Par Stefan Seidenforf
Stefan Seidendorf, directeur adjoint de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg et administrateur associé de Confrontations Europe, revient sur les ambitions européennes du nouveau gouvernement allemand, suite à l’élection d’Olaf Scholz en tant que nouveau Chancelier, le 8 décembre 2021.
Avant d’élire le nouveau chancelier, la coalition issue des élections allemandes du 26 septembre dernier a présenté le 24 novembre son « accord de coalition ». Bien plus qu’une feuille de route, ce document de presque 180 pages se présente comme un programme très détaillé de la politique des quatre années à venir. Si la tendance très « allemande » de vouloir prévoir et décider toutes les éventualités dans leurs moindres détails avant même qu’elles n’arrivent peut prêter à sourire, il existe un enjeu plus fort encore derrière ce document. La nouvelle coalition réunit trois partis – les sociaux-démocrates du SPD, les Verts (Die Grünen) et les libéraux du FDP – qui n’ont jamais gouverné ensemble. Pire, les Verts et le FDP, qu’on pourrait pourtant tous deux considérer comme des partis libéraux, se sont longtemps opposés comme des « frères ennemis », incarnant un (néo-)libéralisme de droite débridé (pour le FDP) et un libéralisme « libéral-libertaire » du tout-permis pour les Verts (imaginez le Président Giscard d’Estaing qui serait amené à gouverner avec Daniel Cohn-Bendit comme Premier ministre…). Si ces deux positions extrêmes sont sans doute caricaturales et ne représentent plus la réalité de ces deux partis à ce jour, l’idée de les voir gouverner ensemble faisait longtemps sourire plus d’un observateur. L’accord de coalition traduit ainsi au fond un manque de confiance entre les partenaires de la majorité. En réponse, ils ont cherché à élaborer dès le départ un programme détaillé, transformant leur contrainte en vertu…