Reprendre la barre

Anne MACEY

Déléguée générale de Confrontations Europe

Le référendum sur le Brexit réaffirme un diagnostic qui vaut pour les autres pays de l’Union et qui, espérons-le, doit conduire l’UE à un sursaut salvateur. Il s’agit d’une triple crise : une crise identitaire, de défiance entre États membres et entre peuples européens, une crise de développement économique, social, environ¬nemental, et une crise de nos démocraties représentatives nationales et européenne. Elles conduisent à des tentations de repli national et à une montée des populismes et des extrêmes.

Au-delà de la perte de la deuxième plus forte économie de l’Union (à peu près ex aequo avec la France), c’est bien l’avenir de l’UE qui est engagé. Nous n’y remédierons pas d’abord par des institutions et des traités : c’est une crise du sens et du projet qui exige des débats entre Européens et au niveau national sur ce que nous sommes prêts à partager au sein de la zone euro, de l’Union européenne.
Mais les calendriers politiques nationaux chargés (référendums en Hongrie, en Italie, élections aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, en République tchèque…), ne peuvent que nous inciter à préparer de profondes réformes … non envisageables avant fin 2017. Dans l’intervalle, il s’agit de renouer avec les préoccupations immédiates des citoyens européens.

Ainsi, le discours sur l’état de l’Union du Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, puis le sommet informel des 27 chefs d’État ou de gouvernement à Bratislava ont permis de dégager quelques pistes à concrétiser :
• la sécurité intérieure, avec le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, le plan de lutte contre le terrorisme, le renforcement de la coopération des polices européennes, le système d’autorisation et d’information pour les voyageurs intra-européens ;
• un doublement du Plan Juncker (500 Mds€ d’ici 2020) et l’accélération de l’Union des marchés de capitaux pour contribuer à remédier à la grande faiblesse européenne dans la recherche de la croissance : l’investissement ;
• l’Europe de la défense avec un fonds européen pour la recherche et l’innovation, la mise en commun de capacités militaires des États membres volontaires ;
• un corps européen de solidarité pour les jeunes (100 000 jeunes d’ici 2020 dans des ONGs, des entreprises d’insertion…) ;
• un socle européen des droits sociaux à venir et le maintien de la révision de la directive sur les travailleurs détachés pour remédier au dumping social ;
• des avancées remarquables dans la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale au cours deux dernières années (l’obligation des multinationales de payer leurs impôts là où elles créent les profits, l’amende infligée à Apple, la réforme contre la fraude à la TVA, la proposition d’assiette commune consolidée sur l’impôt sur les sociétés).
L’Europe est la réponse aux menaces communes. Elle doit délivrer des résultats économiques, sociaux, environnementaux, sécuritaires pour ses citoyens. Pour ce faire, il est impératif de mettre en commun les volontés politiques pour ressouder un continent fragmenté.

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