ESPOIR EN ACTION : JEUNES,EUROPÉENS ET ENGAGÉS

Par Christelle Savall, Présidente des Jeunes Européens fédéralistes (JEF Europe)

Comment s’assurer de la qualité de nos démocraties ? La participation des jeunes à l’espace civique en est un élément crucial, car celle-ci est plus difficile, du fait de la fragilité accrue des jeunes populations, résultant de leur situation souvent plus instable en termes financier, de logement, de travail, d’études, etc.

Comment vous sentez-vous quand vous pensez au futur ? Incertains ? Frustrés ? Impuissants
? En colère ? Effrayés ? C’est ce que pensent la plupart des Européens de tout âge selon une enquête Eurobaromètre de 2021.

La guerre sur le continent, la crise climatique, la diminution de l’espace civique, l’expansion des idéologies populistes et l’augmentation des inégalités économiques, sociales, géographiques… sont quelques-uns des défis auxquels l’Europe est confrontée et qui amplifient la division et la peur au détriment de l’unité et de la solidarité européennes. Défis qui requièrent l’engagement de toutes et tous.

Espoir jeune et espoir des jeunes

Une émotion positive se dégage cependant de toutes ces émotions négatives des citoyens européens : l’espoir. Bien que souffrant d’anxiété climatique, comme d’anxiété démocratique, les jeunes, souvent décrits comme l’espoir de nos sociétés, ne sont pas eux-mêmes étrangers à cette émotion. Dans une étude récente en Allemagne (1) réalisée sur une cohorte de jeunes de 12 à 25 ans, 56 % d’entre eux sont plus optimistes quant à l’avenir de la société, soit plus qu’à n’importe quel moment depuis 2002.

Cet espoir ne signifie pas simplement attendre des choses qu’elles s’améliorent, mais agir pour les améliorer. L’espoir actif est au cœur de la citoyenneté et les jeunes à travers l’Europe y prennent leur part, en étant force de proposition et de mobilisation.

Une vision claire des jeunes : réformes et institutions

Notre consultation pan-européenne des jeunes de l’UE de 15 à 35 ans en 2023 a recueilli plus de 5 000 propositions et 1,5 million de votes dont les résultats sont statistiquement significatifs (2). Tout au long de notre campagne EurHope pour les élections européennes, construite autour de cet espoir actif, nous avons constaté un fort engagement des jeunes qui veulent avoir leur mot à dire sur l’avenir de l’Europe.

Leurs trois principales préoccupations qui ressortent sont les institutions, l’économie et l’environnement. Les jeunes sont plus tournés vers l’avenir qu’on ne le pense généralement,
et comprennent qu’un changement significatif ne peut se produire que par une mise à jour des structures de l’UE.

Cette campagne a démontré, non seulement que les jeunes s’intéressent à la politique et à l’UE, mais aussi qu’ils ont des propositions claires et concrètes pour façonner son avenir. Parmi celles-ci, il y a des appels clairs à la réforme de l’UE, comme le renforcement de sa voix dans la diplomatie et son action pour des systèmes de santé inclusifs et harmonisés.

Une participation continue des jeunes…

L’idée fausse selon laquelle les jeunes ne s’intéressent pas à la politique perdure alors que l’intérêt politique des jeunes ne se dément pas : avec, par exemple, 55 % des jeunes allemands intéressés, au plus haut depuis les années 1990 (3). Cet intérêt se reflète peut-être moins dans une adhésion traditionnelle aux partis ou aux idéologies, mais les jeunes se rassemblent autour de questions et de candidats qui abordent les questions qui les intéressent et parlent un langage qui reflète leur réalité.

L’engagement des jeunes peut revêtir des formes différentes, politiques ou non, via une organisation (de jeunesse ou non), un conseil ou syndicat de jeunes, un parti politique ou un engagement intermittent en ligne et en personne. Il n’a jamais été aussi facile de s’engager avec l’e-activisme, tout comme il n’a jamais été aussi facile de s’engager ensemble à travers les frontières.

Plus de la moitié des jeunes Européens (58 %) (4) a ainsi participé aux activités d’au moins une organisation de jeunesse au cours de l’année précédant l’Eurobaromètre de 2022, avec des divergences nationales : de 48 % à Malte à 69 % en Belgique et en Irlande.

Les jeunes peuvent être force de mobilisation y compris par le vote. Les dernières élections nationales en Europe vont dans ce sens. Par exemple, les jeunes électeurs en Pologne et au Portugal ont eu un impact réel sur le résultat de leurs élections nationales. Les manifestations en Géorgie pour la démocratie et l’adhésion à l’Union européenne montrent cet engagement continue tout comme « Friday for Future » l’avait fait à travers le continent avant la pandémie.

…mais insuffisamment représentée

La représentation des citoyens est beaucoup moins le fait des jeunes, car ceux-ci sont sous-représentés parmi les élus du fait de leur sous-représentation parmi les candidats, en particulier ceux éligibles. Celle-ci peut contribuer à délégitimer les institutions pour les plus jeunes générations.

Alors que les jeunes représentent 25 % de la population européenne, ils ne détiennent que 10 % des sièges au Parlement européen (5). Il y a ainsi un écart de plus de dix ans entre l’âge médian des députés européens (50 ans) et celui des citoyens (39 ans), selon les calculs du Forum européen de la jeunesse.

L’espace civique des jeunes : une responsabilité partagée

Les initiatives comme le vote à 16 ans et l’éducation civique sont clés. Pourtant, il ne s’agit pas seulement d’inciter les jeunes à voter, mais aussi de les faire entrer dans les institutions pour qu’ils puissent y être représentés directement.

Les jeunes sont déjà impliqués dans la vie de la société. À nous tous de soutenir leur engagement dans toute sa diversité, en le reconnaissant et en le récompensant, symboliquement comme professionnellement. Il est aussi fondamental de le soutenir financièrement, que ce soit via Erasmus + (alors que des coupes sont actuellement à l’étude), ou via des initiatives locales et nationales.

Protéger et faire prospérer l’espace civique des jeunes, que nous le soyons encore nous-même ou non, c’est s’engager pour la démocratie dans son ensemble.

(1) Shell Youth Study (2024).
(2) Consultation réalisée en partenariat avec Make.org, eurhope.org.
(3) Shell Youth Study (2024).
(4) Eurobaromètre spécial sur la jeunesse et la démocratie (2022).
(5) European Elections 2024: Young People never had a chance (Forum européen de la jeunesse, 31/07/024).

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