Auteur : Lorène Weber
Chargée de Mission Finance et Jeunes
Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe
Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.
Si les dernières élections européennes ont montré une hausse encourageante du taux de participation, en particulier chez les jeunes, par rapport aux élections précédentes, il n’empêche que plus de la moitié des jeunes entre 18 et 25 ans ne sont pas allés aux urnes. Pour engager des jeunes dans le débat européen, le think tank Confrontations Europe a mené, tout au long de l’année 2019, le projet Solidarity, qui s’est conclu le 18 décembre dernier par une conférence finale. Lorène Weber nous parle aujourd’hui de ce projet et de l’importance de valoriser la parole des jeunes.
Euradio : Pouvez-nous nous expliquer brièvement en quoi a consisté le projet Solidarity ?
Le projet Solidarity, a rassemblé des jeunes aux profils diversifiés (des apprentis, des étudiants, des jeunes professionnels, des lycéens, etc.), mais qui n’avaient pas eu l’occasion d’être sensibilisés aux questions européennes ou de partir en Erasmus par exemple. Ces jeunes étaient issus de sept pays européens (la Belgique, la France, la Grèce, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Serbie), et nous les avons réunis dans six capitales européennes, au sein d’ateliers participatifs et interculturels. Ils ont eu l’occasion de débattre et d’émettre des recommandations sur plusieurs thématiques européennes (l’insertion sur le marché du travail, l’asile et la migration, ou la mobilité par exemple), de les présenter devant des acteurs politiques et de la société civile. Ils ont également eu l’occasion de visiter des lieux historiques et culturels dans les différentes villes, dans la mesure où nous considérions qu’une prise de conscience de l’histoire et de la culture partagées entre Européens était une dimension indissociable de ce projet participatif.
La conférence finale du 18 décembre est venue conclure ce cycle de séminaires, et les jeunes du groupe Solidarity ont pu échanger avec des jeunes d’Ile-de-France, que ce soit des lycéens ou des jeunes engagés dans des associations, et présenter leur travail devant des représentants politiques et de la société civile. Mais le projet ne s’arrête pas là : il s’agit maintenant de valoriser la parole de ces jeunes et de la diffuser. Confrontations Europe va donc publier un manifeste, reprenant les recommandations et propositions que les jeunes ont exprimé tout au long des séminaires.
Euradio : Justement, que retenez-vous de ces échanges entre les jeunes, qui seront je suppose au cœur du manifeste ?
Je dirais que la chose qui m’a le plus marquée, c’est de voir que des jeunes, pas forcément sensibilisés aux questions européennes, pas forcément habitués à aller dans d’autres pays, ont été capables de confronter leurs points de vue, d’échanger, de voir leur vision évoluer même, en débattant avec des jeunes venus d’ailleurs et ayant eu des expériences et des points de vue différents. Et en-dehors des ateliers en eux-mêmes, sur les temps culturels et sur le temps libre, ces jeunes se mélangeaient, nouaient des liens d’amitié, discutaient, apprenaient les uns des autres… Il y a un sentiment d’appartenance européenne qui s’est créé, via un « mini Erasmus » finalement, pour des jeunes qui n’avaient pas eu l’occasion d’en faire.
Sur le fond des sujets, parmi les recommandations et les observations des jeunes qui m’ont le plus marquée, sans en dire trop avant la publication du manifeste, je dirais qu’il y a d’abord l’envie d’une éducation à l’Europe et du développement de programmes de mobilité, type Erasmus+, en-dehors des circuits universitaires. C’est quelque chose qui est souvent revenu, cette demande de cours d’éducation civique européenne, de comprendre le fonctionnement de l’UE, de bénéficier de programmes de mobilité courte… Pour ce qui est de l’insertion sur le marché du travail, il y avait une demande très forte, tous pays confondus, de reconnecter le système éducatif avec les réalités du marché du travail, via des formations notamment. Il y a aussi eu une dénonciation des stages peu ou pas rémunérés et de discriminations à l’entrée sur le marché du travail. En ce qui concerne les questions d’asile et de migration, j’ai constaté une réelle solidarité, et c’est peut-être le sujet sur lequel les recommandations ont été les plus nombreuses, notamment celle de mettre en place des centres éducatifs et de formation pour les demandeurs d’asile, des lieux de rencontre entre migrants et locaux pour faciliter l’intégration et la compréhension mutuelle, et aussi un regard très critique sur le manque de solidarité entre Etats membres, et une demande d’action au niveau européen.
Voilà, de manière non exhaustive, ce qui m’a le plus interpellée, mais l’ensemble des recommandations seront disponibles dans le manifeste. Pour conclure, je dirais que ce genre de projet montre bien que l’intérêt des jeunes pour les questions européennes et qu’un sentiment d’appartenance est possible : encore faut-il que les opportunités pour les jeunes de s’exprimer et de développer un tel sentiment soient là.
Réécoutez cet édito sur le site d’Euradio : https://euradio.fr/2020/01/09/solidarity-ledito-de-confrontations-europe/