Des jeunes abstentionnistes mais non dépolitisés

À l’aune des élections européennes 2024, l’association des Jeunes Européens – France a réalisé en avril dernier, un sondage sur la participation des jeunes à ce moment démocratique majeur, en collaboration avec l’IFOP, l’Anacej (Association Nationale des Conseils d’enfants et de Jeunes) et Animafac. L’enquête a sondé 1500 personnes, entre 18 et 25 ans, et s’est précisément intéressée à leurs tendances électorales, au regard qu’elles portent sur les élections européennes et sur les enjeux politiques qui y sont liés. 

Une potentielle abstention importante chez les jeunes 

Le sondage présente, dans un premier temps, l’intention de vote des jeunes. Elle est assez faible : seuls 30% des sondés pensent aller voter le 9 juin, conduisant à un potentiel taux d’abstention de 70%. Si ce dernier est élevé, il reste inférieur au taux réel d’abstention des jeunes lors des élections de 2019, qui était de 77%. 

Pourquoi les jeunes décident-ils de s’abstenir ? Au-delà du prétexte du départ en week-end, le sentiment de vanité autour des élections, qu’elles « ne changeront rien à la société à situation », regroupe plus d’un tier des réponses (34%). Puis le manque de connaissance des candidats et têtes de liste explique l’abstention de 14% des répondants. Enfin, 11% utilisent l’abstention comme un moyen de manifester leur mécontentement politique. 

L’abstention des jeunes trouve donc majoritairement son origine dans le sentiment de ne pas être écouté et considéré, et dans une perception que leur vote n’est pas le moyen le plus efficace et utile pour exprimer leurs opinions politiques. Pourtant, l’abstention des jeunes ne signifie pas leur dépolitisation. Au cours des deux années précédant le sondage, 43% disent s’être engagés en tant que bénévole dans une association et 32% avoir participé à une manifestation. 

Les jeunes ne sont alors pas pleinement fatalistes face aux défis politiques mais s’activent pour affirmer leur point de vue sur la société d’une autre manière que le vote. En raison des crises environnementale, sanitaire et géopolitique successives, 32% des jeunes sont aujourd’hui anxieux et 21% révoltés à l’égard de ces enjeux. L’association estime, en ce sens, qu’une des solutions à l’abstention des jeunes aux élections européennes, doit être trouvée dans la confrontation des candidats à leurs préoccupations, ainsi que dans leur sensibilisation à des politiques publiques européennes qui les ciblent comme le programme Erasmus +. 

La nécessité d’aller au-delà de la nationalisation des élections, par une meilleure information

Par ailleurs, l’étude montre que 75% des jeunes auraient plus envie d’aller voter s’ils étaient mieux informés par les enjeux du scrutin. Selon les Jeunes Européens, il convient d’inciter les médias à mettre en avant la dimension européenne des différents domaines politiques des élections, et d’éviter leur nationalisation. En effet, les résultats du sondage font observer que 62% des jeunes vont aller voter pour des raisons nationales et sanctionner le pouvoir français en place. 

Le temps accordé aux questions européennes semble décroitre et informer davantage les jeunes sur le mode de fonctionnement de l’UE devient ainsi une nécessité, précisément dans le cadre scolaire et académique : 57% des jeunes trouvent que l’école et le système scolaire les informent mal, au contraire des médias, qui sont, pour 51% des sondés, un bon moyen d’information. Si la télévision reste le canal d’information principal pour 47% des jeunes, 29% utilisent Tik Tok et 27% Instagram en priorité. Preuve d’un monde l’information en mutation, la socialisation politique des jeunes passe désormais en grande partie par les réseaux sociaux, ce qui constitue une fracture avec le reste des Français. 

Les jeunes se tournent principalement vers le Rassemblement National

Malgré la nationalisation des élections européennes, les jeunes sont conscients du travail européen. Les deux domaines d’action dans lesquels l’UE agit principalement sont la transition écologique selon 74% des répondants et le maintien de la paix pour 72%. Cependant, les thèmes importants qui détermineront leur vote sont le pouvoir d’achat pour 57% des répondants, puis la santé pour 52% et l’emploi pour 45%. Pour les jeunes, ces sujets semblent révéler davantage d’une compétence nationale. Ils sont, en effet, 56% à penser que l’échelle nationale est plus adaptée à la politique économique, industrielle et à l’emploi, prouvant la tendance à la nationalisation du scrutin européen.

C’est pourquoi, de nombreux jeunes semblent se tourner massivement vers un parti précis qui prend en compte les thèmes plutôt nationaux qui leur sont chers. En établissant un rapport de force de politique parmi les jeunes votant, le sondage dégage une tendance très claire : les jeunes vont, pour le plus grand nombre, voter en faveur du Rassemblement National. 32% des sondés sont, en effet, en faveur du parti de Jordan Bardella, ce qui représente une augmentation de 13 points par rapport à 2019. 

À l’inverse, plusieurs partis connaissent une chute importante, ne parvenant pas à obtenir plus de 10% des voix des jeunes. C’est notamment le cas de la liste des Ecologistes qui rassemblerait 9% des suffrages des jeunes, de la liste du Parti socialiste et de Place Publique avec 8% et de la liste Renaissance. Cette dernière, après avoir obtenu 17% des votes des jeunes en 2019, ne serait créditée aujourd’hui que de 6%. Seul le parti LFI se maintiendrait au-dessus du seuil des 10% de voix (17%)

Si le sondage des Jeunes Européens dégage des observations sociales intéressantes sur la façon dont les jeunes s’informent et se politisent, les tendances électorales et politiques attendront le 9 juin pour être vérifiées. 

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