Anne MACEY
Déléguée générale, Confrontations Europe
L’euro, introduit en 1999, vient de fêter ses 20 ans. Et mercredi dernier, la Commission européenne a sorti des propositions pour renforcer son rôle international.
L’euro est déjà la deuxième monnaie internationale, derrière le dollar. 60 pays lient leur trajectoire à celle de l’euro. Il représente 20% des réserves et 36% des transactions internationales. 19 des 28 pays membres de l’Union européenne ont déjà franchi le pas. Et les Européens y sont très majoritairement attachés… La plupart des extrémistes de gauche et de droite ont d’ailleurs bien compris qu’il ne fallait pas mettre en avant une sortie de l’euro.
Mais on pourrait faire beaucoup mieux ! Il a fallu attendre les menaces de sanctions américaines sur les entreprises européennes en Iran pour prendre conscience que l’euro peut vraiment devenir stratégique. Il doit aujourd’hui refléter le poids politique, économique et financier de ses membres. Pour ce faire, il faut bien sûr consolider notre union économique et monétaire : un certain nombre de progrès ont été réalisés, avec un budget de la zone euro, mais il en faut encore pour consolider la zone, achever l’union bancaire, développer l’union des marchés de capitaux qui vise à financer la croissance des entreprises en Europe.
Mais la domination du dollar est toujours là, bien ancrée dans les pratiques… Peut-on y changer quelque chose ? Quelle est notre marge de manœuvre ? C’est vrai, le dollar exerce une domination massive sur les marchés de l’énergie et des matières premières, ou même dans les transports.
Mais justement, est-ce normal que l’Europe règle 80% de sa facture d’importation d’énergie en dollars américains, alors que nos importations ne viennent pas des Etats-Unis, sauf pour 2% d’entre elles ? Est-ce normal que des compagnies européennes achètent des Airbus à d’autres Européens en dollars et pas en euros ?
Bien sûr ce sont les opérateurs de marché qui décident de détenir telle ou telle monnaie. Il s’agit donc plutôt de déterminer avec eux, dans les secteurs stratégiques clés comme l’énergie, ce qui pourrait les inciter à régler en euros. L’Europe n’a pas d’autre alternative que de devenir forte !