Hommage à Jean GANDOIS, un compagnon de route fidèle

Claude Fischer et Philippe Herzog

Présidente d’honneur et président fondateur de Confrontations Europe

Jean Gandois nous a accompagnés depuis la création de Confrontations en 1991. Il est mort cet été à l’âge de 90 ans, et c’est avec émotion et toute notre affection que nous nous souvenons de lui. Grand capitaine d’industrie, ayant dirigé la Sollac, Rhône Poulenc, Péchiney, il symbolisait l’entreprise qu’il définissait comme une communauté d’hommes et de femmes, un lieu de création et de valorisation, au cœur de la société. Il combattait tous ceux qui cherchaient à la ravaler au rang de « paquet d’actions » ou de marchandise comme les autres qui se vend et qui s’achète sur le marché. Patron des patrons, il était un homme de la négociation et de la parole donnée. Il souhaitait ouvrir la voie à une refondation sociale avec « l’entreprise citoyenne », un modèle original d’entreprise et le creuset d’une identité européenne d’entreprise. Son concept a germé avec la mise en œuvre de la « RSE » (responsabilité sociale et environnementale) qui pour autant n’est pas à la hauteur de l’ambition.

Cher Jean, nous voulons vous remercier encore. Nous partagions – malgré nos voies différentes – une culture commune où les conflits devraient trouver des issues positives… Avec vous, nous avons oeuvré à la réconciliation de l’entreprise et de la société, et animé le débat sur la participation des salariés à la gestion, un défi difficile tant nous étions encore imprégnés de notre culture de classe. Nous avons œuvré à la revalorisation du travail dans une société où, malgré l’engagement du Gouvernement Jospin de ne pas en faire une loi contraignante, le Parlement a voté les 35 heures. Cette décision qui vous a amené à quitter le CNPF que vous présidiez, a contribué à une dévalorisation du travail alors que vous plaidiez pour l’augmentation des salaires et un redressement de la productivité par la participation.

Européen engagé, Jean a participé à nos réflexions dans le Conseil de direction de Confrontations avec son apport intelligent, réactif, constructif. Parlant plusieurs langues européennes (il lisait aussi les poètes brésiliens dans le texte), délégué du gouvernement belge auprès de Cockerill-Sambre pendant douze ans, il voulait faire de l’Europe un espace compétitif pour l’industrie européenne, et au colloque de la Maison de la Chimie que nous avions organisé en 2000, il avance l’idée d’un marché intérieur « camp de base » pour les entreprises.

Pour votre participation active à nos rencontres et pour bien d’autres raisons nous avons toujours eu pour vous mon cher Jean une grande affection et une grande admiration. Vous avez accepté de gaîté de cœur de remettre la médaille du mérite à Claude en 2006 et encore en 2014, vous nous accompagniez lors de notre au revoir comme présidents de Confrontations Europe, ce « lieu unique » comme vous aimiez le définir vous-même, qui transcende les clivages partisans, socio professionnels, nationaux, avec l’ambition de construire une démocratie nouvelle, participative et ouverte au monde.

Alors que celui-ci est traversé par de nouvelles violences et que la transformation du capitalisme est à l’ordre du jour, puissions-nous nous souvenir d’hommes de conviction qui comme Jean Gandois ont consacré une partie de leur engagement à l’avenir européen.

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