Pour une transition énergétique socialement responsable

Michel CRUCIANI & Morgane GORET-LE GUEN

Animateurs du Groupe Transition Energétique, Confrontations Europe

Un travail mené à un rythme soutenu. Les institutions européennes n’ont pas chômé pour définir le nouveau cadre réglementaire qui s’appliquera aux secteurs de l’énergie et des transports à partir de 2020. Des dispositions importantes demeurent en discussion, mais il ne fait plus de doute que le système électrique sera profondément modifié et que nos modes de déplacement vont évoluer.

S’agissant du Paquet Energie, en 2018, notre groupe « Transition énergétique » se penche sur deux aspects majeurs de la position défendue par Confrontations Europe(1).

La sécurité d’alimentation, en premier lieu, se trouvait au centre des échanges organisés le 20 février. Cette séance a permis de mieux saisir les préoccupations des gestionnaires de réseau, chargés partout en Europe d’équilibrer à chaque instant l’offre et la demande. Cette mission suppose de disposer de réserves de puissance activables en cas de besoin et d’une visibilité suffisante sur la production et sur la consommation. Or certains promoteurs des énergies renouvelables souhaitent abroger les « mécanismes de capacité », mis en œuvre dans la plupart des pays afin de garantir la pérennité de ces réserves de puissance. Ces promoteurs veulent aussi raccourcir les délais d’annonce des ajouts ou retraits de production. Le débat a montré que les avancées déjà consenties par les opérateurs de réseau dans ces deux registres ménageaient une large ouverture aux énergies renouvelables et que le risque de défaillances augmenterait si on allait plus loin.

Pallier l’intermittence du vent et du soleil

En second lieu, Confrontations Europe souhaite soutenir les initiatives prises pour assurer une transition énergétique qui soit socialement responsable. Les fermetures de centrales à charbon, au gaz, voire nucléaires, annoncées dans plusieurs Etats, vont toucher des dizaines de milliers de salariés et perturber l’économie de régions entières. Il convient donc d’applaudir la décision du Commissaire Miguel Arias Cañete, qui a lancé la « Plateforme pour les régions charbonnières en transition », et d’approfondir toutes les solutions procurant de nouvelles ­activités aux personnels concernés. Ce thème fera l’objet d’un séminaire à l’automne 2018.

S’agissant du Paquet Mobilité, Confrontations Europe étudiera son interaction avec le secteur de l’énergie et les interrogations qui en découlent. A titre d’exemple, l’accent mis sur les véhicules électriques impliquera des réseaux électriques conçus de manière à répondre de façon optimale aux besoins des automobilistes au moment de recharger leurs batteries et une tarification adéquate de ce service (le prix d’un plein dépendra du temps de charge). Certains constructeurs, comme Tesla, détiennent leurs propres bornes de recharge et s’interposeront donc entre le producteur et le client.

Autre cas, les exploitants de flottes électriques (services postaux, auto-partage…) utiliseront les batteries des voitures à l’arrêt pour réaliser des gains en laissant leur énergie à disposition des opérateurs électriques. Recherche de l’optimum économique, adaptation de la réglementation, émergence de nouveaux acteurs européens seront au cœur du séminaire prévu sur ce sujet au printemps.

Les innovations annoncées dans les secteurs de l’énergie et des transports possèdent deux points communs : elles passent par des outils numériques et supposent un développement du stockage de l’électricité par batterie. Confrontations Europe abordera ces deux domaines transverses. La digitalisation des activités nous amènera à examiner les attentes nouvelles en matière de cybersécurité : renforcer la protection des infrastructures, répartir au mieux les tâches entre les organismes nationaux et l’ENISA (Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l’information), doter l’UE d’une indépendance à l’égard des géants mondiaux du numérique… Face à la percée des batteries, nous tenterons de dégager les synergies entre les marchés liés au système électrique, pour pallier l’intermittence du vent et du soleil, et les marchés de la mobilité, notre espoir étant de créer des conditions propices à l’essor d’une industrie européenne de la batterie.

Après une année 2017 marquée par les réflexions sur les orientations politiques, posons en 2018 les jalons de la réussite économique et sociale de la transition énergétique.

1) Cf. Confrontations Europe La Revue n° 120, p. 26.

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