prélèvements fiscaux, perçus comme attentatoires aux libertés individuelles et au dynamisme des entreprises. Si, là encore, des nuances peuvent être observées selon les partis de droite et d’extrême droite, nul doute que l’agenda de simplification administrative et normative de la « Commission Von der Leyen II » ne manquera pas de recevoir un très large soutien de la part des groupes PPE, ECR, PFE et ESN lors des débats bruxellois et strasbourgeois.

Les initiatives lancées par Donald Trump afin de défendre le mode de vie américain, sinon occidental, sont par ailleurs susceptibles de galvaniser les forces européennes de droite et d’extrême droite, même si elles seront vite confrontées à une double limite : celle liée à la capacité des actions de leur « oncle d’Amérique » à résoudre des problèmes souvent présentés de manière fort simpliste ; celle générée par leur possible nocivité pour les intérêts nationaux que les partis de droite et d’extrême droite sont réputés défendre – dès lors que restaurer la grandeur présumée perdue des USA conduira probablement à cibler l’UE, ses Etats-membres et ses citoyens.


Cette analyse cursive des rapprochements institutionnel, idéologique et philosophique à l’œuvre entre les partis européens de droite et d’extrême droite semble appeler à relativiser la portée des votes communs récemment observés au Parlement européen : elle conduit à tout le moins à souligner qu’une succession de « coagulations décisionnelles » n’est pas constitutive d’une véritable coalition politique, qui marquerait une véritable rupture au niveau communautaire.

Une telle analyse met aussi en exergue le rôle central du PPE, et notamment de ses puissantes composantes allemande et polonaise, dans la définition de la stratégie politique à privilégier. Il est à cet égard certain qu’un flirt trop prolongé avec les partis de la droite extrême et de l’extrême droite susciterait des représailles de la part des forces du centre et de la gauche : pour être en recul, elles n’en conservent pas moins un poids politique déterminant, raison pour laquelle il est d’ailleurs toujours possible que les institutions communautaires soient « gouvernées » par une grande coalition PPE-S&D-Renew, avec l’appoint ponctuel de l’ECR et/ou des Verts.

Alors même que leur domination politique n’a jamais été aussi nette, dans un contexte géopolitique appelant à la coopération, les membres du PPE doivent choisir entre deux formes d’union, celles des Européens et celle des droites – en étant conscients que cette dernière les conduirait à lâcher la proie pour l’ombre.


  1. Pour un suivi des affiliations partisanes des membres des du Conseil européen et des institutions européennes, voir Europe elects : https://europeelects.eu/europeancouncil/
  2. Au Conseil des Ministres de l’UE, 74 bases juridiques (sur 190) requièrent des décisions à l’unanimité – Pour un inventaire détaillé, voir Y. Bertoncini, T. Chopin Politique européenne, Sciences Po Dalloz, 2010, Annexe 1
  3. Voir Georgia Meloni « Sono Georgia, Sono una donna, sono una madre, sono italiana, sono cristiana… » : https://www.youtube.com/watch?v=Lh9AMSW_JM0
Article-Yves-Bertoncini

The union of right-wingers in the European Parliament: decision-making coagulations or political convergence?

By Yves Bertoncini,
European affairs consultant, lecturer, and teacher

The verdict of the European elections of June 2024 first reflects a relative political continuity, confirming both the dominance of the conservative right of the European People’s Party (EPP), which now holds 26% of the seats in Strasbourg, and the resilience of the Socialists & Democrats (S&D) group, which regressed very slightly to 18.9% of the seats. On this basis, many of the first votes of the legislature concerning the distribution of posts in the European Parliament, the election of members of the Commission and several initiatives at the start of the mandate have resulted in a fairly broad agreement between these two political groups, supported by the “Renew” liberals (10.7% of the seats, compared with 14% in 2019) and the Greens (7.4% compared with 10.2%).

