Solidarity tour, ou la parole aux jeunes Européens

Lorène Weber

Chargée de mission Jeunesse, Confrontations Europe

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Tout au long de l’année 2019, Confrontations Europe a mené un projet transnational, tourné vers la jeunesse européenne : le Solidarity Tour. De jeunes Européens, de huit nationalités différentes, se sont rencontrés à l’occasion de séminaires participatifs et interculturels dans six pays d’Europe, pour exprimer des recommandations et découvrir leur histoire partagée.

DE LILLE A BELGRADE : ENGAGER DES JEUNES DANS UN DEBAT EUROPEEN

Insertion sur le marché du travail, Europe sociale, mobilité régionale et internationale, asile et immigration, valeurs de l’Union européenne, participation démocratique… Autant de thématiques traitées tout au long de l’année 2019 au cours de rencontres régulières entre jeunes citoyens Européens. Venant d’Allemagne, de Belgique, de France, de Grèce, de Hongrie, de Pologne, de République tchèque et de Serbie, ces jeunes, aux profils diversifiés (lycéens, étudiants, apprentis, en recherche d’emploi, artistes, indépendants…) et parfois issus de milieux moins favorisés, ont eu l’occasion de partager leurs expériences, de débattre et d’émettre des recommandations sur ces sujets concernant aussi bien leur propre avenir que celui de l’Union européenne.

Et le débat ne s’est pas limité aux jeunes et à leurs accompagnateurs. Après avoir échangé au sein des ateliers et avoir restitué leur travail devant les autres groupes, les jeunes ont eu l’opportunité, à chaque séminaire, de présenter leur recommandations à un panel d’experts composé de représentants de la Commission européenne, du Parlement européen, d’Erasmus+, de décideurs locaux et nationaux, de représentants d’ONG ou encore de syndicats. Tous ces « experts » se sont prêtés à l’exercice, écoutant la parole de ces jeunes et réagissant à leurs propositions. Une approche « bottom-up », loin du cours magistral, qui a eu à cœur de valoriser la parole des jeunes.

De réelles préoccupations, ainsi qu’un certain sentiment d’injustice et d’inégalité, ont émergé chez les jeunes concernant l’intégration sur le marché du travail et les droits sociaux en Europe. Les participants, notamment d’Europe de l’est et de Grèce, ont exprimé l’urgence d’une convergence des standards sociaux en Europe, en particulier en termes de sécurité sociale, de salaire minimum ou encore des conditions de travail (durée de travail hebdomadaire, travail non déclaré…) entre les Etats membres. Les participants polonais, hongrois ou serbes notamment, ont cité le fait que de nombreux travailleurs de leurs pays partent pour l’Allemagne par exemple, et qu’ils envisagent eux-mêmes cette possibilité pour bénéficier de meilleures conditions de vie et de travail. Ces remarques sont apparues dès Lille, et se sont affinées à Varsovie, Prague et Budapest.

A Prague, Budapest et Belgrade, où les questions des valeurs démocratiques de l’UE et des perspectives de l’élargissement ont été débattues, les participants ont exprimé assez clairement leurs exigences d’imposition de standards démocratiques pour l’adhésion à l’UE, mais aussi pour les Etats déjà membres, et la prise de réelles sanctions en cas de non respect des valeurs de l’UE.

A Athènes, où les jeunes ont travaillé sur la thématique de l’asile et de l’immigration, ils ont eu l’occasion de visiter un centre d’accueil pour mineurs non accompagnés géré par l’association ARSIS, et ont échangé avec des réfugiés, des demandeurs d’asile et des représentants de l’UNHCR et de Médecins Sans Frontières. Ces rencontres ont permis de mettre des visages et des histoires sur les statistiques entourant les questions de migration, de rencontrer des acteurs de terrain, et d’aller au-delà des discours médiatiques et politiques. Bon nombre de participants, en particulier les Grecs, ont ainsi plaidé pour une politique d’asile et d’immigration gérée au niveau européen, avec un système de répartition juste entre les Etats membres, assurant des conditions de vie décente aux demandeurs d’asile, respectant les droits de l’Homme.

