Hydroélectricité : optimiser la production, partager la ressource

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Dans un entretien pour Confrontations Europe, Laurence Borie-Bancel, Présidente du directoire de CNR nous présente sa vision sur le rôle de l’énergie hydroélectrique dans la décarbonisation du mix électrique français.

La Compagnie nationale du Rhône a vue renouvelée sa concession relative à la gestion du Rhône en février 2022. Dans le cadre de cette concession, la CNR exerce une triple mission d’intérêt général : la production d’électricité d’origine hydraulique, la navigation fluviale et l’irrigation agricole. Peut-on qualifier votre organisation d’acteur global de l’eau ?

Laurence Borie-Bancel : En effet, notre mission sur le Rhône est holistique avec une solidarité entre ces trois missions et le fait que la gestion du Rhône nous ait été confiée de la frontière suisse jusqu’à la Méditerranée. Nous ne sommes donc pas un simple acteur de l’hydroélectricité en France, mais bien un acteur global de l’eau. Grâce à la valorisation du fleuve par la production d’électricité, on est capable de financer la navigation et l’irrigation. D’ailleurs, dans l’histoire de notre concession, l’objectif d’une voie navigable à grand gabarit était majeur et la première infrastructure construite a été le Port de Lyon. Avec ses infrastructures construites sur le Rhône depuis 1933, CNR répond aux différents besoins en eau, y compris lors de la sécheresse historique de 2022. Cet épisode illustre parfaitement ce que recouvre notre responsabilité sur le bassin. Un autre aspect clé de notre modèle est la redistribution de la valeur créée aux collectivités traversées par le fleuve. Il est donc important pour nous d’être identifiés en tant qu’aménageur du fleuve et pas uniquement comme producteur d’électricité.

Dans un contexte de décarbonation du mix électrique français et européen à horizon 2030, vous avez affirmé votre attachement à une participation plus importante de l’énergie hydroélectrique dans ce grand élan industriel. Dans quelles mesures les grands bassins fluviaux européens peuvent-ils accompagner le chemin de l’Europe vers la neutralité carbone ?

L.B-B. : Le bassin du Rhône fournit le quart de l’hydroélectricité en France. Nos centrales au fil de l’eau ne représentent que 3 GW de capacité installée, pour 25 GW au niveau national. Mais il ne faut pas seulement s’intéresser à la puissance ; il faut aussi considérer l’énergie produite. Le Rhône est un fleuve puissant et nos centrales, aménagées en cascade sur plus de 500 km, valorisent chaque goutte d’eau tout en la restituant. En 2023, la production s’est élevée à plus de 13 TWh, et contribue à la fois à la souveraineté énergétique et à la décarbonation du mix énergétique de la France.

Donc, oui, je suis convaincue que l’hydroélectricité est une des énergies de demain, renouvelable, flexible et pilotable, dans le mix européen.

Cela se concrétise dans le cadre de la prolongation de notre concession par un investissement fléché et contractuel de 500 millions d’euros (valeur 2018). Lorsqu’on y applique l’inflation, cette somme approche les 800 millions d’euros. Il vise l’augmentation de la production d’électricité d’environ 0,5TWh via la construction de six petites centrales hydrauliques dans la partie sud du Rhône et le projet d’un 20ème ouvrage, à la confluence avec l’Ain1. Ce projet, Rhônergia, devrait fournir 40MWh supplémentaires à partir de 2033, si la décision de l’Etat de poursuivre ce projet est positive et une fois toutes les autorisations obtenues. Cela en ferait le dernier ouvrage de grande ampleur en France.

À côté de ces nouvelles infrastructures pour augmenter la capacité, nous continuons à investir dans notre outil existant, qui a 52 ans de moyenne d’âge. 400 millions d’euros sont consacrés à son maintien en bon état, sur la période 2021-2024.

L’an dernier, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse publiait un rapport préoccupant soulignant le risque d’une diminution de 20% du débit du Rhône dans les 30 prochaines années. Comment la CNR prépare-t-elle le futur de la production hydroélectrique dans le bassin du Rhône ?

L.B-B. : Cette diminution de 20% du débit du Rhône concerne la saison estivale. La même étude indique que nous devrions bénéficier d’un débit plus important en hiver, de l’ordre de plus 25% par rapport à la moyenne actuelle. A l’horizon 2055, le débit moyen annuel du Rhône devrait en fait peu varier, mais il y aura des variations très conséquentes, d’une saison à l’autre. Les périodes de sécheresse intense seront plus fréquentes, de l’ordre de tous les six ans. Elles sont et seront la principale menace pour notre production d’hydroélectricité.