In an institutional context also marked by a substantial increase in the number of seats held by nationalist right-wing and far-right parties in the European Parliament, a number of votes – initially consultative, then legislative – were also won thanks to a combination of approvals from the EPP and the European Conservatives and Reformists (ECR) (which includes MEPs from Fratelli d’Italia and the Polish Pis), as well as the “Patriots for Europe” group (created at the instigation of Viktor Orban and the Rassemblement National) and the “Europe of Sovereign Nations” group (ESN), created around members of the German AfD. For example, a resolution on the political situation in Venezuela, another on the possibility of the EU budget financing the construction of walls on its borders, and then votes to postpone the ban on imported deforestation.

Does this “decision-making coagulations” between conservatives and the far right reflect an institutional, ideological and philosophical rapprochement that is likely to recur in the long term, or does it rather reflect considerations of an ad hoc or even tactical nature? It is important to grasp the significance of this union of right-wing parties, since it could help shape the direction of the European Parliament and the EU in the short and medium term, in a particularly adverse and stimulating civic and international environment.

Figure 1: Breakdown of MEPs by political group (2024-… )
(Source: European Parliament, July 2024)

1. Right-wing forces in the institutional triangle: a weight which is strengthened, but not decisive

One of the historic consequences of the June 2024 electoral verdict is to lead to the numerical possibility of forming parliamentary majorities without the center and the left, i.e. majorities to the right of the EPP (see Figure 1). This numerical reality is underpinned by the growth of the ECR group, which now holds 10.3% of the seats (compared to 9.3% before), but also of the PFE group, which has become the 3rd largest political group, with 11.6% of the seats, compared to 8.8% for its predecessor “Identity & Democracy”: this is likely to consolidate the central role of the EPP Conservative group, which could even transform itself into a pivotal group whenever it considers and undertakes to form majorities on its right.

The distribution of positions of responsibility within the new Parliament has initially led the EPP to favor a “grand coalition”-type format, including by maintaining a cordon sanitaire preventing MEPs from the PFE group from obtaining any key role. This is why, for example, 7 of the parliamentary committee chairmanships have gone to the EPP, 5 to the S&D, 2 to Renew – but also 3 to the ECR. But the recent appointment of Sarah Knafo, member of Reconquête and ESN, as rapporteur for a text on European digital sovereignty, was only possible thanks to the majority support of MEPs from the whole of the right, whereas the proportional distribution of rapporteur positions does not usually include such peripheral groups.

It is also noteworthy that the votes on imported deforestation were the result of negotiations between the EPP and the ECR, which did not involve the representatives of the PFE and ESN groups, who were reduced to the role of auxiliaries, in this case decisive (see Figure 2). It is the advent of regular, structured discussions between these 4 groups that would be likely to forge a genuine union of right-wing parties. At this stage, it appears that EPP group chairman Manfred Weber has mainly sought to render less theoretical his possibility of evading his traditional negotiations with S&D and Renew, by means of essentially tactical warning shots aimed at strengthening his influence vis-à-vis his traditional partners rather than initiating an alternative political strategy.

Figure 2: Vote on an amendment to the directive on imported deforestation
(Source: European Parliament, November 2024)

The hypothesis of a right-wing union at EU level would also quickly come up against the balance of power within the other two poles of the EU’s institutional triangle – which would then resemble a form of “Bermuda triangle” for the rights.

The Commission now includes almost half of its members from the EPP, as well as two members appointed respectively by Georgia Meloni and Victor Orban: while the Brussels College can theoretically formalize its decisions through simple majority votes, it rather seeks a broad consensus involving all the members and sensibilities represented. Above all, its decisions are often based much more on the national origins of the Commissioners and diplomatic considerations than on partisan or ideological determinants.

