Dimanche prochain 7 juillet, nous, citoyennes et citoyens français, avons rendez-vous avec notre histoire. Pour les signataires de cet appel, le choix est clair : un gouvernement de la France par le Rassemblement national et ceux qui le rallieront ouvrirait pour la France une étape nouvelle vers le déclin et peut-être pire. Chaque candidate et candidat qualifié pour le second tour doit prendre ses responsabilités ; chaque électrice et chaque électeur aussi.
L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, question théorique jusqu’au 9 juin dernier, est désormais possible. La décision de dissoudre l’Assemblée nationale a placé l’ensemble des forces politiques des gauches, du centre et des droites au pied du mur. Elle a rendu impossible, faute de temps, un débat national réfléchi et rationnel et a exacerbé les tensions.
Mais l’effet de sidération produit chez des millions d’électrices et d’électeurs n’empêche pas l’évidence : dimanche 7 juillet il faudra voter et chaque vote comptera.
Cette quatrième cohabitation éventuelle de la Ve République ne ressemblerait en rien aux trois précédentes. La situation mondiale est dangereuse, la guerre est à nos portes, la colère a gagné notre pays.
Penser une recomposition politique dans un débat politique construit et serein reste indispensable. Envisager une évolution de nos institutions, fragilisées par l’hyper présidentialisation, aussi.
Mais le 7 juillet, il faut voter. Et dès ce lundi 1er juillet, pour les candidates et les candidats qualifiés au second tour des législatives, il faut choisir dans les cas de triangulaires. Se maintenir ou se retirer sans donner de consigne de vote claire reviendrait au même : laisser le champ libre à l’extrême droite et ses alliés.
Nous, clubs de réflexions et think tanks de toutes opinions, signataires de cet appel, nous appelons les candidates et les candidats à faire le choix du « front républicain », et l’ensemble des électrices et des électeurs à s’opposer à la victoire du RN et ses alliés.
Nous sommes engagés à gauche, au centre, ou à droite. Certains ont soutenu Emmanuel Macron, d’autres l’ont combattu. Mais c’est ensemble que nous appelons à une mobilisation sans ambiguïté face au risque que le Front national, devenu Rassemblement national, soit en mesure de gouverner le pays.
L’union des forces républicaines a toujours permis à notre pays de surmonter les crises les plus graves. De Gaulle l’a fait en 1944 en intégrant les communistes au gouvernement. Et avant lui Poincaré en appelant Clemenceau venant de l’extrême gauche pour sauver la France en 1917.
Aujourd’hui il y a urgence. Il faut réagir : par le retrait de toutes les candidates ou candidats arrivés en troisième position afin de ne pas favoriser un candidat RN ou soutenu par lui ; et pour les électeurs, en allant voter pour des candidates et candidats qui s’opposent au RN au second tour.
Nous savons qu’il est difficile pour un électeur/électrice de gauche de voter pour un candidat/candidate LR et que cela ne pourra être fait que dans la réciprocité.
Nous savons que le rejet d’Emmanuel Macron rend difficile aussi pour les gauches comme pour la droite qui refuse l’alliance avec le RN de voter pour la majorité présidentielle.
Nous savons que pour des électeurs du centre et de droite il sera tout autant difficile de voter pour le Nouveau Front populaire et parfois impossible pour des candidats LFI ayant soutenu les positions de leur parti depuis le 7 octobre 2023.
Les combats passés, les déceptions, les conflits, les polémiques, les visions du monde parfois contraires rendent ces choix difficiles… Portant, c’est par ce vote et par le retrait des candidats arrivés en troisième position que pourra se faire un barrage contre l’extrême droite et ses alliés.
L’extrême droite reste l’extrême droite, même édulcorée par ses dirigeants actuels. Elle n’a pas changé sur les fondamentaux de son projet : la méfiance à l’égard de nos institutions, la mise en cause de l’indépendance de la justice, la promotion de discriminations légales qui sèmeront la division au sein même du pays et notamment pour notre jeunesse, la remise en cause du pacte social construit depuis 1945, la xénophobie et le racisme, la compromission de ses dirigeants avec les autorités russes, l’hostilité à l’Europe au moment où celle-ci est en danger vital et constitue notre seul rempart collectif.
Le front républicain n’est pas un vain mot.
Nous en appelons à tous ceux qui seront en mesure de l’appliquer au lendemain du premier tour, à toutes les forces démocratiques, qu’elles appartiennent au Nouveau Front populaire, à la majorité sortante ou à la droite républicain.
Le 8 juillet, faisons en sorte de dire à l’Europe et au-delà : les forces de la concorde ont prévalu en France, la démocratie et la République l’ont emporté.
Appel signé par : Club XXIe siècle ; Confrontations Europe ; Fédération Léo-Lagrange ; Fondation Jean-Jaurès ; Les Gracques ; Terra Nova