Edouard-François de LENCQUESAING
Trésorier de Confrontations Europe, Président de l’EIFR (European Institute of Financial Regulation)
To be or not to be : les êtres, les territoires, les nations, les civilisations à un moment ou un autre ont à s’interroger sur leur existence. Le Royaume Uni n’avait pas répondu à cette question. Aujourd’hui, dans un contexte peu clair, il a choisi : not to be. Pour Confrontations Europe l’option est claire : to be ! Pourquoi ?
L’illusion du David & Goliath refait surface. Peut-on croire durablement qu’avec 4 % du PIB mondial on soit capable de dégager une force suffisante pour maîtriser croissance et politique à l’échelle du monde ?
Dans un monde en profonde mutation, l’Europe, comme par le passé, peut apporter de la valeur et, attachée aux spécificités communes et historiques qui ont conduit à une économie sociale de marché, elle cherchera à les maintenir et à s’adapter aux mutations que connaît le monde. Pour cela, il faut une masse critique. Notre perte de souveraineté dans les domaines de la sécurité des frontières, de la défense, des finances (50 % du financement des marchés européens est le fait de banques américaines), des politiques industrielles… n’est pas une question de taille relative, mais de fragmentation. L’enjeu, pour chacun des États membres, est vital, à brève échéance.
Comment y parvenir ? D’abord fédérer nos citoyens autour de projets tangibles. Mais aussi les rassembler sur ce que le passé nous a donné de commun et unique et qui a une valeur pour demain, justifiant de faire face de manière volontariste à la complexité des défis. La société civile doit devenir cette dynamique qui donnera du courage aux politiques concentrés sur leurs territoires.
C’est bien la mission de Confrontations Europe : pédagogie et contributions concrètes autour de l’entreprise durable, de la transition énergétique, du numérique, de l’investissement humain et des mutations industrielles, du financement avec une vision prospective responsable et courageuse.
Ce projet est-il en contradiction avec l’intérêt des nations ? Certainement pas. L’Union européenne est à l’image des poupées russes : la plus petite n’existe en réalité que parce qu’elle est à l’intérieur des autres ! Nos territoires, dans leur diversité, offrent une dynamique d’ensemble car ils partagent un marché intérieur cohérent, source de puissance interne et externe et tremplin idéal, même pour les PME. Les États membres doivent discerner leur chemin commun en éliminant les fausses divergences : une priorité doit être donnée au dialogue Allemagne, Italie, France, dans un projet susceptible d’agréger l’ensemble des Européens.
C’est dans cet esprit qu’il faudrait refonder la gouvernance de l’Europe et de l’eurozone, qu’il faudrait s’assurer d’une Commission plus stratège, d’un Parlement au plus près des citoyens, d’un budget en cohérence avec l’ambition des États membres responsables. Utopies ? Non, bon sens, courage et pragmatisme et ce doit être à l’œuvre dès aujourd’hui !