Un guide pour aller plus loin

Marine POUZOULET

Chargée de mission à Confrontations Europe

Depuis 2015, Confrontations Europe a mené trois initiatives en faveur des jeunes : à Bondy et Sarcelles, à Lille et Roubaix et, début janvier, une nouvelle fois à Sarcelles mais cette fois-ci avec de jeunes Polonais et Allemands. L’occasion pour le think tank de dresser avec ses 23 partenaires un premier bilan qui prend la forme d’un guide méthodologique destiné à accompagner les consultations citoyennes sur l’Europe portées par Emmanuel Macron.

En vue de contribuer à l’effort de (ré)appropriation par les citoyens du débat public et de la prise de décision politique, notamment sur les questions européennes, dans un contexte de méfiance à l’égard des institutions, Confrontations Europe et ses partenaires ont mis en place une expérience concrète de coopération multiculturelle, « le Projet Jeunes », sur deux demi-journées, à Sarcelles, en Île-de-France.

Le même esprit a motivé l’organisation de « conventions démocratiques », rebaptisées depuis « consultations citoyennes » à l’échelle européenne. L’un des enjeux de telles « consultations citoyennes » est de parvenir à toucher l’ensemble de la société, y compris les jeunes, et notamment ceux qui disposent de moins d’opportunités en termes de parcours de formation et d’emploi.

C’est donc dans ce contexte, et afin d’assurer la continuité de ces initiatives dans le temps, que nous avons rédigé un guide méthodologique permettant de capitaliser sur cette expérience, en retraçant son déroulé, ses difficultés et ses enseignements et proposer des recommandations, en vue d’en permettre sa réplicabilité ailleurs en France et dans d’autres pays d’Europe.

Premier enseignement, le travail effectué à Sarcelles nous a convaincus que ce mode de consultation doit toujours aborder ces sujets parfois généraux, telle la refondation de l’Europe, au travers de thématiques très concrètes. À Sarcelles, nous avions identifié l’apprentissage, la formation professionnelle ou encore les programmes de mobilité. Faire le choix de thématiques proches des citoyens, liées à leur quotidien, nous a permis d’aller au-delà des différences culturelles et linguistiques et de construire quelque chose en commun.

Cette initiative nous a aussi rappelé l’importance d’une préparation structurée en amont des jeunes participants, afin que ceux-ci soient à même de se familiariser plus rapidement avec les différentes étapes des échanges et les enjeux de chaque atelier. En parallèle, l’expertise sur chaque sujet est apportée par les partenaires qui interviennent non seulement en tant qu’animateurs mais aussi comme « personnes-ressources » pour répondre aux interrogations des jeunes vis-à-vis des différents systèmes et programmes. Il est également utile de nourrir ces différents échanges grâce à l’utilisation de vidéos et documents multilingues représentatifs de l’environnement de chaque participant, afin d’approfondir l’expérience de découverte interculturelle.

Un autre élément clé consiste à faire en sorte que le nombre de participants de chaque groupe soit de même ampleur afin de ne pas prendre le risque d’une inégalité de temps de parole. Il est par ailleurs nécessaire de laisser un temps suffisant aux échanges, pour ne pas créer de frustration au sein des participants, cela d’autant plus que le multilinguisme allonge l’effort de compréhension. L’écueil à éviter serait de structurer de façon trop rigide les débats en amont, car le risque est alors de réduire la qualité et la spontanéité des échanges.

Enfin, le suivi du projet apparaît primordial afin de l’inscrire dans la durée et de lui conférer une réelle portée. La réflexion permettant de restituer les enseignements du projet ainsi que la construction en commun des pistes de mise en œuvre du projet constituent les phases les plus importantes du travail. Une consultation, fondée sur des thématiques concrètes, doit être à même de faire changer la donne, à moins de n’être qu’un simple coup d’épée dans l’eau…

RECOMMANDATIONS PORTÉES PAR LES PARTENAIRES DU PROJET

❱ Structurer au mieux la préparation en amont de l’événement (sensibiliser les jeunes aux thématiques qui seront débattues, aux participants avec lesquels ils devront interagir et déterminer des techniques d’animation adaptées au public visé).
❱ Ne pas proposer des temps d’échanges trop concentrés dans le temps, voire entremêler les séquences de travail d’activités « ludiques » (visites touristiques, sorties…).
❱ Faire en sorte que dans chaque atelier les différentes nationalités soient représentées à parts égales.

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