Gabrielle HEYVAERT
Chargée de mission, Energie, Confrontations Europe
Gabrielle HEYVAERT, Chargée de mission Energie, était invitée vendredi 19 avril sur Euradio pour aborder la question de la gestion de l’énergie, et s’attacher au cas particulier du Luxembourg.
Pour parler de la gestion de l’énergie d’un pays, on peut tout d’abord s’intéresser à son mix énergétique. Dans le cas du Luxembourg, c’est un peu particulier, si on compare avec la moyenne européenne :
Le pétrole représente actuellement deux tiers du mix énergétique luxembourgeois, quand le mix européen se situe à environ 1/3 pour cette énergie. Le Luxembourg est dépendant des importations en matière d’énergie pour assurer son approvisionnement. C’est aussi dû au fait qu’il n’y a pas de centrales nucléaires ou de centrales à charbon sur territoire.
Les énergies renouvelables (ENR) représentent environ 6,4%, ce qui est assez faible. A ce propos, le Luxembourg est même en retard par rapport à ses engagements européens pour 2020. Il est prévu que la part des ENR représente 11% du mix en 2020 ; on en est encore loin. Il y a donc une marge importante de développement pour le Luxembourg en la matière. La gestion de l’énergie par un Etat membre est toujours guidée par les engagements pris au niveau européen. C’est donc intéressant d’avoir le contexte: Pour succéder à la stratégie européenne des « 3 x 20 » qui prendra fin en 2020, le Conseil européen a déterminé les nouveaux objectifs à l’horizon 2030 : réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’au moins 40% (par rapport à 1990), porter à 32% la part de ENR dans la consommation d’énergie finale et améliorer l’efficacité énergétique d’au moins 30%.
Ces objectifs peuvent être revus à la hausse. Dans cette perspective, la Commission européenne a publié en 2016 le « paquet Énergie propre », qui est un ensemble de propositions législatives relatives à l’énergie. Ces propositions ont été discutées, amendées et votées puis validées par le Conseil de l’UE (qui représente les États membres) et le Parlement européen (qui représente les citoyens européens).
Les textes doivent ensuite être mis en œuvre par chaque État membre: ils peuvent être «transposés » dans le droit national, c’est-à-dire que le pays conserve une liberté dans la mise en œuvre des moyens pour atteindre les objectifs (du moins dans le cas d’une« directive »). Dans le cas d’un règlement, il est directement intégré dans le droit national. Pour revenir au Luxembourg : le paquet énergie climat a déjà eu des effets concrets pour les citoyens. On peut prendre l’exemple -il en existe d’autres- d’une des directives sur la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir d’ENR, comme des panneaux photovoltaïques.
Cette directive fixe notamment un objectif de la politique européenne qui est celui du développement de l’autoconsommation d’ENR. Ce qui explique pourquoi, en 2018, le Luxembourg a pris de nouvelles mesures favorisant le développement de l’autoconsommation. Les concepts de l’autoconsommation individuelle et
collective, ainsi que les communautés énergétiques citoyennes ont été définis pour la première fois.
Il est désormais plus intéressant financièrement pour les citoyens de consommer leur propre électricité, produite avec leur installation photovoltaïque. Jusqu’à présent, les propriétaires de panneaux revendaient généralement toute l’électricité produite au gestionnaire de réseau pour des raisons de coûts attractifs.
C’est aussi dans le cadre d’un règlement du Paquet Energie propre que le Luxembourg a élaboré son plan national en matière d’énergie et de climat pour la période 2021-2030. En effet, chaque État membre doit se doter d’objectifs nationaux avec des mesures qu’il prévoit de mettre en œuvre pour les atteindre.
On voit donc à quel point les élections européennes sont cruciales, quand on sait que le Parlement européen participe au processus législatif, en modifiant et amendant par exemple des textes, qui se transposeront dans le droit national. C’est pourquoi, pour être en mesure de fixer des objectifs en matière de protection du climat encore plus ambitieux pour l’après 2030, les eurodéputés qui seront élus doivent avoir à l’esprit l’urgence climatique auquel nous faisons face ensemble aujourd’hui.