Nous sommes à ce jour capables de nous adapter dans une certaine mesure en organisant la maintenance de nos ouvrages l’été pour atteindre une disponibilité maximale en hiver, lorsque la demande en électricité est forte. Un autre levier d’adaptation est notre maîtrise de toute la chaîne de valeur : même si nos ouvrages sont conçus au fil de l’eau, nous les pilotons en infra-journalier pour dégager de la flexibilité (jusqu’à 1000 MW de modulation dans une journée) et contribuer à l’équilibre du réseau électrique.

Mais nous ne sommes pas en mesure de gérer l’inter-saisonnalité, notre production dépendant du volume d’eau dans le fleuve et donc des conditions météorologiques. Conscients de cette vulnérabilité, nous avons diversifié notre production, en maintenant son caractère 100% renouvelable. Nous avons déjà 1 000MW de puissance installée en éolien et photovoltaïque et visons 2 500MW en 2030, et ce, dans toute la France. En parallèle, nous travaillons sur le stockage par batterie ainsi que sur la production d’hydrogène renouvelable. Et, sans disposer à ce jour de projet avancé de STEP, je pense que ce type d’infrastructures mérite d’être étudié.

La présence d’élus au sein de la gouvernance de CNR est-elle un atout, notamment pour faire des arbitrages si la disponibilité de la ressource en eau est moindre ? Ce modèle public/privé est-il vertueux pour l’avenir ?

L.B-B. : Je suis convaincue que le modèle de CNR constitue un atout indéniable. La participation de 183 collectivités, détenant 17% du capital, crée un lien essentiel de solidarité entre territoires et de dialogue avec les parties prenantes autour du fleuve.

Avec la prolongation de la concession de CNR, nous avons réitéré et approfondi notre engagement auprès des territoires : nos missions d’intérêt général, inscrites depuis 2003 dans le cahier des charges, sont dorénavant assorties d’un budget de 165 millions d’euros tous les 5 ans. Les actions entreprises, liées aux énergies renouvelables non-matures, à l’agriculture, à la biodiversité, à la navigation et au développement local, renforcent notre ancrage. Les comités de suivi de la concession, qui réunissent nos parties prenantes – élus locaux, parlementaires, Etat et associations – sont une autre manière de favoriser l’appropriation de nos actions et un développement concerté. L’équilibre capitalistique unique de CNR, avec la participation majoritaire du public – collectivités et Groupe Caisse des Dépôts – et la présence d’ENGIE détenant 49,97%, est précieux. Il confère crédibilité et légitimité en représentant une diversité de voix.

La Commission européenne compte sur les voies navigables pour le transport de marchandises dans le cadre du réseau transeuropéen de transport. Dans le même temps, la réduction du débit des grands fleuves européens menace ce même trafic. Quelles actions la CNR et les autres gestionnaires des bassins fluviaux européens entreprennent-ils pour garantir le plein potentiel de ces « autoroutes fluviales » ?

L.B-B. : Tous les gestionnaires européens de voies navigables doivent être au rendez-vous pour conforter les ambitions du Pacte Vert de réduire les émissions de GES des transports et soutenir la compétitivité du fluvial. Je salue le projet de révision de la directive sur le transport combiné, qui consolidera le report de la route vers des modes massifiés comme le fer et le fleuve. Cette approche complémentaire est cruciale dans la vallée du Rhône pour redynamiser le transport fluvial qui accuse une baisse sensible des trafics. Et, encore une fois, cela soutiendra dans le même temps la santé économique des territoires.

Aujourd’hui, la voie navigable à grand gabarit entre Lyon et la Méditerranée est en capacité d’accueillir quatre fois plus de trafic, sans nouvel investissement ; jouons donc la carte du fluvial ! Sur notre périmètre, la majorité de nos sites industrialo-portuaires disposent d’embranchements ferroviaires et CNR incite les industriels à utiliser le fluvial, avec des ristournes sur les loyers des parcelles par exemple. Le travail collectif est également essentiel, entre l’Etat, CNR, le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), Voies Navigables de France (VNF) et les chargeurs.

Le bassin Rhône-Saône est moins impacté que d’autres bassins comme le Rhin ou le Po par les effets du changement climatique mais la résilience de nos ouvrages, portuaires ou hydroélectriques, doit être considérée.

