Qu’est-ce qu’un « Fonds pour une transition juste ? » [Euradio]

Auteur : Gabrielle Heyvaert

Chargée de Mission Energie et Numérique

Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe

Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.

Euradio : A moins d’un mois de la COP25 qui aura finalement lieu en Espagne, l’Union européenne n’a pas encore réussi à convaincre tous les Etats membres de s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. La Pologne, la Hongrie et la République Tchèque justifient notamment leur refus en soulignant leur forte dépendance au charbon, et les coûts qu’induirait la transition énergétique pour leurs régions charbonnières. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a promis de mettre en place un « Fonds pour une transition juste » dans les mois à venir. Pouvez-vous nous donner une vision d’ensemble de la situation actuelle ?

Mettre en place un « Fonds pour une transition juste ». Frans Timmermans, Vice-Président exécutif en charge du Green Deal Européen, a effectivement répété ces mots comme un mantra devant les eurodéputés lors de son audition début octobre. Certains parlementaires se sont en effet inquiétés des coûts induits par la transition énergétique pour les régions charbonnières de l’Europe.

Et pour cause : la mort du charbon semble inéluctable, la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a déclaré vouloir faire de l’Union européenne, je cite, le « premier continent neutre en carbone d’ici à 2050 ». Le charbon est en effet responsable de plus d’un quart des émissions européennes de gaz à effet de serre. Si l’on ne peut que saluer une telle ambition – le GIEC table désormais sur un réchauffement planétaire s’élevant jusqu’à 7°C de plus d’ici à 2100 -, les dommages économiques et sociaux pour les régions minières pourraient s’avérer sévères.

Euradio : Quels sont les Etats membres les plus concernés et quels seront pour eux les coûts de la sortie du charbon ?

41 régions situées dans 12 États membres (l’Allemagne, la Bulgarie, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Pologne, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie) possèdent encore des mines de charbon en activité. La Pologne est l’Etat membre qui compte le plus grand nombre de mines de charbon (35), suivi par l’Espagne (26), l’Allemagne et la Bulgarie (12 chacun). Sortir du charbon signifie supprimer près de 450 000 emplois directs dans toute l’Europe. La facture sera également salée : en Pologne par exemple, où le charbon représente encore 84% du mix énergétique national, le coût de la transition est estimé à 80 milliards d’euros d’ici à 2030, voire de 115 à 160 milliards d’euros d’ici à 2050.

Par ailleurs, la grande majorité des régions charbonnières rencontrent d’ores et déjà des difficultés économiques car le taux de chômage y est beaucoup plus élevé qu’ailleurs. De plus, la faible diversification des activités économiques et l’âge moyen élevé des travailleurs du secteur du charbon compliquent la reconversion économique de ces territoires. La réticence à fermer les mines de charbon de la part de certains Etats et autorités régionales s’explique également par leur implication directe dans ce secteur. Le gouvernement polonais est par exemple propriétaire majoritaire de la plus grande entreprise charbonnière de Pologne.

Euradio : Que fait l’Union européenne pour accompagner ces Etats membres dans leur sortie du charbon ?

Afin d’étudier les voies permettant d’éviter une sortie du charbon trop brutale, la Commission européenne lancé à la fin de l’année 2017 la Plateforme pour les régions charbonnières en transition.
L’objectif de cette plateforme est de faciliter le développement de projets et de stratégies à long terme. Elle offre aux régions une expertise sur l’utilisation des fonds européens et la façon d’attirer davantage d’investissements privés. Si, d’après les chiffres de la Commission européenne, la transition énergétique au sein des régions charbonnières pourrait créer environ 900 000 emplois d’ici à 2030, il est encore trop tôt pour évaluer l’efficacité de la plateforme.

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