Clotilde WARIN
Rédactrice en chef, Confrontations Europe
Avec l’été, les arrivées de migrants dans les ports européens atteignent une nouvelle fois des chiffres tristement élevés. Les autorités italiennes tirent la sonnette d’alarme alors que plus de 85 000 migrants sont arrivés à leurs ports entre janvier et juin 2017 et que près de 20 000 ont atteint la Grèce. Certes, on est loin des 885 000 arrivées de l’année 2015 en Grèce. Mais la réalité est là : les afflux de migrants en Europe ne sont pas près de prendre fin. Les nouveaux arrivants viennent désormais, dans leur majorité, d’Afrique de l’Ouest, voire d’Asie du Sud et non plus uniquement de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak ou d’Erythrée.
L’Europe fait face à des « flux mixtes », qui rendent plus floue la distinction entre réfugiés (politiques) et migrants (économiques). Les candidats à l’exil fuient à la fois des pays aux gouvernements autoritaires bafouant les droits des opposants politiques, de minorités ethniques ou religieuses, mais aussi des régions anéanties par la grande pauvreté, voire la désertification – les « réfugiés climatiques ». Les premiers répondent aux critères du droit à l’asile et ont de grandes chances d’obtenir le statut de réfugié dans l’un des Etats membres ; les postulants aux motivations essentiellement économiques sont, eux, appelés à être reconduits dans leur pays d’origine.
Jusqu’à présent, l’Union européenne a choisi de répondre à l’afflux de migrants en externalisant la crise aux frontières de l’Europe par la signature de conventions avec les pays d’origine, d’accords avec des pays de transit (deal UE-Turquie), par la création de « hotspots » dans les pays de première entrée (Grèce, Italie). L’Union européenne a beaucoup plus agi sur le plan répressif que sur le plan de l’accueil et de l’intégration. Il est désormais temps de mettre en place une réponse commune européenne à la hauteur du défi migratoire, devenu structurel.