Laure Coudret-Laut, Directrice de l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation
Dans un monde incertain où la paix et les libertés sont menacées, où les Français font preuve d’un certain euroscepticisme1, il est urgent de réenchanter la jeunesse, de répondre à son attente d’ouverture sur l’Europe et au-delà, et de lui garantir un droit à la mobilité apprenante.
Tel est le besoin exprimé dans les 35 propositions du Forum citoyen Erasmus+ présentées le 20 janvier 2022 lors de la célébration des 35 ans du programme Erasmus+, en démarrage de l’année européenne de la jeunesse. Elles concernent notamment la mise en place d’espaces Erasmus+ dédiés dans les établissements d’éducation ou de formation, la création d’un réseau d’ambassadeurs Erasmus+, de tous profils et de toutes générations, et la garantie d’une mobilité européenne reconnue dans tout parcours de formation. Ces propositions figurent également dans la tribune publiée par le Cercle Erasmus+ lors de la Fête de l’Europe, le 9 mai 2022.
La construction d’une citoyenneté européenne reste un enjeu quotidien à défendre pour nous tous, comme le fait « Confrontations Europe » depuis 30 ans. Pour y parvenir, il faut faciliter l’accès à Erasmus+ car c’est à travers des expériences de mobilité, de partenariat que le programme permet de faire naître ou de consolider un sentiment d’appartenance à une Europe unie et démocratique, tout en faisant prendre conscience de la diversité des États qui la composent.
Depuis 1987, le programme Erasmus+ a bénéficié à 12 millions de personnes et formé des générations de citoyens européens. Synonyme d’échanges, de découvertes, de rencontres, Erasmus+ est devenu un marqueur civilisationnel, connu de 87 % des Français qui le citent spontanément en première réalisation concrète de l’Union européenne (sondage CSA, janvier 2022).
En 35 ans, le programme a évolué : centré initialement sur l’enseignement supérieur, Erasmus+ a intégré à partir de 2014 l’ensemble des programmes européens pour l’enseignement scolaire, l’enseignement et la formation professionnels, l’éducation des adultes, la jeunesse et le sport. Aujourd’hui, élèves, apprentis, étudiants, demandeurs d’emploi, enseignants, adultes en formation… des publics toujours plus larges bénéficient des opportunités d’Erasmus+ pour se former et faire l’expérience de la vie professionnelle en Europe, mais aussi dans le monde. Grâce à ces mobilités, ils acquièrent des compétences informelles précieuses, que seules les rencontres interculturelles peuvent apporter.
Au fil des études menées depuis six ans par l’Observatoire Erasmus+, nous avons pu mesurer l’impact de ces mobilités sur les apprenants de tous secteurs. Plus d’un an après leur retour de mobilité, 84 % estiment que cette expérience a permis d’améliorer leur autonomie et leur capacité d’adaptation. 9 apprenants sur 10 déclarent mieux appréhender les valeurs et cultures différentes et être davantage capables de coopérer avec des personnes d’horizons et de cultures différents. Et près de 75 % des apprenants déclarent se sentir plus européens.
Apportant ainsi des effets positifs concrets pour la jeunesse et les citoyens européens en général, dans la dynamique d’une Europe sociale, Erasmus+ a vu son budget renforcé pour la période 2021-2027. Il bénéficiera ainsi à 10 millions de citoyens supplémentaires d’ici 2027, et contribuera aux 4 priorités du programme qui sont : l’inclusion et la diversité, la transformation numérique, la transition écologique ainsi que la défense des valeurs de la démocratie.
Illustrer ce que fait l’Europe sur le terrain, souligner l’accessibilité pour tous et construire une communauté d’appartenance européenne, c’est l’objectif de la fête européenne des « #ErasmusDays » depuis six ans. Nous vous donnons rendez-vous les 13, 14 et 15 octobre pour l’édition 2022, dont la thématique est : « Unis avec la jeunesse autour des valeurs européennes : depuis 35 ans et pour bien plus encore ».
1 En 2021, le taux d’attachement des Français à l’UE se situe à 56 % et seulement 61 % disent se sentir citoyens européens. 50 % d’entre eux expriment de la défiance à l’encontre de l’UE (source : enquêtes Eurobaromètre).