Anne MACEY
Déléguée générale de Confrontations Europe
Le Salon de l’Agriculture a été l’occasion de célébrer nos terroirs, mais aussi pour le Président de la République de revenir sur la politique agricole commune. Peut-on encore rêver d’une Europe qui protège…nos paysans, nos assiettes, notre planète ?
Alors que le budget européen est en pleine renégociation, y compris le budget de la politique agricole commune, nombreux sont ceux qui voudraient la renationaliser. Mais si cette politique est imparfaite, elle a toujours cherché à protéger les agriculteurs, avec des quotas, des aides directes. Pour que les paysans puissent vivre de leur travail et reçoivent une juste part de la valeur qu’ils produisent, par rapport à ceux qui la transforment ou la distribuent, des mesures étaient nécessaires au niveau national : relèvement du seuil de revente à perte, recours en cas de prix excessivement bas… Mais face aux prix des matières premières qui augmentent et risquent de les piéger, seule l’Europe pourra les protéger.
Ainsi, est-il normal que nous soyons dépendants à 70% de soja OGM américain pour la nourriture du bétail européen ? Est-il normal que le prix de nos volailles et de nos œufs dépende du prix de ces matières premières : soja OGM américain, engrais phosphatés russes, dont le prix ne manquera pas d’augmenter avec la demande chinoise en hausse ?
Emmanuel Macron semble avoir commencé lors de ce salon sa campagne des européennes qui se dérouleront le 26 mai prochain. L’un des axes de son programme devrait être la construction d’une souveraineté alimentaire, environnementale, industrielle européenne…
Oui, nous sommes la première puissance agricole mondiale, l’avenir de l’agriculture européenne ne peut pas être dans la course au moins-disant, aux prix toujours plus bas, où on rogne sur la qualité. A ce jeu-là, nous serions toujours perdants. L’avenir est dans notre capacité à préserver notre civilisation de l’art de vivre, de la gastronomie… L’objectif est de permettre à chacun d’avoir dans son assiette une nourriture de qualité. Il est aussi pour préserver notre planète, de changer nos modes de production et de consommation. Sans une Europe unie, nous ne serons pas en mesure de permettre aux Européens de faire valoir leur choix dans le monde qui vient. Voilà un combat qui mérite d’être mené.