Auteur : Lorène Weber
Chargée de Mission Finance et Jeunes
Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe
Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.
Le 15 janvier, le Parlement européen a posé les premières pierres à la Conférence sur l’avenir de l’Europe, qui devrait s’ouvrir le 9 mai prochain, à l’occasion de la Fête de l’Europe. Lorène Weber, du think tank Confrontations Europe, nous apporte un éclairage sur les prémices de cette Conférence.
Euradio : D’où le projet de Conférence sur l’avenir de l’Europe est-il né ?
Au départ, la Conférence sur l’avenir de l’Europe figure parmi les priorités exprimées par la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, en juillet dernier. Elle n’était pas entrée dans le détail de ce en quoi cette Conférence consisterait exactement, mais elle avait exprimé la nécessité d’impliquer directement les citoyens européens dans l’élaboration des politiques de l’UE pour les années à venir, en les rassemblant au sein d’une grande conférence, avec également des représentants de la société civile et des institutions européennes. La Présidente de la Commission ne s’était pas aventurée à détailler davantage les contours de cette conférence, en précisant que le Parlement européen, la Commission et le Conseil devraient fixer ensemble sa portée et ses objectifs.
Par la suite, Dubravka Šuica, la Vice-présidente de la Commission pour la Démocratie et la Démographie, avait insisté sur le caractère inclusif que cette conférence devrait avoir, en s’assurant que les voix de tous les citoyens soient entendues, et en incluant les autorités locales et régionales dans le processus.
Euradio : Qu’a décidé le Parlement européen la semaine dernière ?
Le Parlement européen a ouvert le débat sur la structure de cette Conférence en adoptant une résolution le 15 janvier, en développant sa position en vue des négociations à venir avec la Commission et le Conseil. Les groupes politiques pro-européens ont notamment insisté sur l’importance d’associer les citoyens aux délibérations en leur permettant de présenter leurs recommandations, et de ne pas fixer à l’avance les objectifs à atteindre en termes de réforme politique ou institutionnelle. Il s’agit de co-construire les résultats de la conférence, et non pas de la pré-déterminer par le haut. Le Parlement préconise pour cette Conférence des agoras citoyennes thématiques, et des agoras jeunesse, rassemblant 200 à 300 citoyens par agora. Les citoyens membres de ces assemblées devront être représentatifs en âge, genre, origine sociale et niveau d’éducation, et leur sélection devra être organisée par des institutions indépendantes dans chaque Etat membre. En plus des citoyens, des représentants des institutions européennes, des parlements nationaux et d’organisations de la société civile participeront à cette Conférence.
Euradio : La Commission européenne a organisé par le passé des dialogues citoyens ou consultations citoyennes. En quoi cette Conférence diffère-t-elle ?
En un mot, par ses ambitions. Elle se déroulera à grande échelle, avec une dimension transnationale rassemblant des citoyens des 27 Etats membres, et pendant deux ans. Et le Parlement européen veut que cette Conférence débouche sur des résultats, des changements, des réformes concrètes, ce qui n’a pas été le cas avec les dialogues citoyens. Il s’agit d’élaborer des recommandations concrètes pour l’évolution des politiques européennes, et que les institutions et les Etats membres les mènent à bien. Plusieurs députés ont insisté sur l’importance de délivrer à l’issue de cette conférence, c’est-à-dire d’apporter des réformes concrètes répondant à la volonté des citoyens, ce qui pourrait éventuellement passer par une réforme des traités.