TEMOIGNAGES
Philippe MAYSTADT, Ministre d’État, président honoraire de la banque européenne d’investissement
« Voilà l’autre Philippe, lui aussi conseiller spécial de Michel Barnier. » C’est ainsi que l’on m’a présenté Philippe Herzog et, très vite, ce dernier m’a parlé de Confrontations Europe. Je n’ai eu aucune peine à y adhérer car j’ai découvert qu’il s’agissait d’un groupe qui n’avait rien de sectaire mais qui était au contraire très ouvert et dont les participants, venus de divers horizons, avec des expériences professionnelles et des conceptions politiques différentes, partageaient une volonté commune, celle de trouver des réponses aux grands défis que l’Europe doit relever en ces temps difficiles. Une illustration parmi d’autres : un débat sur le financement à long terme de l’investissement – un thème sur lequel Confrontations a beaucoup travaillé. Philippe Herzog m’avait demandé de présider un panel dans lequel figuraient Michel Aglietta et Olivier Guersent, le brillant économiste et le solide technocrate, deux personnalités très différentes mais qui ne pratiquent, ni l’une ni l’autre, la langue de bois. Ce débat d’idées, la « confrontation » d’arguments, nous a permis d’enrichir nos propositions sur cette thématique et de faire avancer l’idée d’un plan d’investissements pour l’Europe.
Des (r)évolutions importantes, géopolitiques et technologiques, sont en cours, avec des conséquences parfois dramatiques sur l’économie, la sécurité et le « vivre ensemble » en Europe. Il est donc indispensable de redéfinir une vision de l’Europe dans ce monde changeant et de développer des politiques communes dans quelques domaines-clés (numérique, transition énergétique, fiscalité des sociétés, terrorisme, défense, flux migratoires). Confrontations Europe peut et doit y contribuer.
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Odile QUINTIN, Ancienne directrice générale de la DG Éducation, Jeunesse, Culture et Citoyenneté, Commission européenne
Ma coopération avec Confrontations est ancienne : elle a été informelle – j’ai beaucoup échangé avec Philippe Herzog – et formelle, puisque j’ai notamment contribué au financement de Confrontations à travers le programme Citoyenneté que je coordonnais à la Commission.
J’ai trouvé très intéressant d’associer chefs d’entreprise, syndicalistes, politiques. Je me souviens entre autres d’une rencontre en 2000 sur un thème très prégnant avec des acteurs aussi divers que Claude Cheysson et Jean Gandois : comment combiner compétitivité et modèle social européen vis-à-vis des pays-tiers ?
Aujourd’hui l’Europe reste à reconquérir. Les entreprises ne la soutiennent plus avec autant de force et sont de plus divisées entre grandes et petites entreprises.
Le monde syndical est déçu par l’Europe. Et enfin, le monde des intellectuels apparaît dans sa majorité antieuropéen, surtout en France.
Il faudrait réussir à associer penseurs, économistes, chercheurs, mondes de la culture, du privé et du public alors que bien des acteurs se déconnectent de l’Europe. Il faut bâtir des alliances avec d’autres structures pour redonner vie à l’Europe.
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Olivier GUERSENT, Directeur général, DG Stabilité financière, services financiers et Union des marchés de capitaux, Commission européenne
J’ai connu Confrontations Europe il y a plus de vingt ans alors que je préparais pour la Commission une Communication sur les services publics en Europe. J’ai consulté notamment Philippe Herzog sur cette question et d’emblée est née une forte complicité intellectuelle qui a crû avec les années.
Confrontations apportait une touche nouvelle dans le monde des think tanks, parfois ronronnant, en refusant le consensus mou, en confrontant de manière productive des idées différentes, en réunissant des patrons, des syndicalistes, des pro-Européens et d’autres voix plus critiques… Si je devais résumer la méthode de Confrontations, je dirais que c’est le concept pour l’action.
Je garde en mémoire un souvenir très fort. C’était en 2010. Michel Barnier, alors Commissaire, souhaitait relancer le marché intérieur. J’avais beaucoup échangé sur ce sujet avec Philippe Herzog et les équipes de Confrontations avaient beaucoup travaillé le sujet, jusqu’au moment où un très grave accident de moto me conduisit à l’hôpital pour de longs mois.
Ce document fondateur s’échafaude alors sans moi, jusqu’à ce que Michel Barnier, à l’été 2010, nous demande à Philippe (qui était son Conseiller Spécial) et à moi, de reprendre le texte. J’étais alors à l’hôpital en fauteuil roulant. Philippe Herzog venait me voir fréquemment. Et nous avons, tous deux, réécrit le projet… à la cafétéria de l’hôpital. À l’automne 2010, le Livre vert Vers un Acte pour le marché unique, fruit de ce travail commun, était adopté !
