Olivier Marty, enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l’Université de Paris, revient sur les dénouements de l’élection présidentielle italienne, après un premier article de décryptage publié pour Confrontations Europe le 19 janvier dernier. Propos recueillis par Thomas Dorget, Délégué général de Confrontations Europe.
Thomas Dorget : Comment analysez-vous le résultat du scrutin présidentiel qui s’est tenu du 24 au 29 janvier derniers ?
Olivier Marty : Sergio Mattarella, le président en exercice, a finalement été réélu triomphalement, samedi 29 janvier, au 8e tour de scrutin avec 759 voix sur 1.009, c’est-à-dire le deuxième score le plus élevé depuis l’élection d’Alessandro Pertini, l’ancien résistant et président socialiste très respecté qui avait rassemblé 832 voix sur son nom en juillet 1978. L’ancien Professeur de droit parlementaire, député et ministre, puis juge à la Cour constitutionnelle, premier président italien d’origine sicilienne, sera ainsi, à l’encontre de sa volonté initiale, le deuxième président à effectuer un deuxième mandat, après Giorgio Napolitano, son prédécesseur de 2006 à 2015. Le scrutin débouche ainsi, malgré le fracas qu’il a provoqué, sur le maintien du tandem Mattarella-Draghi, illustrant parfaitement le dicton italien : « tanto rumore per nulla ! », que l’on peut traduire par « tant de bruit pour rien ! ». Le soulagement domine : tant celui de la classe politique italienne, qui parvient à surmonter sa profonde fragmentation, que celui des milieux économiques italiens, des partenaires européens de l’Italie et des marchés financiers…