Le numérique, entre résilience et relance

Benoit Tabaka

Directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques de Google France

La régulation du numérique portée par l’Union européenne permet, pour Benoit Tabaka de Google France, de répondre à deux objectifs essentiels : une plus forte innovation et un renforcement du marché numérique européen. 

La France, l’Europe et plus généralement, le monde entier ont été frappés par une crise sanitaire, économique et sociale sans précédent. Des millions de contaminations, des centaines de milliers de morts ont forcé les gouvernements à prendre des mesures radicales destinées à limiter la capacité de chacun de se déplacer ou de se rencontrer. Ces limitations, nécessaires, ont également donné lieu à des contraintes fortes sur le tissu économique. Les périodes de confinement ont forcé les entreprises, les entrepreneurs, les commerçants y compris les plus petits, les travailleurs à avoir recours aux outils numériques pour poursuivre leurs activités.

Ces derniers mois, nous avons tous constaté le rôle essentiel qu’a joué le numérique pour nous aider à maintenir un semblant de normalité, mise à rude épreuve par les mesures de confinement et de distanciation sociale nécessaires pour lutter contre l’épidémie du Covid-19. Les services numériques ont été, pour beaucoup, une bouée de sauvetage, une véritable planche de salut pour des secteurs économiques durement touchés. Le numérique et les outils fournis par des entreprises, grandes ou petites, est ce qui nous a permis de continuer à apprendre, travailler ou encore garder contact avec nos proches.

Certains chiffres sont éloquents. L’utilisation de la technologie par les internautes a bondi de 5 ans pendant le confinement, l’usage d’Internet a, quant à lui, augmenté de 60%. Côté Google, le nombre de recherches sur “shopping en ligne” ou “comment acheter en ligne” a été multiplié par quatre dans le monde. Face à ce phénomène, de nombreuses entreprises technologiques et PME tentent de rattraper leur retard. En France, seulement 30% des entreprises vendent en ligne. Pire, selon un rapport de McKinsey qui a interrogé plus de 2000 PME européennes, plus de la moitié des petites et moyennes entreprises risquent de faire faillite cette année si elles ne génèrent pas de revenus.

Pas d’acteurs majeurs du numérique en Europe

Notre conviction : la technologie sera essentielle pour la reprise économique. La recherche en ligne est utilisée par des millions de personnes : 68% des utilisateurs en Europe l’utilisent pour acquérir une nouvelle compétence et 48% pour chercher un nouvel emploi.  En France, plus de 4 millions d’entreprises sont aujourd’hui référencées dans Google – et leurs informations essentielles apparaissent dans un encart dédié lorsque vous recherchez leur nom ou tout simplement un fleuriste ou une pharmacie ouverte.

Depuis 2012, nos équipes se sont mobilisées pour accompagner plus de 500 000 commerçants, artisans, entrepreneurs et particuliers et ainsi les faire monter en compétence. Il faudra du temps pour se remettre de cette période, mais nous sommes convaincus que les outils et plateformes numériques joueront un rôle important pour aider les PME en Europe non seulement à se relever, mais à croître et à prospérer.

C’est dans ce contexte que l’Europe mais aussi la France ont engagé de nombreuses réflexions et mis sur la table des propositions tendant à revoir en profondeur la question de la régulation du numérique. Les objectifs sont relativement simples: stimuler l’innovation et renforcer le marché unique numérique. En effet, et la crise que nous traversons le montre, l’Europe n’a pas été en mesure de faire naître des acteurs majeurs du numérique à l’inverse des Etats-Unis, de l’Asie ou encore du Moyen-Orient.

Et c’est tout l’enjeu des prochaines discussions, notamment autour du Digital Services Act (DSA) et du Digital Markets Act (DMA). Les utilisateurs et les entreprises européens demandent plus de technologie, pas moins. Il est important que ces textes soient de réels catalyseurs – et non un frein – à la croissance économique en Europe. Ainsi, l’accès renforcé des startups au financement, la réduction des barrières entre les divers Etats européens, une meilleure capacité de formation et de montée en compétences des entrepreneurs sur les enjeux et usages du numérique sont autant d’éléments que les futures régulations doivent embrasser. Ensemble, il faut se mobiliser et se concentrer sur le besoin de création d’emplois et de relance économique par le numérique.

Derniers articles

Articles liés

Leave a reply

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici