Par Philippe Chalmin
Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine, revient pour Confrontations Europe, sur la crise énergétique mondiale de l’année écoulée.
2021 a été marquée par une crise énergétique violente, en particulier en Europe et en Asie, qui tranche avec les chocs – et contrechocs – du passé. Pour la première fois en effet le pétrole n’en est pas à l’origine et son marché est d’ailleurs resté presque « calme », loin des sommets atteints encore au début de la décennie précédente. Non, pour la première fois de l’histoire des marchés de l’énergie, c’est le gaz naturel qui été l’élément déclencheur et ce tant en Asie qu’en Europe. En Asie, les prix du gaz naturel liquéfié ont retrouvé pendant l’été 2021 les niveaux qu’ils avaient atteint pendant quelques jours en janvier au cœur d’un hiver particulièrement rigoureux. Entre les niveaux les plus déprimés de mai 2020 (au plus bas certes) et ceux atteints en octobre 2021, les prix du GNL sur le marché spot ont été multipliés par plus de vingt! Et ils se situaient encore en fin d’année à plus de cinq fois les couts de production de l’Australie et encore plus du Qatar. Au même moment l’Europe connaissait une flambée presque équivalente ce qui précipitait à la hausse les prix de l’électricité.