Dominique Bouillot
Administrateur de la Fédération Nationale des Travaux Publics en charge des affaires européennes
La Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) est honorée d’accueillir la tenue de cette conférence. La FNTP a établi un partenariat avec Confrontations Europe depuis près d’une dizaine d’années. Je profite de cette occasion pour témoigner du soutien de notre fédération à vos travaux. Notre participation est motivée par deux raisons principales :
- La méthode unique de travail de Confrontations, lieu de rencontre des acteurs publics et privés, des organisations syndicales et professionnelles, des élus et des citoyens à tous niveaux (local, régional, national et bien sûr européen) ;
- La priorité donnée à la contribution au débat public par des propositions concrètes dans les domaines économique et social notamment.
M. Dominique Bouillot
Administrateur de la FNTP
Ce dernier point est d’ailleurs tout le sens de la conférence de ce matin sur le capitalisme européen. Cet exercice est bienvenu au moment où démarre une nouvelle législature européenne avec un Parlement européen et un Collèges des Commissaires renouvelés. La présidente de la nouvelle Commission, Ursula von der Leyen, a d’ores et déjà fixé un cap salutaire : la nécessité de faire face aux changements climatiques, technologiques et démographiques, qui transforment nos sociétés et nos modes de vie. Cette ambition se déclinera dans des domaines majeurs pour les citoyens et les entreprises :
- la transition écologique et énergétique, qui pourra se traduire par un rehaussement de l’ambition des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des moyens pour y parvenir ;
- des aspects liés à l’innovation (l’Intelligence artificielle, par exemple) et à la souveraineté de l’UE qui contribueront à renforcer la place de l’Europe sur ces sujets cruciaux ;
- une politique industrielle ambitieuse qui reposera sur une stratégie européenne claire ;
- le renforcement de la coopération en matière économique et financière, au moment où l’UE est sur le point de se retrouver amputée du Royaume-Uni.
Parce qu’elles participent à la compétitivité de l’UE, les 8.000 entreprises des travaux publics qui composent notre fédération sont particulièrement attentives à ces débats européens. En construisant et en entretenant les infrastructures en France, en Europe et à l’international, elles participent directement à la cohésion territoriale et à la transition écologique et énergétique de l’UE. Nos entreprises souhaitent, à ce titre, une action forte de l’Europe.
Il s’agit d’abord d’offrir un cadre favorable à l’investissement de long-terme dans nos pays. Les besoins sont immenses tant pour la construction de nouvelles infrastructures que pour l’entretien et la régénération des réseaux. Pour achever les Réseau Trans-européen de Transport, la Commission estime les besoins en investissement à 350 milliards d’euros d’ici à 2027.
Le défi est aussi d’améliorer les modalités d’appréciation des investissements publics en Europe et, notamment, l’application du Pacte de Stabilité et de Croissance. Certes, la réduction du déficit et de la dette est nécessaire. Mais, il s’agit aussi de dépenser mieux en privilégiant les investissements productifs. Une possibilité serait de déconsolider budgétairement les investissements répondant à des objectifs européens : projets d’infrastructures à dimension européenne (Axe Lyon-Turin, Canal Seine-Nord, etc.), transition énergétique, plan très haut-débit européen, etc.
Il s’agit, en outre, de répondre à l’enjeu de la transition écologique et énergétique. Nos entreprises s’inscriront dans la feuille de route de la Commission pour la lutte contre le changement climatique – le Green Deal – qui sera proposé la semaine prochaine. La transition écologique est un défi majeur du XXIème siècle et l’investissement dans les infrastructures contribue fondamentalement à le mettre en œuvre. Nos entreprises sont pleinement impliquées pour construire et entretenir les infrastructures à faible émission de carbone, à préserver les ressources et la biodiversité, particulièrement dans les secteurs de l’énergie, du transport ou de l’eau.
Enfin, les aspects liés à la formation et l’apprentissage, la recherche et l’innovation sont des sujets importants pour notre profession. Nous accueillons avec une grande satisfaction la volonté de la Commission comme du Parlement européen de renforcer les moyens financiers dans ces domaines pour la programmation 2021-2027. Les programmes Erasmus+ et Horizon Europe sont des instruments importants et leurs dotations budgétaires sont à la hauteur des enjeux.
Les défis sont très nombreux. La qualité du programme de cette conférence permettra de tracer les pistes pour y faire face.