Auteur : Edouard SIMON
Directeur du Bureau de Bruxelles
Le 18 novembre dernier, le Parlement européen adoubait enfin le dernier candidat Commissaire, le hongrois Oliver Varhelyi, mettant ainsi un terme au véritable feuilleton des auditions parlementaires de la nouvelle Commission européenne. Le nouveau Collège devrait maintenant être confirmé dans son intégralité le 27 novembre prochain. Retour sur les enjeux de cette confirmation.
Il ne faut probablement pas trop s’avancer, car cette séquence – ce feuilleton, qui a commencé en juin dernier, nous a réservé quelques surprises. Mais avec la validation des nouveaux candidats français, roumain et hongrois, la voie semble en effet se dégager pour le vote de confirmation du Parlement européen en plénière la semaine prochaine. Ce serait, en effet, une très grosse surprise si la Commission von der Leyen n’obtenait pas une majorité, et si celle-ci n’était pas largement plus confortable que celle avec laquelle Ursula von der Leyen avait été élue le 13 juillet par le même Parlement.
Il y aurait pu y avoir un épisode supplémentaire à cette séquence avec le refus exprimé par le Royaume-Uni, en pleine campagne électorale, de nommer un Commissaire britannique. Mais, il semble que la procédure d’infraction lancée par la Commission suffise à assurer que le futur exécutif européen se conforme bien aux Traités.
On peut dire que cette séquence aura été longue mais aussi marquée par de nombreuses tensions et rebondissements – on peut penser notamment au rejet de la candidature de Sylvie Goulard. Comment expliquer que ces auditions aient viré au règlement de compte politique ?
Il me semble que deux facteurs ont joué dans cette séquence. D’une part et principalement, l’absence de majorité stable au Parlement européen a favorisé les comportements imprévisibles ou les règlements de compte entre groupes politiques. Mais, d’autre part, il faut également relever que l’inexpérience d’Ursula von der Leyen sur la scène européenne et notamment au contact du Parlement européen a sans doute joué et n’a donc pas permis de changer la donne.
Faut-il s’attendre à ce que cet épisode laisse des traces ? Est-ce que les rapports de force auxquels nous avons assisté préfigurent ceux des cinq années à venir ?
Tout va dépendre de la manière dont Ursula von der Leyen va réussir ou non à reprendre la main. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la séquence dont elle sort ne l’a pas renforcée. Elle a ainsi semblé passive et subir les événements depuis la présentation de son Collège en juillet dernier. Mais, plus grave selon moi, Ursula von der Leyen a semblé se laisser imposer, au cours de cette séquence, de nombreuses choses, en particulier, par les Etats membres. Rappelez-vous comme certains dirigeants européens ont insisté sur l’importance du portefeuille qui leur était attribué, au mépris de l’esprit européen le plus élémentaire.
Il lui faudra donc reprendre la main, car rien ne serait pire qu’une Commission qui resterait l’otage des velléités des Etats pour les cinq prochaines années.