Aujourd’hui, alors que l’Europe est en crise, il est vital de continuer à faire ce que Confrontations fait le mieux : forger des concepts forts au service d’une action déterminée en vue d’une refondation.
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Catherine LALUMIERE, Présidente de la Maison de l’Europe de Paris
J’ai connu Philippe Herzog lorsque j’ai rejoint le Parlement européen en 1994. Je le connaissais en tant qu’économiste communiste mais je me suis alors aperçue que ses conceptions n’étaient pas éloignées des miennes. Nous nous sommes rapprochés.
La raison principale de mon intérêt pour Confrontations réside, en définitive, dans ce qu’exprime sa dénomination : être un lieu de confrontations, de débats… Les questions européennes sont complexes ; l’unanimité n’existe pratiquement jamais. Si l’on veut construire l’Europe, il faut qu’on confronte les points de vue, qu’on négocie des avancées et finalement qu’on aboutisse à des compromis.
Ce qui me plaît chez Confrontations, c’est qu’on ne se spécialise pas dans un domaine précis : on y parle d’économie, de questions monétaires mais aussi de culture et des valeurs qui structurent la société européenne.
Le projet européen est construit sur un socle de philosophie politique à base d’humanisme et de démocratie, sans oublier évidemment l’économie. Et je retrouve dans Confrontations ces deux domaines complémentaires. Aujourd’hui, l’une des raisons du désamour des citoyens européens pour l’Europe de Bruxelles, c’est qu’elle a sacrifié la dimension spirituelle et humaniste pour ne présenter le projet que sous l’angle matérialiste. On se retrouve face à une « Europe frigide », pour reprendre l’expression de l’historien, Elie Barnavi. Les artisans de l’Europe ont appauvri le projet européen, l’ont déshumanisé. Or, plus que jamais, la dimension humaniste et sociale de l’Europe doit être prise en compte, comme le fait Confrontations. Comme le rappelait Jacques Delors : « Personne ne tombe amoureux d’un taux de TVA ».
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Dominique RIQUET, Député européen Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe
J’ai connu Confrontations Europe lors de la campagne électorale européenne de 2014 puisque Carole Ulmer, directrice des études du think tank, était numéro 2 de ma liste. Pour moi, la méthode de Confrontations, qui choisit de confronter les points de vue dans un délai court, en temps réel, et de façon dynamique est bien plus riche qu’un travail documentaire et permet plus facilement d’atteindre un consensus.
Ainsi, par exemple, début 2015, Confrontations a, dès le lancement du plan Juncker, organisé à Bruxelles une réunion rassemblant des banquiers, des assureurs, des députés, des membres de la Commission mais aussi des clients potentiels. Et a ainsi pu d’emblée soulever des réflexions qui se sont révélées pertinentes et constructives par la suite.
L’orientation du think tank est intelligente, constructive et sans prérequis politique partisan mais pas assez, selon moi, en lien avec les citoyens. Confrontations Europe a un impact fort sur des cibles européennes spécifiques, et c’est une bonne chose. Mais il faudrait que Confrontations diffuse plus ses idées dans les médias généralistes, les réseaux sociaux, et devienne plus grand public.
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Arlene MCCARTHY, Consultante auprès de chefs d’entreprise sur les enjeux de climat, de propriété intellectuelle, députée européenne britannique de 1994 à 2004
J’ai connu Philippe Herzog au Parlement européen il y a plus de vingt ans et j’ai toujours apprécié ses qualités d’homme politique et de penseur. J’ai fréquemment participé à des conférences organisées par Confrontations Europe et garde un grand souvenir, notamment, d’une conférence sur la politique industrielle qui s’est tenue à Bruxelles en 1999.
Rassembler des acteurs de secteurs très divers afin de suivre une question, comme le fait Confrontations, est tout à fait essentiel alors que nous évoluons dans un environnement aux mutations rapides. Grâce à cette méthode dynamique, Confrontations a traité de thèmes aussi divers que le futur de l’Europe, les migrations, les finances ou encore l’identité. Or le problème est que les institutions européennes ne suscitent plus l’adhésion des citoyens. Si je prends l’exemple de l’enjeu climatique que je connais bien, nous devons en discuter avec les villes, les acteurs régionaux pour répondre à l’urgence climatique. La nouvelle initiative menée conjointement par l’UE et les Nations-Unies, intitulée Global Covenant of Mayors for Climate and Energy, représente la voie à suivre dans un monde plus complexe et plus fragile. Les problèmes sont bien trop globaux pour pouvoir être résolus individuellement par les États membres.
