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Originaire d’un village de Sarre aujourd’hui allemand, berceau de l’entreprise familiale Villeroy & Boch, François VILLEROY DE GALHAU tire de cette expérience de vie et de sa carrière professionnelle – qui l’a amené à parcourir l’Europe et le monde –, un livre d’espérance sur l’Europe. Il suggère des pistes concrètes qui permettent d’y croire encore.
Françoise Pons : Quelles raisons vous ont poussé à entreprendre ce livre ?
François Villeroy de Galhau : j’ai écrit ce livre parce que, comme beaucoup, je refuse d’en rester à cette morosité, à cette désespérance qui touche singulièrement la France, alors qu’il se passe tant de choses positives à nos frontières. J’y raconte les Européens, ce qu’ils sont avec leurs histoires vécues et leurs projets, mais aussi l’Europe dans sa réalité quotidienne de chair et de sang, une Europe que l’on puisse aimer. Sans rien nier des difficultés, mon espoir se fonde sur tous les éveilleurs, sur tout ce qui naît et réussit en Europe. Car entre les cyniques qui ne croient plus à rien ni à personne, et les imprécateurs qui les dénoncent, ils sont heureusement nombreux en Europe ceux qui ont encore envie « d’y croire », de regarder en avant, d’agir. Notre pays et l’Europe en valent encore la peine.
F. P. : Comment faire pour susciter une renaissance européenne ?
F. V. : La première urgence, c’est de situer notre identité d’Européens, et de retrouver par là notre fierté. À l’évidence, l’Europe n’est pas une nation et je ne crois pas possible dans les prochaines décennies le grand saut fédéral dont certains rêvent. Pour autant, cette identité européenne existe, qui va plus loin que la paix et la réconciliation.
Mais l’Europe aujourd’hui, c’est surtout un modèle de société. Pour moi, c’est d’abord cela : un esprit entrepreneurial mais imprégné de responsabilité sociale, des services publics forts et une solidarité active qui nous préserve mieux des inégalités. Contrairement à ce que nous, Français, croyons trop souvent, ce modèle est compatible avec le succès économique dans la mondialisation. Le chemin pour y parvenir, ce sont les réformes. C’est notre urgence française.
F. P. : L’Europe semble totalement désarmée face au chômage. Que faudrait-il faire ?
F. V. : Il n’y a pas en effet aujourd’hui de maladie européenne plus grave que le chômage, qui touche notamment plus de 5 millions de jeunes dans l’Union. Mais il est tout à fait à portée de main de le réduire considérablement. Comme l’Europe a toujours avancé d’abord par des projets concrets, je propose de mettre en œuvre un grand« Erasmus Pro » qui viserait à encourager la mobilité européenne des jeunes non-qualifiés. 200 000 apprentis en bénéficieraient chaque année, un million en cinq ans. Au bout de quelques années, ils reviendraient dans leur pays d’origine en « europatriés », riches d’une langue, d’une qualification et d’un métier : cela changerait tout pour eux, mais aussi pour la confiance générale en Europe ! Et l’Europe a les moyens de le financer – 5 milliards par an (20 000 à 30 000 euros par jeune) –, y compris avec l’enveloppe dédiée à la « garantie jeune »… qui est sous- consommée faute de projets !
F. P. : Dans votre livre, les mesures que vous décrivez exigent un grand sens de la responsabilité et du bien commun. La société est-elle en phase avec cette exigence ?
F. V. : La société, les citoyens, me semblent plus conscients du besoin de réformes qu’on ne le dit. Bien sûr, chacun aimerait être épargné lui- même. Mais des politiques ayant une vision d’ensemble peuvent entraîner leur pays, fût-ce au prix d’une impopularité temporaire. Gerhard Schröder a fait de dures réformes avec l’assentiment populaire. Dans les tempêtes, l’équipage apprécie de voir clairement le cap.
F. P. : Vous connaissez bien la France et l’Allemagne. Quelle recette conseillez-vous pour redynamiser le couple franco-allemand ?
F. V. : Je propose un week-end de « thérapie de couple », loin des micros et des caméras, par exemple à Birnau sur les bords du lac de Constance. Il faut nous dire clairement la vérité sur nos divergences de fond et au passage sur nos malentendus du moment : je ne comprends pas pourquoi une réforme bienvenue du collège en France doit entraîner la suppression des classes bilingues… Mais il faut voir aussi tout ce qui nous rapproche : nous avons deux modèles de société proches, et nous avons impérativement besoin l’un de l’autre dans la mondialisation.
F. P. : Votre spiritualité chrétienne sous-tend votre livre. Quel en est le lien pour vous avec l’Europe ?
F. V. : La plupart des pères fondateurs de l’Europe étaient chrétiens. Mais plus que cela, ces hommes voulaient, en artisans de paix, unir les peuples par-delà des frontières douloureuses. Ils n’ont pas eu peur de prendre de grands risques politiques. Ils nous donnent aussi une leçon sur l’éthique du dialogue dans nos pays aujourd’hui si divisés. Le dia- logue en démocratie consiste à reconnaître que malgré les différences l’autre est également respectable. Le compromis n’est pas lâcheté mais courage d’avancer.
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