The same applies, of course, to the European Council and the EU Council of Ministers, which operate on the basis of compromises linked primarily on state and national issues. While these two institutions have become increasingly right-wing in recent years (1), they count only a limited number of ECR (especially Italian) and PFE (especially Hungarian) representatives, whose nationalism does not necessarily encourage them to cooperate with their supposedly allied counterparts. It is symptomatic that both Georgia Meloni and Victor Orban opposed the reappointment of Ursula von der Leyen as President of the Commission, without succeeding in preventing it since it did not require a unanimous decision by the 27. Likewise, a highly theoretical union of the right-wing parties in the Council would be hard-pressed to prevail in the event of qualified majority voting, as long as political forces of the left or center govern in enough member states, including populous ones like Spain and France – since they could form blocking minorities if confrontations became partisan. It is more the prospect of national or nationalist blockages in the Council that is to be feared, given that more than a third of its decisions remain subject to the unanimity rule (2), in often sensitive areas: a single recalcitrant state therefore holds such blocking power, without the need to unite with others to this end.

2. A “union of the right” more ideological than partisan?

Electoral competition between conservative right-wing and far-right parties is another factor likely to hinder their union, even if it may also have the effect of fostering their ideological convergence.

From a strictly electoral point of view, the Civic Platform led by Donald Tusk is thus in head-on opposition to the PIS rather than in a logic of coming together with it; the same applies to the CDU-CSU and the AFD in Germany, the LR and the RN in France, the Partido popular and Vox in Spain, and so on. The union of the right is certainly the basis of the current Italian government, but it is also at work in Croatia, Finland and the Netherlands, and could soon be in Austria or the Czech Republic : these few examples do not seem to have sufficient drive to inspire the whole of the EU, and they remain characterized by a form of emulation and competition between the parties concerned.

This partisan competition can, however, produce a form of ideological convergence, encouraging traditional parties such as those belonging to the EPP to adopt the orientations and positions formulated by more extreme parties, whose advance they are seeking to stem. As European politics is also a matter of dynamics, it is no longer necessary for extreme right-wing parties to win electoral victories – which in fact remain fairly rare – in order to exert a strong political influence over their more established rivals – an influence which goes far beyond their strict institutional weight. In this respect, the verdict of the German parliamentary elections on February 23, 2025 is certainly a key event, both in Berlin and at European level: firstly, because it will reduce the intensity of the electoral competition underway between the CDU-CSU and the AFD; and secondly, because confirmation of the Conservatives’ predicted victory and the possible formation of a coalition with the SPD or the Greens, should encourage them to come to terms once again with their left-wing rivals, a move which is bound to have repercussions in Brussels and Strasbourg.

While the programmatic convergence sometimes observed between right-wing and far-right forces may stem from a form of electoral tactics, it cannot erase the persistence of essential ideological cleavages. These include their visions of the world, Russia, the USA, NATO and China; their real degree of support for membership of the EU, the eurozone and the European area of freedom of movement; their respect for democracy and the rule of law, human and women’s rights, the protection of minorities; and their adherence to the principle of European solidarity, be it financial, migratory or energy-related… Not only do the conservative right and the far right often differ on many of these issues, as the clashes between Ursula von der Leyen and Victor Orban have reminded us. But the same is true of members of the ECR, PFE and ESN groups, whose elected representatives are scattered across three groups in Strasbourg, not least because the AFD’s elected representatives have been deemed unattractive by those of the RN. This dispersion also puts into perspective the cohesion and European impact of an untraceable “international of nationalists”, whereas a “convergence of conservatives” between the EPP and ECR seems much more tangible.

3. Defending the European “way of life”: a common philosophical foundation for the right-wingers?

By announcing at the European Parliament in July 2019 that she wanted to make the “protection of the European way of life” one of the 6 priorities of her 1st mandate, and by linking immigration to it, Ursula von der Leyen may have prefigured a form of philosophical convergence common to all the right-wingers: such a political signal had in fact enabled her to secure her 1st election to within 9 nine votes, thanks to the declared support of the elected members of the Polish PIS. While she quickly had to give priority to “promoting” the European way of life, to retain the support of Renew and S&D, isn’t her initial intuition likely to be reaffirmed to give rise to targeted convergences between the right-wingers, as the first joint votes at the start of the legislature suggest?

