Joost VAN IERSEL et Edouard SIMON
Conseil Économique et Social Européen et doctorant, membre du CA de Confrontations Europe
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« Munie de sa propre armée, l’Europe pourrait réagir avec plus de crédibilité à toute menace visant la paix dans un État membre ou un pays voisin » déclarait il y a maintenant deux mois Jean-Claude Juncker à l’hebdomadaire allemand Welt am Sonntag. Il est évident que la constitution d’une armée européenne est une condition préalable à la crédibilité internationale de l’Union européenne, tant il est manifeste que des forces militaires bien équipées resteront un élément central dans les relations internationales (Russie, Chine, USA). Les développements géopolitiques n’offrent pas d’alternative. Pour autant, si la création d’une armée européenne est un objectif légitime et bienvenu, l’honnêteté nous oblige à admettre que celui-ci ne peut que s’inscrire dans le long terme et advenir comme aboutissement d’un processus politique ambitieux. Quand même, le temps presse. Nous nous proposons ici de dégager quelques réflexions sur les conditions nécessaires pour avancer sur un tel chemin.
Tout d’abord, il faut constater que la création d’une armée européenne ne peut être envisagée sans un approfondissement significatif de notre politique étrangère commune et vice-versa. La vision selon laquelle l’outil de défense est un instrument parmi d’autres de la politique étrangère est celle qui prévaut dans le cadre de la Politique de Sécurité et de Défense Commune et qui tend à s’imposer au sein des Etats membres. Il serait dès lors curieux que l’Union dispose d’un outil de défense intégré, alors même que les politiques étrangères de ses Etats membres resteraient contradictoires. Or, la politique étrangère de l’UE reste aujourd’hui trop souvent soumise à la règle lourde et prohibitive du vote à l’unanimité. Mais, soyons clair : il serait aussi erroné de penser que les politiques étrangères des Etats peuvent s’intégrer sans que s’intensifie, dans un mouvement complémentaire, leur coopération militaire et dans le domaine de l’armement. Cette intensification doit venir asseoir la crédibilité de la politique étrangère de l’Union. En l’absence d’unanimité, nous proposons que des initiatives soient entamées par la coopération renforcée, notamment à promouvoir par la France et l’Allemagne.
Par ailleurs, la création d’une armée européenne doit nécessairement s’adosser à un projet global d’approfondissement de l’intégration communautaire. Il nous semble ainsi clair que la coopération en matière de sécurité et de défense et celle en matière économique sont intimement liées et ne pourront s’intensifier qu’en parallèle. Ces deux dynamiques – qui concernent toutes deux des prérogatives de puissance publique – se renforceront mutuellement en donnant aux Etats et aux citoyens européens des leviers d’action dans un monde globalisé. Il faut dès lors constater que la zone euro est le socle naturel sur lequel bâtir de futures coopérations dans le domaine de la défense. Il en va de même du domaine de l’énergie en vue de la réalisation d’une Union énergétique.
C’est donc une volonté politique renouvelée, que viendraient alimenter à la fois la reconnaissance qu’un destin commun nous unit et une lecture géopolitique du monde, qu’il est nécessaire de faire advenir. Pour y parvenir, une feuille de route politique est nécessaire pour renforcer les liens de confiance entre les Etats membres, qui se sont distendus du fait de la crise de la zone euro et des tensions en résultant ; feuille de route qui devrait viser à sauvegarder le respect des engagements ainsi qu’une mise en œuvre d’une solidarité effective. Une telle feuille de route prospective et fiable à court et moyen terme sera indispensable dans le domaine de la défense, de la sécurité et de la politique étrangère. C’est la condition préalable à un approfondissement de tout projet commun.
Finalement, comment conclure si ce n’est par un appel aux Etats membres souhaitant voir l’Union européenne se saisir des questions stratégiques et de défense à prendre leurs responsabilités et à rétablir et renforcer ce lien de confiance et de crédibilité qui fonde l’unité des Européens et leur base de vie commune et partagée.
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L’action préparatoire pour la recherche liée à la défense et à la sécurité (PADSR)
Soutenue par le Conseil européen de Décembre 2013, l’action préparatoire pour la recherche liée à la défense et à la sécurité a pour objectif, au travers de projets pilotes, de définir dans quelle mesure les futurs Programmes Cadres pour la R&D (ou PCRD, appelé actuellement Horizon 2020) pourront financer des travaux de recherche dans ces domaines.
L’initiative est d’importance. En effet, les chiffres collectés par l’Agence Européenne de Défense sont accablants pour les Etats européens. Entre 2006 et 2013, les budgets cumulés des Etats Membres (hors le Danemark) ont diminués de pratiquement 25% et ceux de R&T (Recherche et Technologie) de plus de 20%. Sur la même période, les dépenses de R&T effectuées par ces mêmes Etats en coopération ont diminués de pratiquement 50%, symbolisant le repli des Etats sur des priorités purement nationales.
Ces baisses massives sont inquiétantes à plus d’un titre. Tout d’abord, pour les industries de défense européennes, dont la compétitivité internationale est directement indexée sur le niveau de ses dépenses. Mais aussi (et peut être surtout), pour les Etats Membres, dont le degré d’autonomie stratégique est directement indexé à ses capacités industrielles.
Il y a donc urgence pour qui veut assurer demain une autonomie stratégique aux Européens.
Joost Van Iersel et Edouard Simon.