Quatre centrales nucléaires sont installées sur les rives du Rhône. Autre grande source d’électricité dans le bassin du Rhône, l’énergie nucléaire est également très dépendante des ressources en eau. Quelle relation entretient donc la CNR avec les centrales nucléaires en bordure du Rhône ?

L.B-B. : Nous entretenons d’excellentes relations avec EDF, régies par des conventions qui régulent la fourniture d’eau, pompée dans le Rhône pour le refroidissement des centrales nucléaires. Dans le cadre du projet Rhônergia, à la confluence de l’Ain et du Rhône, une nouvelle forme de collaboration émerge pour assurer la compatibilité de notre projet hydroélectrique avec celui des futurs EPR à la centrale du Bugey.

Ce dialogue entre industriels et avec les services de l’Etat est essentiel. Avec le changement climatique et la raréfaction de la ressource, l’équilibre sera plus délicat entre le refroidissement des centrales nucléaires, l’hydroélectricité et les usages comme l’irrigation et la navigation. Se pose aussi la question de la température de l’eau, avec les systèmes de refroidissement en cycle ouvert qui constituent 60% des installations nucléaires sur le Rhône ; l’étude de l’Agence de l’eau pointe leur impact, avec le réchauffement climatique, sur l’augmentation de la température du milieu.

Face à ces défis, je veux souligner la résilience du modèle de CNR. A l’été 2022, nous avons été en capacité de répondre aux différents besoins en eau, alors que notre production hydroélectrique a accusé une baisse de 25% !

Nous évoquions la question des conflits d’usage, présents et à venir. Cela se manifeste tout particulièrement dans le secteur agricole, très demandeur en eau, comme on l’a vu avec les projets de méga bassines. Quel rôle joue CNR dans l’adaptation des pratiques agricoles à la raréfaction de l’eau?

L.B-B. : L’irrigation des terres agricoles est l’une de nos trois missions historiques, concrétisée par 400 prises d’eau le long du fleuve. Nous l’avons revisitée et innovons dans le cadre de nos missions d’intérêt général pour accompagner davantage les agriculteurs dans leur transition vers une agriculture plus durable. Le secteur agricole représente la moitié des prélèvements d’eau dans le bassin. CNR a déjà engagé 27 millions d’euros pour 2023-2027 afin de d’accroître l’efficacité des réseaux d’irrigation, renforcer la résilience agricole face au changement climatique, et optimiser l’interaction agriculture-énergie.

Concrètement, cela se traduit par des projets d’accompagnement de 138 agriculteurs dans la vallée du Rhône, des initiatives telles que la rénovation d’un réseau d’irrigation à 70% dans la plaine de Chomérac (Ardèche) et le développement de l’agrivoltaïsme, avec un démonstrateur « Parcelles du futur » à Lyon. Comme pour nos autres activités, nous menons ce travail en partenariat, avec les chambres d’agriculture et avec une composante Recherche et Innovation pour concilier souverainetés énergétique et alimentaire.

En parallèle de ces efforts de valorisation et d’adaptation du Rhône dans le cadre de la transition énergétique, vous vous êtes également engagés dans un processus de renaturation du fleuve et de ses berges. Dans quelle mesure cet effort de restauration des biotopes s’inscrit-il dans le processus d’application des dispositions de la directive cadre sur l’eau ?

L.B-B. : En matière de préservation de la biodiversité, notre politique s’appuie sur plus de 20 ans de projets de restauration hydrologique et écologique et de travaux scientifiques. Nous échangeons dans de nombreuses instances, comme le Comité de Bassin, avec d’autres acteurs pour maintenir un équilibre essentiel entre l’environnement et les autres usages de l’eau.

CNR a réalisé le plus grand programme de réhabilitation d’un fleuve en Europe, en recréant des zones humides sur 120 km du Rhône, en démantelant des ouvrages du XIXe siècle pour une meilleure connectivité entre le Rhône et ses bras secondaires et en construisant des ouvrages de franchissement piscicole. Avant même les obligations de la Directive cadre sur l’eau, nous avions augmenté les débits réservés aux annexes du fleuve. Et nous continuons notre engagement pour la nature, que ce soient les milieux aquatiques, sur les berges ou forêts de notre domaine.

Lors des discussions parlementaires du projet de loi Aménagement du Rhône en 2022, la question de l’ajout d’une mission biodiversité dans le cahier des charges de la concession a été soulevée. Notre réponse a été la suivante : la biodiversité est transverse et intégrée à nos missions historiques.