L’envie d’Europe, ou du moins le besoin d’être informé sur les questions européennes, s’est également fait sentir. A Prague, à Budapest, à

Belgrade, les participants ont proposé des cours d’éducation civique européenne dans tous les Etats membres, du primaire au secondaire, pour donner aux citoyens des connaissances sur le fonctionnement de l’UE et sur l’histoire de l’intégration européenne, pour développer le sentiment d’appartenance et de citoyenneté européennes, et donner ainsi aux (jeunes) citoyens l’envie de voter aux élections européennes.

De la même manière, Erasmus n’était pas inconnu des participants, mais la majorité d’entre eux (en particulier les apprentis) manquait des opportunités nécessaires pour réaliser un projet de mobilité. Les participants, tous pays confondus, ont ainsi plusieurs fois répété la nécessité pour les programmes de mobilité type Erasmus+ d’être élargis au-delà des milieux universitaires, notamment aux centres de formation et d’apprentissage, aux professeurs, et aux zones rurales.

DECOUVRIR L’HISTOIRE PARTAGEE DES EUROPEENS : PILIER D’UN SENTIMENT D’APPARTENANCE

En parallèle de ces ateliers participatifs, le programme culturel du Solidarity Tour a permis aux jeunes participants de découvrir l’histoire et la culture des pays visités, mais également l’histoire et la culture partagées des Européens. Les différents musées visités, films documentaires visionnés, et centres historiques découverts ont permis l’émergence d’un sentiment d’appartenance européenne via la prise de conscience de ce qui nous unit en tant qu’Européens, et de la nécessité de préserver une paix et une coopération difficilement acquises.

Nos partenaires dans les différentes villes ont joué un rôle déterminant dans l’élaboration de ce programme culturel : Solidarnosc à Varsovie, EUROPEUM Institute à Prague, l’Institut français de Budapest, l’ONG ARSIS et la Cinémathèque grecque à Athènes, l’école secondaire navale de Belgrade, la Maison du Portugal – André de Gouveia et la Cité Internationale Universitaire de Paris… Sans ces partenariats européens essentiels, le Solidarity Tour n’aurait pu voir le jour.

LA CONFERENCE FINALE : EVENEMENT DE CLOTURE

La conférence finale du projet n’a pas été qu’un évènement de présentation, au cours duquel les jeunes, après avoir été acteurs du projet pendant près d’un an, n’auraient été que des « spectateurs assis au dernier rang ». Le modèle bottom-up choisi pour les séminaires Solidarity a ainsi été reproduit, à plus grande échelle, pour la conférence finale.

Les jeunes du « groupe Solidarity » ont ainsi été réunis avec d’autres jeunes, basés en Ile-de-France et venant de lycées professionnels et d’associations, au sein d’ateliers participatifs, travaillant sur les quatre thématiques principales du Solidarity Tour : l’insertion sur le marché du travail, la mobilité, l’asile et l’immigration, et la démocratie.

La Représentation de la Commission européenne en France, le Bureau de liaison du Parlement européen en France (et leur programme « Ecole ambassadrice »), une eurodéputée, le conseiller délégué à l’Europe de la Ville de Paris, des députés de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, les directrices de la Maison du Portugal et de la Cité Internationale Universitaire de Paris, l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ/DFJW), l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville (AFEV), les Jeunes Européens France et l’Ecole Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs (ESIT) ont ainsi pris part à cet évènement bilingue français-anglais.

L’occasion pour des jeunes, aux expériences et parcours différents, d’exprimer leurs recommandations et d’échanger avec un panel de décideurs susceptibles de porter leurs messages. L’occasion aussi, de découvrir un lieu unique : la Cité Internationale Universitaire de Paris, où se côtoient près de 6000 étudiants, chercheurs, artistes et sportifs venus des quatre coins du monde, dans 40 maisons représentant plus de 140 nationalités différentes.

Si cette conférence finale est venue clôturer les évènements « physiques » du Solidarity Tour, la portée du projet ne prend pas fin pour autant. Confrontations Europe a publié un guide méthodologique et un manifeste, et continuera à porter le travail de ces jeunes dans ses activités futures. Alors que la Conférence sur l’avenir de l’Europe doit s’ouvrir en mai prochain, et rassembler des citoyens pendant deux ans pour construire les politiques futures de l’UE, une fenêtre d’opportunité est ouverte pour porter la voix des jeunes du Solidarity Tour auprès des décideurs européens.

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