Auteur : Lorène Weber
Chargée de Mission Finance et Jeunes
Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe
Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.
Le 10 novembre dernier, des élections législatives se tenaient en Espagne, pour la quatrième fois en quatre ans. Ces élections ont vu la montée du parti d’extrême-droite Vox et, une fois de plus, un Parlement fragmenté compliquant la formation d’un gouvernement. Décryptage avec Lorène Weber, du think tank Confrontations Europe.
Euradio : Quels sont les principaux résultats à retenir de ces élections législatives espagnoles ?
Comme en avril dernier, c’est le PSOE, parti de centre-gauche du Premier ministre Pedro Sánchez, qui est arrivé en tête avec 120 sièges au Parlement sur 350, soit une perte de 3 sièges par rapport aux élections précédentes. Le PP, parti de droite et de centre-droit, se place en deuxième position avec 89 sièges, soit un gain de 23 sièges : ils remontent donc la barre par rapport aux élections d’avril, qui s’étaient soldées par le pire résultat électoral dans l’histoire du PP. Mais le résultat le plus notable de cette élection est l’arrivée en troisième position du parti d’extrême-droite Vox, qui a plus que doublé son nombre de députés, avec 52 sièges. En quatrième place, le parti de gauche Podemos obtient 35 sièges, soit une perte de 7 sièges. Quant au parti libéral Ciudadanos, c’est l’hécatombe avec seulement 10 élus et une perte de 47 sièges. Suite à ces résultats catastrophiques, le chef historique du parti, Albert Rivera, a annoncé se retirer de la vie politique espagnole, renonçant à son siège de député et au leadership du parti.
Derrière ces chiffres, comme souvent, se cachent des disparités régionales. Par exemple, Vox a doublé ses sièges en Andalousie, est passé de 1 à 6 sièges en Castille-et-Léon ou encore de 3 à 7 sièges dans la communauté de Valence, et a fait son apparition dans les Canaries, mais a stagné dans d’autres régions et est toujours absent en Galice, en Navarre, dans le Pays Basque, et la Rioja.
D’après les observateurs, cette montée du parti Vox peut s’expliquer par différents facteurs : lassitude d’élections à répétition et déception vis-à-vis des partis traditionnels, vote anti-immigration, irritation suite aux troubles liés aux velléités indépendantistes en Catalogne…
En tout cas, après ces élections, le Parlement espagnol se retrouve encore plus fragmenté qu’après les élections précédentes, ce qui va compliquer la formation d’un gouvernement.
Euradio : Justement, peut-on s’attendre à ce que Pedro Sánchez réussisse à former un gouvernement ?
Avec 120 sièges, le PSOE seul n’a évidemment pas de majorité absolue au Parlement espagnol (qui est de 176 sièges) et a besoin de former une coalition avec d’autres partis.
Le 12 novembre, Pedro Sánchez a abouti à un accord de coalition avec le leader de Podemos, Pablo Iglesias. A cette coalition PSOE – Podemos s’ajoutent les petits partis Más Pais et le Parti régionaliste de Cantabrie, mais cela ne permet pas encore de constituer une majorité absolue au Parlement. D’après les dernières données du journal espagnol El País, la coalition de Pedro Sánchez compte actuellement 159 sièges au Parlement, 168 s’y opposent, et 28 sont indécis. Pedro Sánchez cherche actuellement à rallier le Parti de la Gauche Républicaine Catalane à la coalition, et la négociation semble délicate. En plus de cela, pour atteindre une majorité, Sánchez aura besoin de rallier plusieurs petits partis régionaux à la coalition, comme le Parti nationaliste basque, la coalition pour les Canaries, et le Bloc nationaliste de Galice. Enfin, il aura besoin de l’abstention du parti Bildu, un parti basque radical nationaliste de gauche.
Si Pedro Sánchez échoue à réunir une coalition qui lui permette d’atteindre une majorité au Parlement, le spectre de nouvelles élections législatives plane, encore une fois, sur l’Espagne.
Réécoutez cet édito sur le site d’Euradio : https://euradio.fr/2019/11/21/les-suites-des-elections-legislatives-en-espagne-ledito-de-confrontations-europe/