L’appel lancé par le CESE européen, un ensemble de députés européens et d’acteurs de la société civile pour un Blue Deal, visant à développer l’« économie bleue » et accompagner les transformations du Green Deal par des dispositions prenant en considération les tensions croissantes sur les ressources en eau.

Quelles perspectives cela ouvrirait pour les acteurs de la gestion des grands cours d’eau européens ? Quelles considérations relatives aux grands bassins fluviaux devraient être prises en compte dans la mise en œuvre d’un tel paquet législatif ?

Le Blue Deal est-il pour vous le prochain challenge pour lequel nous devons mobiliser l’Europe et ceci, très vite, compte-tenu des enjeux et des attendus pour les citoyens et la planète ?

L.B-B. : L’appel à un Blue Deal me semble pertinent pour doter la ressource en eau d’une stratégie dédiée, globale et coordonnée dans l’Union européenne. Les propositions qu’il contient doivent être portées dans le débat des élections de juin, puis dans la feuille de route de la prochaine mandature. Les bassins fluviaux y ont toute leur place : réserves d’eau superficielle accessibles, ils apportent différents services mais sont vulnérables face à l’accroissement de la demande en eau. Pour reprendre l’exemple du bassin du Rhône qui abrite 11,5 millions de personnes, les prélèvements en eau devraient passer de 15% du volume du débit en été à 30-40% certaines années après 2055.

Un nouveau cadre de gouvernance européen pour mieux adresser ensemble les questions de qualité et de quantité des ressources en eau et coordonner la concertation entre États membres de bassins transfrontaliers, serait une avancée importante. Les entreprises doivent aussi bien sûr faire leur part, pour plus de sobriété en eau, comme pour l’empreinte carbone.

CNR peut apporter son retour d’expérience de gestionnaire multi-usages d’un fleuve mais aussi inscrire ses actions innovantes dans une nouvelle stratégie européenne pour l’eau.

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Hydroelectricity optimizing production, sharing the resource

Interview with Laurence Borie-Bancel, Chair of the CNR Management Board 

In an interview with Confrontations Europe, Laurence Borie-Bancel, Chair of the CNR Management Board, presents her vision of the role of hydropower in decarbonizing the French electricity mix. 

Compagnie Nationale du Rhône had its concession for management of the Rhône renewed in February 2022. Under this concession, CNR fulfils three missions in the general interest: the production of hydroelectricity; river navigation and agricultural irrigation. Could your organisation be described as a comprehensive water company? 

Laurence Borie-Bancel : Our mission on the Rhône is indeed holistic, with solidarity between these three aspects of our work and the fact that we are responsible for managing the Rhône from the Swiss border to the Mediterranean. We are therefore not simply a French hydroelectricity producer but a comprehensive water company. The production of electricity on the river enables us to fund navigation and irrigation. Throughout the history of our concession, the development of a major inland waterway has always been a key goal and the first infrastructure to be built was the Port of Lyon. Thanks to the infrastructure that CNR has built on the Rhône since 1933, it has been able to meet the various needs for water that have arisen, including during the unprecedented drought in 2022. That episode perfectly illustrates the scope of our responsibility within the river basin. Another key aspect of our model is the redistribution of the value created to local communities through which the river passes. It is therefore important for us to be seen as a developer of the river and not solely as an electricity producer.

In the context of decarbonising the energy mix in France and Europe by 2030, you have stated that hydroelectricity should play a greater role in this major industrial shift. In what ways can the major European river basins support Europe’s transformation to carbon neutrality? 

L.B-B.: The Rhône basin supplies a quarter of all hydroelectricity in France. Our run-of-river plants only represent 3GW of installed capacity, out of 25GW at national level. Power is not the only thing that counts; the energy produced also needs to be taken into account. The Rhône is a powerful river and our plants, stretching over more than 500km, use every drop of water before returning it to the river. In 2023, production stood at more than 13 TWh, contributing to both energy sovereignty and decarbonising the energy mix in France. 

So yes, I strongly believe that hydroelectricity will be one of the energies of the future, renewable, flexible and controllable, within the European mix. 

