Anne MACEY
Déléguée générale de Confrontations Europe
Nous sommes le 29 mars 2019, cela aurait dû être la date du Brexit, c’est-à-dire de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, mais les députés britanniques ne se sont toujours pas mis d’accord sur les modalités du retrait. Ils votaient d’ailleurs aujourd’hui…
Oui, alors que les Européens avaient accepté de leur accorder un délai, ils ont rejeté pour la 3e fois l’accord de retrait pourtant négocié pendant deux ans entre la Première ministre britannique et l’Union européenne… Jamais deux sans trois ! Ils l’avaient déjà rejeté en janvier et mi-mars. Mais là, la Première ministre avait mis son départ prochain dans la balance, espérant arracher leur accord, et obtenir ainsi un Brexit ordonné reporté au 22 mai. Mais il lui a encore manqué 58 voix, contre 230 voix en janvier et 149 mi-mars.
Mais comment ont-ils pu voter une 3e fois sur le même accord de divorce ?
Pour répondre au speaker, qui avait dit qu’il n’était pas possible de faire voter une troisième fois sur le même texte, les parlementaires se prononçaient cette fois uniquement sur l’accord de retrait de l’Union… et non plus aussi sur la déclaration politique qui esquisse des relations futures entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, et notamment un partenariat étroit, qui n’était à ce stade pas contraignant.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Un vote positif aurait permis d’écarter tout risque de no-deal, une sortie sans accord le 12 avril. Cela leur aurait permis d’obtenir des Européens une sortie ordonnée, avec un délai jusqu’au 22 mai, c’est-à-dire avant les élections européennes ; les Européens n’ayant pas voulu accorder un délai plus long pour ne pas perturber la légalité des élections européennes prévues elles le 26 mai.
Mais puisque le vote a été négatif, la perspective d’un hard Brexit le 12 avril n’est pas écartée. Est-il encore possible de l‘éviter ou pas ?
Pour espérer l’éviter, les Britanniques doivent obtenir des Européens un délai plus long que le 22 mai, peut-être jusqu’à fin juin, date de fin de la mandature européenne actuelle, qui n’imposerait pas nécessairement qu’ils votent aux élections européennes. S’il fallait un délai encore plus long que le 30 juin, alors ils devront accepter d’organiser des élections européennes le 26 mai. Mais pour obtenir un délai supplémentaire, encore faut-il que les Européens l’acceptent à l’unanimité.
Alors, y aura-t-il un nouveau conseil européen juste avant le 12 avril pour débattre d’un nouveau délai pour le Brexit au-delà du 22 mai ?
Il faudrait que les Britanniques nous communiquent une solution claire pour espérer un report plus long que le 22 mai. Pas évident qu’ils y arrivent. Mercredi, les députés avaient déjà pris la main sur leur ordre du jour pour tenter de dégager des scénarios alternatifs à l’accord de retrait qu’ils refusent de voter. Mais tout ce qu’ils ont réussi à faire jusqu’à présent, c’est de voter 8 fois non. Il est vrai que 3 motions étaient plus proches d’un accord (avec 8 voix d’écart seulement), deux d’entre elles esquissant un Brexit plus doux en prévoyant de rester dans l’union douanière avec l’UE. Une dernière motion (avec 27 voix d’écart) prévoyait un referendum de confirmation pour tout accord de divorce. Les députés ont prévu de se retrouver lundi.
Publié sur Euradio le 29 mars : http://euradio.fr/podcast/brexit-cest-une-poupee-qui-dit-non-non-non-non/