Katarina Cirodde et Louise Decourcelle
Chargées de mission, Confrontations Europe
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Le projet « Hear my voice » est né d’un constat bien connu mais alarmant : 4,6 millions de jeunes sont au chômage en Europe. En France, 24 % des moins de 25 ans cherchent un emploi.
Confrontations Europe et ses partenaires ont choisi d’aller à la rencontre de jeunes de Sarcelles et de Bondy afin de décrypter avec eux les actions européennes en faveur de la jeunesse et de comprendre leurs attentes dans le domaine de l’insertion professionnelle. Le 16 décembre dernier à Paris, lors du débat organisé par Confrontations Europe entre des jeunes et des représentants d’entreprises, de syndicats et d’institutions publiques, des propositions concrètes par les jeunes ont été émises que Confrontations Europe a choisi de relayer ici.
◗ Élargir la Garantie jeunes
Alexis et Élodie, tous deux inscrits à un moment donné à la mission locale de Bondy, ont bénéficié de la Garantie jeunes(1), un dispositif, mis en place dès octobre 2013 sous forme expérimentale, puis étendu à des dizaines de départements. Elle leur a permis, grâce à un accompagnement personnalisé de cinq semaines, d’élaborer leur projet professionnel dans une dynamique de groupe. « La Garantie jeunes vise à lever des freins à l’insertion professionnelle des jeunes qui se retrouvent sans formation ni emploi », a expliqué Sophia Agoumi, membre du cabinet de la ministre du Travail Myriam El Khomri.
L’initiative européenne de « la garantie jeunesse a été créée par consensus sous l’impulsion de l’UE », a rappelé Gaëtane Ricard-Nihoul, chef de la Représentation en France de la Commission européenne. Ce programme n’a que deux ans et sa mise en oeuvre – gérée par les seuls États membres – demeure encore imparfaite.
« Cela peut expliquer certaines frustrations de la part des jeunes », ajoute-t-elle. En effet, les jeunes sont demandeurs d’une plus grande sensibilisation des entreprises sur les territoires à ce dispositif, afin qu’elles puissent davantage appuyer les missions locales dans leur mission d’insertion professionnelle, à travers des présentations de leurs métiers ou des simulations d’entretiens.
Le directeur de la mission locale de Bondy, Samir Hariche, a cependant souligné les atouts de ce dispositif qui apporte aux jeunes une aide financière mensuelle de 452 €, leur offre un accompagnement personnalisé et leur permet d’affiner leur projet professionnel.
◗ La mobilité comme facteur d’insertion professionnelle
Le témoignage de Laura, partie en Service volontaire européen (SVE) en Italie pendant 6 mois, a révélé là encore le manque d’information autour des offres : ce dispositif attrayant reste très peu connu, que ce soit par les jeunes ou leurs encadrants, alors qu’il permet à toute personne âgée de 17 à 30 ans, sans qualification particulière, d’effectuer une mobilité de deux à douze mois dans un autre ays et de réaliser des missions d’intérêt
général en étant accompagné, nourri, logé, assuré et indemnisé. Une opportunité qui s’ouvre pour des jeunes sans emploi ni formation, qui renforcent ainsi leurs soft skills (capacité d’adaptation, travail en équipe, créativité…), des qualités humaines recherchées par les employeurs.Le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Harlem Désir, a reconnu l’importance de tels programmes puisque le gouvernement travaille à la mise en place d’un service civique européen combinant engagement citoyen et européen, ainsi qu’à un « Erasmus des apprentis » avec l’OFAJ, l’Agence Erasmus+ France et onze grandes entreprises françaises et allemandes, afin d’organiser des échanges d’apprentis avec leurs filiales.
◗ Rapprocher l’école et l’entreprise
Océane, étudiante à l’IUT de Cergy-Pontoise, a regretté de ne pas avoir été suffisamment familiarisée au monde de l’entreprise, au collège comme au lycée, et aurait aimé que des rencontres soient organisées avec des chefs d’entreprise, des artisans, des ingénieurs, des acteurs de l’économie solidaire… L’école républicaine se contente encore trop de former avant tout des citoyens alors qu’il lui faudrait aussi préparer les élèves à la réalité du marché du travail. Au-delà de l’organisation de la semaine École-entreprise, Antoine Foucher, directeur général adjoint du Medef, a estimé que « la clé, c’est l’apprentissage ». L’accueil d’un apprenti en
entreprise devrait être facilité au plan administratif et les entreprises être davantage associées à la définition des cursus et des programmes.
◗ Favoriser la création d’entreprise
Cindy et Guy, deux Sarcellois créateurs d’entreprise, ont appelé à un meilleur suivi technique par des fondations d’entreprises et des structures, comme les missions locales, et souhaiteraient avoir plus facilement accès à des financements, malgré leur jeune âge. « Ces financements et accompagnements de projets pour des entrepreneurs existent déjà », a rappelé Frédéric Lavenir, directeur général de CNP Assurances et vice-président de l’ADIE(2). Cependant des obstacles spécifiques persistent, particulièrement pour les jeunes créateurs de moins de 18 ans. D’où l’importance de nouer un dialogue régulier et interactif entre les jeunes issus de quartiers défavorisés, les acteurs économiques et sociaux et les institutions européennes.
C’est ce type de pont que Confrontations Europe s’efforce de construire.
- Ce dispositif est une application de la « Garantie jeunesse », initiative que l’Union européenne a décidé de promouvoir.
- L’Adie est une association reconnue d’utilité publique qui aide des personnes exclues du marché du travail et du système bancaire à créer leur entreprise et donc leur propre emploi grâce au microcrédit.