Anne MACEY
Déléguée générale, Confrontations Europe
Dans quelques jours s’ouvrira la COP24 à Katowice, en Pologne. Vous pouvez nous rappeler ce que c’est qu’une COP ?
D’abord qu’est-ce que c’est qu’une COP ? C’est une Conférence des parties qui regroupe une fois par an les gouvernements de quasiment tous les pays du monde qui se réunissent pour lutter contre le réchauffement climatique. Elle réunit également des ONG, des villes, des entreprises, bref tous les acteurs concernés…
Le réchauffement climatique pose un problème existentiel : on connaît les conséquences dramatiques et irréversibles de températures plus élevées (incendies, inondations…) et au bout du compte un monde invivable pour l’humanité, nos enfants… C’est notre survie qui est en jeu. Limiter le réchauffement climatique à 2°C et même 1,5°C est faisable si on s’y prend tout de suite. Le problème est que les émissions augmentent de nouveau beaucoup dans le transport, le bâtiment…et même un peu l’électricité.
Quels sont les enjeux de cette COP 24 ?
Le principal enjeu est de mettre en œuvre concrètement les Accords de Paris qui prévoient des engagements de réduction des gaz à effet de serre. La boîte à outil est prévue dans les Accords de Paris signés il y a trois ans, il faut à présent qu’elle soit opérationnelle. Or, les Etats-Unis sont sortis, le Brésil vient d’annoncer qu’il ne tiendrait pas la COP25 chez lui… mais cela n’invalide pas pour autant ces Accords.
Et l’Europe dans tout ça ? Et puis, quelle est la position de la France, de l’Allemagne ?
Pour que cette COP soit un succès, il faut que l’Europe n’arrive pas en ordre dispersé, mais soudée avec une position européenne commune de révision de nos engagements climatiques puisque nous sommes déjà en dehors des clous. La France s’est battue pour l’obtenir et a réussi. Ce n’était pas chose aisée. D’autant que l’Allemagne est un peu frileuse depuis qu’Angela Merkel a réalisé qu’elle ne tiendrait pas ses engagements pour 2020. Pas facile de les tenir alors que l’Allemagne a décidé de sortir du nucléaire d’ici 2022 et plus récemment de sortir aussi du charbon.
Mais l’Europe toute seule ne suffira pas à limiter le réchauffement climatique…
C’est vrai : il faut pour que cette COP soit un succès que nous soyons solidaires avec les pays en développement, en contribuant au Fonds Vert pour la Planète qui aide ces pays à ne pas décrocher par rapport à l’Accord de Paris. Le Président Macron s’est vu également confier par le Secrétaire général de l’ONU la mission de s’assurer que les fonds soient mobilisés.
Enfin, pour qu’on puisse inverser la tendance, il faut que tous les acteurs se mobilisent, les petits comme les gros, y compris les financiers privés, qui doivent s’engager à ne pas financer des projets polluants avec l’argent que nous réussissons difficilement à mettre de côté.
Mais quel sera le sort des mineurs polonais ou même des gilets jaunes ?
Nous réussirons cette transition avec les acteurs industriels européens, pas contre eux. Parce que si notre industrie se barre en Chine, il n’est pas sûr qu’on y gagne en termes d’emploi ni d’ailleurs sur le climat. Parce que les Chinois ne sont pas vraiment transparents sur leurs engagements et continuent à nous dire qu’ils sont un pays en voie de développement.
Enfin, et c’est là une question démocratique, nous devons définir tous ensemble en Europe comme au niveau national par des dialogues participatifs ce que ça veut dire une « transition écologique juste sur le plan social » qui permette de réussir le combat climatique. Ce dialogue nous devons le mener en Europe, avec les Polonais, les « gueules noires » qui travaillent dans les mines de charbon en Silésie, comme chez nous sur les territoires avec les gilets jaunes.