This is taking concrete form as part of the extension of our concession, with a targeted contractual investment of €500million (2018 value). This sum is close to €800million after inflation. The aim is to increase electricity production by around 0.5TWh via the construction of six small hydroelectric plants on the southern part of the Rhône and the project for a 20th facility at the confluence with the Ain1. This project, called Rhônergia, should supply an additional 40MWh from 2033, if the State decides to go ahead with the project and once all the necessary authorisations have been obtained. This will make it the last large-scale facility in France. 

Alongside this new infrastructure to increase capacity, we are also continuing to invest in our existing plants, which are an average age of 52 years old. €400million is allocated to maintaining them in good condition over the period 2021-2024. 

Last year, the Rhône Mediterranean Corsican Water Agency published a worrying report underlining the risk of a 20% reduction in the flow of the Rhône over the next 30 years. How is CNR preparing for the future of hydroelectricity production in the Rhône basin? 

L.B-B.: This 20% reduction in the flow of the Rhône concerns the summer period. The same study indicates that we should benefit from a more than 25% increase in flow in winter compared to the current average. By 2055, the average annual flow of the Rhône is not set to vary significantly, but there will be large variations from one season to the next. Periods of intense drought will become more frequent, in the order of every six years. Droughts are and will remain the primary threat to our hydroelectricity production.

We are currently able to adapt to a certain extent by scheduling the maintenance of our facilities in summer, to ensure maximum availability in winter when demand for electricity is high. Another way in which we adapt is by controlling the entire value chain: although our facilities are designed to be run-of-river, we control them on an infraday basis for greater flexibility (up to 1,000MW of modulation in a day) and to help keep the electricity grid stable. 

We cannot manage production on an inter-seasonal basis, however, as it depends on the volume of water in the river and therefore on meteorological conditions. We are aware of this vulnerability and have diversified our production, while keeping it 100% renewable. We already have 1,000MW of power installed in wind farms and solar farms and we aim to increase this to 2,500MW by 2030, throughout France. At the same time, we are also working on battery storage and on the production of renewable hydrogen. And while we do not yet have an advanced STEP project, I think this type of infrastructure is also worth studying. 

Is the presence of elected officials in the governance of CNR an advantage, in particular when it comes to making difficult choices as water resources become less available? Is the public/private model a good model for the future? 

L.B-B.: I firmly believe that the CNR’s model constitutes an undeniable advantage. The investment of 183 local authorities, holding 17% of the capital, creates a vital source of solidarity between areas and dialogue with stakeholders around the river. With the extension of CNR’s concession, we have reiterated and strengthened our commitment to the regions: our general interest missions, included in the specifications since 2003, are now supported by a budget of €165million every five years. 

Our actions linked to non-mature renewable energies, agriculture, biodiversity navigation and local development reinforce our ties to local communities. The concession monitoring committees bringing together our stakeholders – local elected officials, MPs, the State and non-profit organisations – are another way of encouraging support for our actions and concerted development. The balance of capital unique to CNR, with a majority public stake – local authorities and Groupe Caisse des Dépôts – and the 49.97% stake held by ENGIE, is a great strength. It confers credibility and legitimacy by representing a diverse range of voices.

The European Commission is counting on inland waterways for freight transport in the framework of the Trans-European Transport Network. At the same time, the declining flow of major European rivers poses a threat to this same traffic. What action is CNR and the other operators of European river basins taking to ensure the full potential of these ‘river highways’? 

L.B-B.: All European inland waterway operators need to be on board to achieve the goals of the Green Deal, reduce GHG emissions from transport and support the competitiveness of river transport. I support the proposed revision of the Combined Transport Directive, which will consolidate the shift from road freight to mass modes of transport like rail and river. This complementary approach is crucial in the Rhône valley in order to boost river transport, which has seen a significant fall in traffic. Again, this will also contribute to local economies. Today, the major inland waterway between Lyon and the Mediterranean has the capacity to handle four times as much traffic with no new investment, so let’s use our rivers! 

Within our scope, most of our industrial port sites have rail links and CNR encourages industry to use river freight, with discounts on the rent of plots, for example. A collective effort is also essential between the State, CNR, the Port of Marseille-Fos (GPMM), Voies Navigables de France (the French navigation authority – VNF) and the loading companies. 

The Rhône-Saône river basin is less impacted by the effects of climate change than other river basins such as the Rhine or the Po, but the resilience of our port and hydroelectric facilities must be considered. 

Four nuclear power stations are installed on the banks of the Rhône. Nuclear energy is another major source of electricity in the Rhône basin and is also very dependent on water resources. What are relations like between CNR and the nuclear power stations on the Rhône? 

