Il y a 30 ans, le mur de Berlin… [Chronique Europe du 8 novembre 2019 | RCF]

Auteur : Edouard SIMON

Directeur du Bureau de Bruxelles

Samedi 9 novembre, nous fêtions les 30 ans de la chute du mur de Berlin. On a tous en tête les images de ces scènes de liesse autour d’un mur en train d’être détruit par des manifestants ou celles de Rostropovitch jouant du violoncelle devant le mur. 30 ans après, que représente la chute du mur de Berlin pour l’Europe et l’histoire européenne ?

Je crois qu’il n’est pas exagéré de dire que le 9 novembre 1989 est une date historique dans l’histoire de l’Europe. Ce jour-là, c’est bien plus qu’un mur qui est tombé. C’est une frontière entre deux Allemagnes, entre deux Europe qui s’est ouverte. Une frontière physique mais aussi symbolique entre deux Europe que la guerre et l’histoire avaient séparées pendant quasiment un demi-siècle. C’est un immense et puissant souffle en faveur de la réunification de l’Europe qui a pris vie à ce moment-là. Et, c’est précisément cette recherche d’unité et de réconciliation entre des peuples frères qu’on appelle l’Esprit de 89.

Avec le démantèlement, l’année suivante, de l’Union soviétique, c’est une nouvelle page de l’histoire européenne qui s’ouvre ; une nouvelle dynamique qui est insufflée à la construction communautaire. Il fallait absolument sceller cette réconciliation, donner corps à ce désir d’unité. Ce sera chose faite 15 ans plus tard – il y a 15 ans – avec le grand élargissement de 2004 qui devait parachever l’unité européenne et être l’apogée de cet esprit de 89.

Justement 30 ans après, que reste-t-il de cet esprit, de cette quête d’unité européenne ? Il semble qu’au contraire, aujourd’hui, les deux Europe n’ont jamais été aussi éloignées voire opposées.

Effectivement, aujourd’hui, l’esprit d’unité de 1989 semble bien loin et l’Europe a rarement été aussi divisée. Si ces divisions sont nombreuses, le clivage entre Europe occidentale et Europe centrale et orientale est le plus douloureux, car il signe un certain échec du projet de réunification européenne. Et, il faut reconnaître que nous n’avons pas su gérer convenablement celle-ci. D’un point de vue économique, la chose est évidente. Si la Pologne, par exemple, a un taux de croissance à faire pâlir d’envie la France ou l’Allemagne, il reste toutefois trop faible pour permettre le rattrapage promis aux peuples d’Europe centrale et orientale, auxquels de très lourds efforts ont pourtant été demandés, au nom précisément de ce projet d’unification européenne.

Mais, c’est peut-être dans les têtes surtout qu’il reste des frontières à abattre. Nous, Européens de l’Ouest et de l’Est, avons vécu, 50 ans durant, séparés. Nous avons des histoires distinctes, et dès lors des sensibilités différentes. Il était de notre devoir d’apprendre à nous connaitre, à nous découvrir pour faire société. Et, cet effort, il reste très largement à faire.

Finalement qu’est ce qui unit aujourd’hui ces deux Europe ?

Beaucoup de choses, et certainement plus que nous ne sommes chacun prêt à l’admettre. Pragmatiquement, de nombreux défis auxquels nous devons faire face nous sont communs : défis écologique, numérique, sécuritaire, de rénovation démocratique… Autant de chantiers sur lesquels avancer unis nous permettrait d’être plus forts. Mais, pour ce faire, nous devons retrouver le bonheur d’être ensemble. C’est le sens premier du projet européen.

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