The defense of the European way of life has been invoked first and foremost in the context of identity and immigration, which feeds the expression of an increasingly assertive racism, but also a form of cultural anxiety to which all right-wing parties appear sensitive. The same is true of political Islamism, which arouses identity-based reactions and tensions on the right, and even security anxieties in the wake of successive terrorist attacks. Against the backdrop of Europe’s demographic decline and de-Christianization, these reactions go hand in hand with “nativist” aspirations, feeding into criticism of the right to abortion and medically assisted reproduction, denunciation of homosexual rights (notably marriage and parenthood), and disapproval of LGBT movements and “woke” ideology. First embodied by Victor Orban, such a philosophical crusade long remained the prerogative of the far right – albeit with nuances depending on the party – before finding in Georgia Meloni a leader with a more human face, and whose tirade “Sono Giorgia…” (3) seems to have been emulated across the continent, including in the ranks of the EPP.

Recent criticism of the European Green Deal indicates that the protection of the European way of life is now also targeting the ecological transition and its promoters, based on a philosophical convergence between many right-wing parties. Heating with oil or wood, using combustion-powered vehicles, unrestrained use of pesticides or plastics… are all presumed to be part of a traditional way of life that needs to be preserved against the dictates of “technocrats” presented as out of touch with social, if not environmental, realities. The recent European retreat on the ban on imported deforestation directly echoes these reactions.

The preservation of the European way of life can also be enriched by a third, more economic component, including a scathing critique of “Kafkaesque” institutions, public standards and tax levies, perceived as detrimental to individual freedoms and business dynamism. Here too, there are nuances between right-wing and far-right parties, but there is no doubt that the Von der Leyen II Commission’s agenda for simplifying administrative procedures and standards will receive very broad support from the EPP, ECR, PFE and ESN groups during the debates in Brussels and Strasbourg.

The initiatives launched by Donald Trump to defend the American, if not Western, way of life are also likely to galvanize European right-wing and far-right forces, even if they will soon be faced with a double challenge: that linked to the ability of their “American uncle’s” actions to solve problems often presented in a very simplistic way; that generated by their possible harmfulness to the national interests that right-wing and far-right parties are reputed to defend – since restoring the presumed lost “greatness” of the USA will probably lead to targeting the EU, its member states and its citizens.


This cursory analysis of the institutional, ideological and philosophical rapprochements at work between European right-wing and far-right parties seems to call for a relativization of the impact of the joint votes recently observed in the European Parliament: at the very least, it leads us to emphasize that a succession of “decision-making coagulations” does not constitute a genuine political coalition, which would mark a real break at Community level.

Such an analysis also highlights the central role of the EPP, and in particular its powerful German and Polish components, in defining the political strategy to be favored. In this respect, it is certain that too prolonged a EPP flirtation with the parties of the nationalist right and extreme right would provoke reprisals on the part of the forces of the center and the left: although they may be in retreat, they nonetheless retain a decisive political weight, which is why it is still possible for the Community institutions to be “governed” by an EPP-S&D-Renew informal grand coalition, with the occasional addition of the ECR and/or the Greens.

At a time when their political domination has never been so clear-cut, in a geopolitical context that calls for cooperation, EPP members must choose between two forms of union, that of the Europeans and that of the Right – aware that the latter would lead them to give up the prey for the shadow.


  1. For an overview of the partisan affiliations of members of the European Council and European institutions, see Europe elects: https://europeelects.eu/europeancouncil/
  2. In the EU’s Council of Ministers, 74 legal bases (out of 190) require unanimous decisions – for a detailed inventory, see Y. Bertoncini, T. Chopin Politique européenne, Sciences Po Dalloz, 2010, Appendix 1
  3. See Georgia Meloni “Sono Georgia, Sono una donna, sono una madre, sono italiana, sono cristiana…”: https://www.youtube.com/watch?v=Lh9AMSW_JM0
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