Auteur : Marie-France van der Valk et Jean-Denis Curt
Marie-France van der Valk directeur des Affaires Européennes au sein de la direction des Affaires Publiques du groupe Renault et Jean-Denis Curt, responsable du Pôle recyclage et économie circulaire au sein de la direction Stratégie et Plan environnement du groupe Renault
Réduire l’impact environnemental du transport est un des enjeux majeurs de ces dernières décennies et la prochaine Commission européenne a déjà annoncé en la personne de sa nouvelle présidente Ursula von der Leyen ses ambitions d’un « green deal » qui place le transport au cœur des actions à venir.
L’objectif de neutralité climatique en 2050 rend impératif que tous les acteurs économiques, publics et les consommateurs s’impliquent. Le défi est de taille. Le développement de l’électro-mobilité offre une solution inégalée pour réduire les émissions de CO2 et de polluants provenant du transport routier, mais également de grandes opportunités pour une transition rapide vers un mix énergétique décarboné et pour la mise en œuvre du principe d’économie circulaire aux batteries lithium-ion visant à privilégier leur réemploi avant leur recyclage.
Conçues pour garantir un haut niveau de performance, de fiabilité et de durabilité dans des conditions d’utilisation particulièrement contraignantes (fortes variations de puissance instantanée, températures extrêmes…), les batteries Li-Ion des véhicules électriques sont à même de fournir des services à l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique, même après des années d’utilisation sur un véhicule.
C’est le cas dans leur « première vie » dans la voiture, avec une charge intelligente essentielle pour permettre le pilotage de la demande d’électricité sur les réseaux et éviter qu’un déploiement important de véhicules électriques n’amplifie les pics de consommation ou encore avec une charge bidirectionnelle V2G (Vehicle to Grid) et V2H (Vehicle to Home) (ou réversible) permettant l’utilisation des véhicules électriques comme autant de capacités de stockage décentralisées pour fournir des services aux réseaux électriques (effacement de pics, régulation de fréquence, réserve…).
Mais les batteries ont aussi une seconde vie hors de la voiture. Lorsque leur capacité de stockage n’est plus suffisante pour garantir à l’utilisateur du véhicule une autonomie conforme à ses attentes, les batteries peuvent être utilisées dans des applications moins exigeantes telles que le stockage stationnaire d’électricité (où plusieurs batteries peuvent être connectées en parallèle de façon à assurer la capacité de stockage souhaitée) apportant ainsi une contribution significative à l’intégration d’une part croissante d’énergies renouvelables dans le mix électrique et à la réduction des émissions de CO2 liées à l’électricité.
La seconde vie des batteries de véhicules électriques
Il a été démontré que les batteries ont la capacité à pallier les intermittences de la production d’électricité photovoltaïque ou éolienne. Les systèmes de stockage de batteries peuvent par ailleurs remplacer les « générateurs de pointe » thermiques actuellement utilisés, fortement émetteurs de CO2, voire éviter aux services publics d’investir dans de telles unités de génération de pointe. Le stockage sur batterie peut être utilisé pour éviter de surcharger les sous-stations existantes et le réseau d’énergie basse tension, ainsi que pour différer ou éviter le coût de mise à niveau des réseaux de distribution électrique. Enfin, les bâtiments commerciaux, industriels et résidentiels, peuvent utiliser le stockage sur batterie pour optimiser l’autoconsommation de leur production d’énergie solaire locale, mais aussi pour réduire de façon significative leur facture énergétique.
L’utilisation des batteries de véhicules électriques dans le cadre d’une seconde vie présente d’importants avantages environnementaux, comme le prouvent des études réalisées dans des ateliers multidisciplinaires comprenant des ONG, des agences environnementales et des entreprises à travers la méthodologie ACV (Analyse du cycle de vie) pour évaluer ces avantages environnementaux. Les premiers résultats sont prometteurs. Et c’est déjà une réalité à Madère sur l’île de Porto Santo, où le stockage stationnaire assuré grâce à des batteries de voiture électrique de seconde vie permet déjà de réduire la dépendance aux énergies fossiles, tout en favorisant le recours aux énergies renouvelables.
Renault collabore et apporte son expérience à la Commission européenne – et plus globalement aux pouvoirs publics – dans le cadre des « Innovation Deals » lancés par l’UE, visant à donner aux innovateurs un cadre législatif clair en levant notamment les barrières au développement à grande échelle du marché et de l’offre de batteries de cette seconde vie, telles que l’absence de disposition réglementaire permettant d’assurer à ces batteries un statut de produits plutôt que de déchets.
L’optimisation du cycle de vie des batteries est un enjeu stratégique et un levier de progrès pour Renault, qui, en tant que leader du marché européen des BEV, a pour ambition stratégique de mener la transition du secteur automobile vers une mobilité décarbonée et une économie circulaire, et de fournir aux consommateurs des produits et services responsables et de qualité au meilleur prix. Le véhicule électrique doit s’inscrire dans un écosystème vertueux et la réglementation doit continuer à accompagner cette dynamique.