L’âge du faire

Marcel GRIGNARD

Président de Confrontations Europe

La mobilisation tenace et pacifique des jeunes partout en Europe (et ailleurs) pour nous rappeler la gravité et l’urgence des enjeux climatiques est à la fois une alerte et une bonne nouvelle dans une ambiance générale assez grise.

Si nous pensons l’Europe comme une communauté humaine, et les élections à venir au Parlement européen comme une étape vers notre futur destin commun d’Européens, comment pourrions-nous ignorer ce que nous disent les jeunes générations ? C’est bien là une des raisons qui font que nous avons voulu – l’Afev(1) et Confrontations – travailler ensemble pour mieux appréhender et accompagner les aspirations des jeunes dans ce que nous voulons de notre futur européen.
Élections au Parlement européen et citoyenneté ne sont pas sans liens. Or les jeunes Français déclarent se sentir 75 % plus « citoyens français » que Français et Européens. Et ils ne sont que 20 % à se considérer à la fois Français et Européen. On peut s’en désespérer, rejeter la faute sur tel ou tel ; on peut aussi démonter de façon experte les mécanismes qui ont patiemment décousu le tissu de l’ambition d’un destin européen commun… Mais cela ne nous fera pas beaucoup avancer.

Le message que les jeunes nous transmettent ne doit pas nous conduire à ruminer, chercher des coupables ou nous enfermer dans le déni. Ils nous appellent à l’action.
Les jeunes générations ne sont ni celles de la désespérance ni celles de l’utopie, elles sont confrontées à une réalité avec laquelle elles composent tout en étant très attachées à un socle fort de valeurs.
La transition écologique est une de leurs préoccupations majeures, mélange d’angoisse et d’espérance. Elles exigent responsabilité individuelle et devoir des « politiques » ; elles veulent des actions au niveau local mais portent une vision globale des enjeux. Elles réclament des réponses immédiates mais expriment aussi le besoin de redessiner un modèle de société, avec la certitude que ces actions ne seront possibles qu’au niveau européen. Cela ne veut pas dire que les jeunes en âge de voter vont se mobiliser pour un futur r Parlement européen qui leur paraît bien loin.
Le défi qui nous attend est immense. Pendant des générations, nos sociétés ont considéré que les ressources étaient inépuisables et ont trop souvent accepté que le social soit traité à la marge. La transition à opérer exige des efforts très importants en investissements, en accompagnement dans un monde difficile ; on n’y parviendra pas sans une économie compétitive et il va falloir à tous les niveaux élaborer les compromis articulant cohésion sociale, préservation du climat et de la biodiversité et économie tout en faisant vivre les valeurs de solidarité, de démocratie dans un monde ouvert. C’est le défi redoutable que l’Europe doit relever. Il est exaltant, il est illusoire sans la participation de la société civile, sans l’implication des corps intermédiaires. Bien des raisons pour que les citoyens européens participent massivement à l’élection du futur Parlement européen.

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