Pourquoi l'Europe compte toujours, selon une analyse américaine

Marie-France BAUD

Coordinatrice du bureau de Bruxelles, Confrontations Europe

Dans le cadre de la semaine Invest Week qui s’est tenue pour la première fois en novembre 2016 à Bruxelles, la chambre de commerce américaine Am Cham EU a organisé une conférence autour du rapport de John Quinlan, John Hopkins University , sur les raisons pour lesquelles l’Europe demeure une destination de choix pour Corporate America. En dépit des effets d’annonce du candidat républicain élu, Donald Trump selon lesquelles le continent européen n’offre guère d’intérêt face aux anticipations croissance aux USA (+3,5 %) et aux  mesures fiscales promises.

L’Europe a continué à attirer plus de la moitié des investissements directs étrangers (FDI) américains Sa part avoisinait  60 %  du total des FDI américains ces dix dernières années, en légère augmentation sur la décade précédente. Les filiales américaines les plus profitables se situent en Europe et leur succès est très important pour l’l’économie américaine. Le lancement du marché intérieur en 1992 aura été un formidable accélérateur pour elles : entre 1990 et 2000, leur chiffre d’affaires a doublé de 33  à 66 mds de dollars et  entre 2001 et 2015, leurs bénéfices ont bondi de 54  à 231 mds de dollars, en léger repli.
 
La tendance est à la stagnation, va t elle s’inverser ? Les entreprises américaines vont- elles rester en Europe ? Les élections ont créé un choc outre-Atlantique et l’Europe suscite des interrogations    sur sa cohésion et sur sa ténacité stratégique. Pour Joseph Quinlan, la réponse est oui. Si les Etats- Unis et la Chine dominent l’économie mondiale, l’Union européenne est l’une des plus  grandes zones économiques, rappelle-t-il. Ainsi, en 2015, selon le, Fonds monétaire international, l’UE (plus la Norvège, la Suisse et  l’Islande) a représenté 23, 7 % de la production mondiale. C’est légèrement en -dessous des Etats-Unis (24,5 %) mais bien au-dessus de la Chine (15,6%) et de l’Inde (3%).
Joseph Quinlan estime que ce qui était une configuration lâche de six marchés est devenu un mastodonte de 28 Etats membres, dont la somme des intérêts est supérieure à toute autre entité économique au monde et qui continue d’attirer les entreprises américaines. Y compris en tenant compte des flux d’investissement dans les centres financiers offshore  des Caraïbes, l’Europe reste leur destination favorite. Ceci va à l’encontre des commentaires sur le fait que Corporate America préfère investir dans les BRICs.
Car la croissance ralentit en Chine qui affronte de nombreux défis dans son modèle économique, le Brésil et la Russie sont en récession.  Investir dans ces pays  est très difficile compte tenu de la faiblesse des infrastructures, de la pénurie de main d’œuvre formée, de la corruption et de nombreuses autres entraves (contrôle des changes, avantages  fiscaux aux entreprises locales, etc.). Il  s’agit pourtant de marchés intérieurs unis,  avec une devise unique, qui rattraperont vite le degré de prospérité de l’Europe.

Et pourtant, le rapport analyse qu’après une période de stagnation, l’économie européenne repart, elle devrait afficher pour 2016 une croissance comprise entre 1,5 à 2%, le taux de chômage devrait diminuer. Au bout du compte, pour les entreprises américaines, il est plus important d’avoir accès à des consommateurs aisés et à une main d’œuvre qualifiée et l’Europe reste une source importante de leurs bénéfices. Sur une base comparative, les filiales étrangères d’entreprises américaines ont engrangé en 2015 plus de bénéfices (231 mds de dollars) qu’en Amérique latine (70 mds de dollars) et en Asie (63 Mds de dollars).  Reste l’épine du partenariat transatlantique de  commerce et d’investissement, TTIP.

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