L.B-B.: We have an excellent relationship with EDF, governed by agreements that regulate the supply of water, pumped from the Rhône to cool the nuclear power stations. As part of the Rhônergia project, at the confluence of the Ain and the Rhône, a new form of collaboration is emerging to ensure the compatibility of our hydroelectric project with the project for future EPRs at the Bugey site.

This dialogue between industries and with the authorities is essential. With climate change and the increasing scarcity of water, balancing the needs of nuclear power station cooling systems, hydroelectricity and uses such as irrigation and navigation will become more complicated. The temperature of the water is also a concern. With open-cycle cooling systems constituting 60% of the nuclear facilities on the Rhône, the study by the Water Agency points to their impact on the increasing temperature of the river habitat in the context of climate change. 

Faced with these challenges, I would like to highlight the resilience of the CNR model. In summer 2022, we were able to meet the various needs for water despite our hydroelectricity production being down by 25%! 

We mentioned the question of conflicts of use, both now and in the future. This is particularly evident in the agricultural sector, which requires a lot of water, with projects for mega-basins, as we have seen. What role does CNR play in adapting farming practices to the increasing scarcity of water? 

L.B-B.: Farmland irrigation is one of our three long-standing missions, reflected in the 400 water cranes along the length of the river. We have reviewed this and are innovating in the framework of our general interest missions, in order to provide farmers with greater support in transitioning to more sustainable farming. The farming sector represents half of the water withdrawn in the basin. 

CNR has already committed €27million for 2023-2027 in order to increase the efficiency of the irrigation networks, reinforce farming resilience to climate change and optimise interaction between agriculture and energy. In concrete terms, this is reflected in projects to support 138 farmers in the Rhône Valley, initiatives like the renovation of an irrigation network 70% in the Chomérac plain (Ardèche) and the development of agrivoltaics, with a “Parcelles du futur” (allotments of the future) demonstrator in Lyon. Like our other activities, we are carrying out this work in partnership, with the chambers of agriculture and with a university research and innovation department, in order to reconcile energy and food sovereignty.

In addition to these efforts to use and adapt the Rhône in the framework of the energy transition, you have also committed to renaturing the river and its banks. How much of this project forms part of the process to apply the provisions of the Water Framework Directive? 

L.B-B.: In terms of protecting biodiversity, our policy is based on more than 20 years of hydrological and ecological restoration projects and scientific work. We take part in a number of bodies, such as the River Basin Committee, along with other players, to maintain a vital balance between the environment and other uses of water. CNR has carried out the largest river rehabilitation programme in Europe, recreating wetlands along 120km of the Rhône, dismantling 19th century structures for better connectivity between the Rhône and its secondary branches and building fish passages. 

Even before the obligations imposed by the Water Framework Directive, we had increased the flows reserved for river annexes. And we remain committed to nature, whether in terms of aquatic habitats, along the river banks or in the forests contained in our estate. During the parliamentary discussions on the Rhône Development Bill in 2022, the question was raised whether to add a biodiversity mission to the specifications for the concession. Our response was that biodiversity is cross-functional and fully integrated into our existing missions. 

The European EESC, a body made up of MEPs and members of civil society, has called for a Blue Deal to develop the “blue economy” and support transformations under the Green Deal by provisions taking the rising pressure on water resources into account. 

What perspectives would this open up for operators of major European inland waterways? What considerations regarding major river basins should be taken into account for the implementation of such legislation? Is the Blue Deal the next challenge for you and do we need to mobilise Europe very quickly, given the implications and expectations for citizens and for the planet? 

L.B-B.: The call for a Blue deal seems a good idea to me in order to put in place a specific, global and coordinated strategy for water at the level of the European Union. The proposals it contains must be highlighted in the run-up to the June elections, then included in the roadmap for the next European Parliament.

River basins will play a major role: as reserves of accessible surface water, they provide various services but are vulnerable to an increasing demand for water. The Rhône river basin, for example, is home to 11.5million people and water withdrawals are expected to rise from 15% of the flow volume in summer to 30–40% certain years after 2055. 

A new European governance framework to address all the issues concerning the quality and quantity of water resources and coordinate cooperation between Member States on cross border river basins would be a significant step forward. Companies also need to pull their weight, of course, in terms of reducing both their water consumption and their carbon footprint. 

CNR can offer its experience as a multi-use river operator and also include its innovative initiatives in a new European strategy for water.

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