Souveraineté économique de l’UE : quel avenir pour les chaines de valeur industrielles en Europe ?

0

Date / Heure
28/05/2021
9 h 00 min - 10 h 30 min


Confrontations Europe et le bureau de Paris de la Fondation Friedrich Ebert, organisent le vendredi 28 mai, un wébinaire de 9h à 10h30 sur l’état des chaines de valeurs industrielles en Europe dans le contexte pandémique, en faisant dialoguer un panel d’experts franco-allemands.

La pandémie de Covid-19 et les mesures de restrictions qu’elle a appelé ont fortement ralenti l’économie européenne. Ainsi, en 2020, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a subi une chute historique de 6.8%.  Dans l’urgence de la réponse des pouvoirs publics à la crise, le Covid-19 a également souligné les dépendances de l’économie européenne en matière de productions industrielles, dans le domaine des biens essentiels : médicament, matériel de santé, fournisseurs d’outils numériques… Cette dépendance européenne s’est organisée notamment avec son partenaire chinois. Cette crise démontre ainsi l’impérieuse nécessité de refonder la stratégie de l’UE en matière de politique industrielle, afin de l’aligner avec les objectifs européens d’autonomie stratégique, a minima sur les biens essentiels. Dans ce contexte, comment l’UE peut-elle équilibrer la diversification de ses chaines d’approvisionnement et la relocalisation de ses chaines de valeurs industrielles au sein du marché unique ? Comment construire un consensus franco-allemand sur cette question ?

L’enjeu de la relocalisation de l’emploi industriel a été posé dès les débuts de la pandémie, faisant consensus, a minima en France, dans la perspective de construire le « monde d’après ».  Si les européens n’ont pas découvert aujourd’hui le phénomène des délocalisations qui se sont opérées depuis les années 1980, y compris dans des secteurs traditionnellement considérés comme « stratégiques », la pandémie a souligné, dans un contexte de pénurie mondiale de certains équipements médicaux et médicaments, à quel point des pans entiers de leurs modes de vie (aujourd’hui leurs systèmes de santé) ont été affecté par ces dépendances. Toutefois, cette prise de conscience politique ne touche pas que l’UE : le Japon a déjà mis en place des incitations financières à destination des entreprises japonaises pour qu’elles rapatrient leurs activités situées en Chine dans l’archipel. Cette question devient donc politiquement incontournable et aura des implications profondes :

  • Où l’UE peut-elle relocaliser ses chaines de valeurs industrielles ? Ce nouveau momentum politique peut-être le moyen de repenser les déséquilibres macroéconomiques qui structurent l’intégration européenne, entre un cœur industriel allant de la Randstad à Milan et des périphéries au sud et à l’est de l’Union qui peinent à attirer des activités à forte valeur ajoutée ?
  • Quelles chaines de production rapatrier ? La Commission européenne ne peut à elle seule déterminer ce qui relève de l’autonomie stratégique et ce qui tombe dans la catégorie des biens intermédiaires. Symétriquement, quelles dépendances industrielles accepter dans les secteurs les plus éloignés des actifs stratégiques de l’UE ?
  • Quelles conséquences une stratégie de relocalisation des chaines de valeurs industrielles aurait sur le développement des pays du voisinage européen, en Afrique et à la frontière russe ?

Enfin, la révision de la stratégie industrielle de l’UE par la Commission européenne ouvre une voie étroite car les prismes nationaux prévalent lorsqu’il s’agit de relocalisations. Si le Premier ministre portugais a évoqué la nécessité pour l’Europe de réinventer son système de production, le Président français évoquait, dans son allocution télévisée du 13 avril 2020, la nécessité de « rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française ». Or, une telle approche multipliée par 27 est la garantie d’un échec industriel collectif en Europe, l’assurance de créations de nouvelles dépendances vis-à-vis d’Etats tiers et le risque réel d’une fracturation du marché intérieur. Ainsi, comment l’UE peut-elle équilibrer les enjeux relevant des souverainetés nationales et l’intégration de chaines de valeur relavant de la construction d’une autonomie stratégique européenne ?  Quelle place pour les filières industrielles d’avenir, comme l’hydrogène, dans cette réorganisation ? Quel consensus entre la France et l’Allemagne sur cet enjeu ?

Le panel sera composé des intervenants suivants :

  • Gabriele Bischoff, députée européenne S&D, membre de la commission de l’emploi et des affaires sociales ;
  • Wolfgang Lemb, membre de la direction en charges des affaires internationales,  syndicat IG Metall ;
  • Jacques Maire, Député des Hauts-de-Seine, LREM, Vice-Président de Confrontations Europe ;
  • Louis Schweitzer, ancien Président du groupe Renault ;

Les échanges seront modérés par Pervenche Berès, députée européenne de 1994 à 2019, administratrice de Confrontations Europe.

Evénement sur invitation uniquement.

Contact : pfouquet@confrontations.org