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Mathieu MOREAU, Ancien VIE (Volontaire international en entreprise) à Confrontations, aujourd’hui à la DG Growth à la Commission européenne
J’ai connu Confrontations Europe lorsque j’étais en Master 2 à l’IEP de Grenoble et que je cherchais à effectuer un stage sur l’influence des think tanks à Bruxelles. J’ai été pris en stage en mai 2011 puis engagé en tant que VIE jusqu’en novembre 2013.
Pour moi, la méthode de Confrontations est hyper pertinente et elle se distingue de celle d’autres think tanks organisant le plus souvent des conférences aux audiences assez convenues. À Confrontations, on parle de sujets qui fâchent, on ne craint pas de cliver. Cette méthode permet de trouver des outils clairs afin d’appréhender les problématiques en jeu.
Une réunion organisée par Confrontations, en mars 2012, m’a particulièrement marqué : le directeur scientifique du CEA était venu y exposer les résultats d’un rapport sur la compétitivité industrielle européenne et évoquait les technologies clés génériques, les KET (nanotechnologies, robotique, biotechnologies…). Cela a influencé le reste de ma carrière et, en mars 2014, c’est pour travailler sur ce sujet enthousiasmant que j’ai été embauché à la Commission européenne.
Il faudrait plus de think tanks spécialisés, ouverts, comme l’est Confrontations, sur un maximum d’acteurs possibles et notamment d’acteurs industriels.
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Lucas BUTHION, Directeur du bureau d’Eurospace, association professionnelle de l’industrie spatiale manufacturière (Bruxelles). En stage à Confrontations Europe en 2012
Alors que j’étais président des Jeunes Européens à Toulouse, j’ai eu envie d’effectuer un stage à Confrontations Europe entre ma 4e et ma 5e année de l’IEP de Toulouse. Lors de mon passage à Confrontations, j’ai travaillé sur les questions de politiques régionales. J’ai aussi participé à l’organisation des Entretiens économiques européens de Bologne. Et j’ai eu la chance de participer à un Tour des Balkans (Croatie, Bosnie, Serbie) sur les perspectives de l’élargissement.
J’ai été impressionné par la forte rigueur intellectuelle de Philippe Herzog, alors conseiller spécial de Michel Barnier, qui tirait toute l’équipe vers le haut. J’ai apprécié la capacité de Confrontations Europe à confronter collectivement des acteurs de tous horizons, du monde de l’entreprise comme de la société civile sur des problématiques cruciales pour l’avenir de l’UE à long terme, comme la politique industrielle.
Cette expérience a renforcé mon envie de travailler au sein de l’industrie, ce que je fais maintenant au bureau d’Eurospace. Je suis persuadé que dans un contexte de plus en plus mondialisé mais difficile, nous allons plus que jamais avoir besoin de laboratoires d’idées, comme Confrontations, capables d’insuffler des débats que la classe politique ne s’est pas encore appropriée et de relayer ces thématiques auprès de la société civile. Il faut absolument sortir de l’entre soi du milieu pro-européen car il n’est plus possible de construire l’Europe dans l’indifférence, voire l’hostilité.
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Hanna YAFIMAVA CHTIOUI, Analyste Senior Pétrole, Gaz et Mines au cabinet de conseil M PRIME Energy
En 2008, je recherchais un stage de fin d’études alors que j’étais en Master Affaires européennes à Paris 3 Sorbonne Nouvelle. J’ai présenté mon projet professionnel à Claude Fischer, présidente de Confrontations Europe, et c’est ainsi que j’ai pu effectuer un stage de 12 mois au sein de Confrontations, en travaillant sur l’élargissement de l’Union européenne et les relations avec les pays de l’Europe orientale. Très vite, je me suis intéressée aux problématiques de l’énergie car la question énergétique était le maillon central des relations avec la Russie, et ce d’autant que je suis d’origine biélorusse et parle couramment russe.
Après avoir effectué ce stage, j’ai continué dans cette voie puisque j’ai été embauchée en tant qu’analyste de marché gazier au sein de la Direction de la Stratégie et de la Prospective du groupe GDF Suez dans le cadre d’un contrat CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche). Ma thèse de doctorat portait sur la stratégie d’exportation de Gazprom et s’inscrivait dans le projet global de l’entreprise visant à développer les activités du groupe en Russie.
J’ai été frappée à Confrontations par la capacité du think tank à rassembler un grand nombre d’acteurs publics et privés pour discuter de sujets globaux. Pour moi, Confrontations devrait continuer à jouer ce rôle d’intermédiaire entre les institutions et la société civile alors que les institutions semblent si éloignées de la population, que les extrémismes prennent de l’ampleur et que le risque de désintégration de l’Union européenne existe.
Témoignages recueillis par Clotilde WARIN, rédactrice en chef, Confrontations Europe